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BERNANOS PARLE DE L’EUROPE.
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"Je ne vois aucune possibilité d’un
rétablissement politique de l’Europe par des moyens politiques.
"Si la distinction subsiste entre pays
totalitaires et pays libres, l’avantage sera en faveur des États totalitaires.
Et si toute l’Europe devient totalitaire, le remède sera pire que le mal.
L’expérience semble malheureusement démontrer que les démocraties n’ont été
qu’une étape de l’évolution de la société capitaliste qui détruisit la société
chrétienne. La société moderne n’est pas viable. La ridicule disproportion
entre son énorme complexité économique et la faiblesse et l’inefficacité de sa
morale utilitaire éclate aujourd’hui aux yeux de tout le monde. Le monde actuel
possède infiniment trop de puissance pour ce qu’il a d’honneur."
In
Georges BERNANOS.
La révolte de l’esprit. Écrits de combats (1938-1945).
("Le goût des idées". Collection dirigée par Jean-Claude
ZYLBERSTEIN.) Présentation de Gilles BERNANOS.
Les Belles Lettres, Paris, 2017. (Page 15.)
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COMMENTAIRES.
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Ce
texte prophétique date de 1938. L’ombre de l’un des plus cruels dictateurs qui
fut jamais s’étend alors sur l’Europe centrale et s’apprête à enténébrer le
reste de notre continent.
BERNANOS
voit très clair, et les événements actuels lui donnent raison à quatre-vingts
ans de distance.
Les
démocraties ou régimes qui se prétendent tels n’ont été qu’une étape de l’évolution
de la société capitaliste vers la tyrannie. BERNANOS observe que cette société
ne pouvait se développer qu’en détruisant la société chrétienne. Les bons
bourgeois libertins, dézingués avec alacrité par Léon BLOY, se devaient de
détruire jusqu’à ses plus profonds fondements une société faite d’hommes et de
femmes qui respectaient le repos du dimanche, se signaient au moment de l’Angélus,
et se rendaient à la messe hebdomadaire, honoraient les jours maigres et
avaient des mœurs, comme le dit si bien notre très cher Gustave THIBON. Les bons bourgeois libertins ne s'intéressaient qu'à l'argent, au commerce, à l'industrie, au capital.
Nous
voyons aujourd’hui comment se développe une société de douce tyrannie, avec ses
lois ridicules, ses contrôles électroniques du contenu des réseaux sociaux, ces
vidéosurveillances, ces CRS, gendarmes, ces policiers qui obéissent à leurs
chefs, parce que c’est de cette obéissance aveugle qu’ils tirent leur pitance.
Nous voyons triompher l’abolition des différences : celle des sexes,
celles des peuples ; celle des générations ; nous voyons triompher l’iniquité
du mariage homosexuel qui implique (et ses promoteurs le savaient pertinemment)
le droit à avoir des enfants par tous les moyens ; nous voyons fleurir les
sites de rencontres extraconjugales, la pornographie qui enchaînent tant de
jeunes, le blasphème s’étaler en France à la une de la plus ignoble des publications qui
fut jamais. Il n’y a plus que des interdictions, des normes, des principes de
précaution ; le risque et l’imprévu qui faisaient le sel de la vie sont bannis
de la Constitution. Et chaque individu peut se résumer à son numéro de sécurité
sociale, en quoi il se rréduit pour une administration aveugle.
Nous
avons le pouvoir de refuser ce monde de la pseudo-transparence, de la tyrannie
du fisc, de la manipulation des médias, et du tout connecté.
Et
si nous voulons une véritable Europe, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit,
refusons catégoriquement le modèle que nous présentent les politiques actuels,
monsieur MACRON en tête. Nous ne voulons rien qui ressemble de près ou de loin à
une grande foire d’empoigne économique ; nous ne voulons pas d’un système
ou quelques grossiums agissant dans l’ombre prennent des décisions qui
affectent la vie quotidienne de millions d’Européens. Au diable la BCE, l’Eurogroupe
et les fonctionnaires de Bruxelles ! Tout cela a été admirablement analysé par
Yanis VAROUFAKIS. On le dit gauchiste ! C’est faux. Il était simplement un
humaniste qui ne se satisfaisait pas de voir les Grecs ses compatriotes
fouiller dans les poubelles pour se nourrir (il s’agit là de ma part d’une
image, qui traduit l’état d’extrême pauvreté dans lequel la BCE, le FMI et l’UE
ont réduit la Grèce).
Je
ne donnerai jamais ma voix à une Europe qui veut se construire par des moyens
politiques et/ou économiques. Cela ne se peut. Mais elle peut naître vraiment
par des moyens spirituels. C’est à quoi nous devons nous employer. Et ne doutez
pas que les attaques multipliées contre l’Église catholique qui hélas a laissé
pourrir en son sein des situations inacceptables n’ont qu’un seul but :
empêcher la renaissance d’une Europe, mère d’une incomparable civilisation
chrétienne.
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