Il me semble que le malaise qui s'étend insidieusement dans toutes les sociétés développées, qu'elles soient démocratiques, autoritaires, ou tyranniques, a pour origine un sentiment d'impuissance qui empêche le citoyen de peser sur la destinée de son pays, et sur sa destinée propre, par l'exercice de l'analyse et de la pensée. Simone WEIL a sur ce point des vues fulgurantes :
"Jamais l'individu n'a été aussi complètement livré à une collectivité aveugle, et jamais les hommes n'ont été plus incapables de soumettre leur action à leurs pensées, mais même de penser. Les termes d'oppresseurs et d'opprimés, les notions de classe, tout cela est bien près de perdre toute signification, tant sont évidentes l'impuissance et l'angoisse de tous les hommes devant la machine sociale, devenue une machine à briser les coeurs, à écraser les esprits, une machine à fabriquer de l'inconscience, de la sottise, de la corruption, de le veulerie et surtout du vertige; il y a une disproportion monstrueuse entre le corps de l'homme, l'esprit de l'homme et les choses qui constituent actuellement les éléments de la vie humaine; tout est déséquilibre. Il n'existe pas de catégorie, de groupe ou de classe d'hommes qui échappent tout-à-fait à ce déséquilibre dévorant, à l'exception peut-être de quelques îlots de vie primitive; et les jeunes qui y ont grandi, qui y grandissent, reflètent plus que les autres à l'intérieur d'eux-mêmes le chaos qui les entoure."
(Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale. Folio/Série Essai N°316, édition de 2004.)
Il est évident que le développement des sociétés dites démocratiques livre tout entier l'individu à la machine étatique, laquelle est le bras actif d'une collectivité aveugle (une collectivité ne pense pas). Il est donc extrêmement difficile de penser. Penser suppose premièrement une bonne maîtrise de la langue, de façon que de langue elle puisse devenir parole. Penser suppose ensuite la liberté de diffuser le produit de sa pensée à un large public. Cela n'est pas le cas. Il suffit de voir comment madame ROYAL a été traitée pour avoir osé dire sur la guerre en Ukraine des choses qui ne sont pas en accord avec la doxa officielle, tripatouillée, malaxée, bidouillée par un ensemble de forces parfois obscures, souvent contradictoires, pour fournir ce que les imbéciles (selon la définition de BERNANOS) qualifie de "narratif". Penser suppose aussi que l'on pratique une éthique de la communication qui exclut tout jugement moral de son interlocuteur. Je veux avoir le droit de dire que dans le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, les responsables ukrainiens portent une importante responsabilité ; ce constat n'exonère en aucune façon la responsabilité des responsables russes. Mais il permet de prendre du recul et de ne pas sombrer dans une caricature terrible qui prive les parties de toutes possibilités de conciliation. Je suis désolé de devoir dire que je n'ai pas envie de voir ma patrie démolie par un suivisme suicidaire des Etats-Unis. Il faut donc s'informer, analyser, réfléchir, peser la crédibilité des informations, éviter de diaboliser tel ou tel homme. C'est difficile, à l'heure où sur les réseaux sociaux on peut insulter n'importe qui, parfois grossièrement, sans crainte de devoir être attaqué ou démenti, sauf par les censeurs officiels. Bref, penser, à l'heure de ce jour, est une activité difficile, et qui peut être dangereuse. Que Simone Weil insiste sur les troubles et les angoisses de la jeunesse, leur chaos intérieur (fréquent mais pas forcément universel), est d'une grande actualité. Efforçons-nous de retrouver l'exercice de la pensée.
Voici ce que dit un défenseur du Dr Louis FOUCHE sur le site dédié à la défense du fondateur de Réinfo Covid. Il illustre bien le dilemme de la pensée critique. Ce site informe de manière libre sur la Covid 19.
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