Dans Les grands cimetières sous la lune, BERNANOS décrit, magnifiquement, le scandale du franquisme et de la collusion de l'Eglise espagnole (du moins de certains évêques) avec les pratiques les plus abjectes, les plus offensantes pour la liberté et la conscience humaine utilisées par les partisans du Caudillo. L'incipit de cet ouvrage capital et que vous devez lire, tant il est actuel, le voici :
"Ca vous embête de m'écouter parler si longtemps des imbéciles ? Eh bien, il m'en coûte à moi, d'en parler ! Mais il faut que je vous persuade d'une chose : c'est que vous n'aurez pas raison des imbéciles par le fer ou par le feu. Car je vous répète qu'ils n'ont inventé ni le fer, ni le feu, ni les gaz, mais ils utilisent parfaitement tout ce qui les dispense du seul effort dont ils sont réellement incapables, celui de penser par mêmes. Ils aimeront mieux tuer que penser, voilà le malheur ! Et justement vous les fournissez de mécaniques ! La mécanique est faite pour eux. En attendant la machine à penser qu'ils attendent, qu'ils exigent, qui va venir, ils se contenteront très bien de la machine à tuer, elle leur va même comme un gant. Nous avons industrialisé la guerre pour la mettre à leur portée. Elle est à leur portée en effet."
Ecrit à la fin des années 30, ce livre absolument extraordinaire, prophétique, et intemporel s'applique, comme un gant en effet, à la situation qui prévaut, notamment en Ukraine-Russie. Nous fournissons des canons, des missiles des bombes à l'Ukraine ; ils fabriquent des canons, des drones, des bombes des missiles en Russie. Tout cela pour aboutir à la destruction totale de dizaines de villes et villages dont la possession donne au propriétaire la sombre satisfaction de régner sur des ruines et de veiller sur des cadavres. Nous avons des dirigeants qui se comportent comme des imbéciles, de quelques côtés qu'ils soient. Et je n'entends pas beaucoup de voix crier avec désespoir que cette guerre fratricide n'aura ni vainqueurs ni vaincus, mais des cohortes entières de femmes habillées de deuil, pleurant qui un fils, qui un fiancé, qui un mari, sans compter les mères qui auront vu leurs bébés et leurs petits écrasés sous les bombes, chercheront un doudou, un habit, une traces de la chair de leur chair dans les décombres fumants de ce qui fut leur maison.
Nous ne pouvons que prier le Seigneur de faire descendre sont Esprit Saint sur quelques sages pour qu'ils mettent fin à ce carnage déshonorant pour l'humanité.
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