Depuis toujours je me demande ce qui légitime le pouvoir de l'Etat, j'entends d'un Etat moderne quel qu'il soit. J'ai trouvé un début d'explication lumineux dans la présentation que font Miguel ABENSOUR et Marcel GAUCHET du fameux Discours de la servitude volontaire d'Etienne de la BOETIE. Je vous jure que la lecture de ces quelques lignes achève de me convaincre de l'illégitimité totale, absolue et définitive de ce que nous appelons "Démocratie". Il vaut la peine de réfléchir à ce que disent ce deux penseurs :
"Car l'état moderne, c'est l'Etat de l'idéologie, au vrai sens du terme, c'est-à-dire d'une explication de la société tout aussi imaginaire que l'explication religieuse, mais à la différence de celle-ci rendant compte de la société à partir d'elle-même. Avec l'idéologie, la raison de ce qui constitue notre commun, n'est plus à chercher qu'ici. Le causes du social sont toutes ramenées dans le social. L'Etat moderne, c'est l'Etat qui se libère de toute garantie extra-sociale et libère la société de toute justification extérieure. C'est en ce sens l'Etat de la toute puissance, l'Etat qui peut s'assigner pour tâche la prise en charge d'une totalité sociale qui n'est plus que pour lui, qui ne dépend plus que de lui. L'Etat qui prétend ressaisir la société dans son ensemble. L'Etat transformateur par excellence, l'Etat producteur de la société, et dans son expression dernière : l'Etat révolutionnaire."
Et, un peu plus loin : "(...). L'Etat est toujours secrètement athée. Il ne croit pas à l'œuvre divine. Il a de bonnes raisons de ne croire qu'à la sienne. Et s'il s'empare de la religion, c'est pour devoir finalement la détruire. Un jour il lui faudra l'abolir pour vraiment s'établir. Ni Dieu, ni nature au-dessus de lui, rien dans les lois de la société qu'il soit éternellement voué à respecter. Pas de limite à son droit à changer. (...)."
Les contraintes de toute sortes imposée à l'exercice de la pensée, du droit à de réunir, du droit des parents à enseigner leurs enfants, les lois sur l'avortement et bientôt sur l'euthanasie illustrent le pouvoir sans limite que s'assigne l'Etat, sans aucune légitimité autre que celle d'un vague adoubement par une minorité de citoyens dépourvus de tous moyens de peser sur leur vie par des actes et des choix libres.
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