Léon BLOY a écrit un ouvrage ébouriffant de drôlerie, mais cruel pour les imbéciles et les aveugles de la modernité : "Exégèse des lieux communs". Il est un passage qui me fait penser à l'actuel statut des EHPAD et des services de gériatrie. Il glose sur "L'hôpital n'est pas fait pour les chiens", titre qu'il donne à l'exégèse de ce lieu commun très commun.
"Le chien pour qui l'hôpital est fait, c'est le carnivore, devenu vieux ou infirme, dont la compagnie a cessé de plaire, incapable désormais d'aucune sorte de fureur, qui n'a plus la force d'aboyer, que le troupeau à son tour, est obligé de garder et que menace la dent des loups.
A quel autre, je le demande, seraient ouverts ces admirables asiles où on crève, avec tant de consolation dans les bras de l'Assistance publique ? Le vrai, le seul, l'authentique chien, c'est celui - quel que soit le nombre de ses pattes ou la force de son coup de gueule - qui ne peut plus être profitable. C'est pour celui-là, exclusivement, que fonctionne l'Administration aux mamelles crochues qui s'allaite elle-même du sang des agonisants. Le juste Bourgeois l'a voulu ainsi.
N'est-il pas le Maître ? N'est-il pas le Dieu des vivants et le Dieu des morts ? Depuis que le code Napoléon l'a promu au remplacement de Jéhovah, nul ne le juge et il fait exactement ce qui lui plaît. Or, il lui plaît d'être, comme cela, le Bon Dieu des chiens."
En lisant ces lignes terribles, je ne puis m'empêcher de penser aux vieillards atteints de la Covid, et très âgés, que l'on a achevé à coup de Rivotril, ou à ces vieillards morts de solitude dans des EHPAD plus clos qu'un bunker nazi et coupés de tous contacts avec leurs enfants ou leurs proches. Et je ne puis pas davantage m'empêcher de penser que l'Administration, en effet, en tant que structure d'Etat, s'est allaité du sang des agonisants. Ne pas parler du scandale de certains EPHAD... Chut ! Tenus par des élites rompues aux opérations financières, ils ont laissé des vieillards croupir dans leur urine pour ne pas avoir à changer leurs couches d'incontinents, ils ont mesuré au gramme près la nourriture infecte qui était destinée à leurs pensionnaires et ils s'en sont mis plein les poches. Un tel aveuglement est terrifiant, et le meilleur moyen d'ouvrir les yeux à ces mercenaires de la vieillesse est de prier pour eux afin qu'ils puissent explorer jusqu'au fond des ténèbres leur abominable conduite et puissent s'en repentir.
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