dimanche 13 juillet 2008

Crépuscule

Le soir tombe, et le soleil sombre à l'occident. Je viens de retrouver un livre que j'ai relié : le tome deuxième des oeuvres de LAMARTINE. J'avais acheté au poids ces livres sur un marché de SALINS LES BAINS dans le JURA. Une association charitable essayait de trouver des fonds pour ses oeuvres. Ces livres étaient des originaux. Au poids !
Je l'ai ouvert. Oh merveille ! Voici, tiré des Nouvelles Méditations Poétiques, les premières strophes, superbes, de la Première Méditation, dédiée à M. A. de V.*** et intitulé LE PASSE.
Arrêtons-nous sur la colline,
A l'heure où, partageant les jours,
L'astre du matin qui décline,
Semble précipiter son cours.
En avançant dans sa carrière,
Plus faible il rejette en arrière
L'ombre terrestre qui le suit ;
Et de l'horizon qu'il colore
Une moitié le voit encore,
L'autre se plonge dans la nuit.
C'est l'heure où, sous l'ombre inclinée,
Le laboureur dans le vallon,
Suspend un moment sa journée,
Et s'assied au bord du sillon :
C'est l'heure où, près de la fontaine,
Le voyageur reprend haleine,
Après sa course du matin ;
Et c'est l'heure où l'âme qui pense
Se retourne, et voit l'espérance
Qui l'abandonne en son chemin.
[...]
Levons les yeux vers la colline
Où luit l'étoile du matin.
Saluons la splendeur divine
Qui se lève dans le lointain.
Cette clarté pure et féconde
Aux yeux de l'âme éclaire un monde
Où la foi monte sans effort.
D'un saint espoir ton coeur palpite ;
Ami, pour y voler plus vite,
Prenons les ailes de la mort.
Etc.
Il s'agit là d'un poème magnifique. J'en admire la musique et le rythme, et, même si je ne suis pas sûr que les ailes de la mort soient le meilleur moyen d'arriver à la félicité que suggère la vue de l'Etoile du Matin (la planète Vénus), j'en apprécie la douce mélancolie, et la musique sublime, si caractéristique de la langue française. Alfred de VIGNY, à qui ce poème fut vraisemblablement dédié, a dû en savourer la mélodieuse nostalgie.
Que la nuit vous soit douce et bonne. Et que les anges vous bercent de leurs célestes cantiques.

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