Sylvain GOUGENHEIM est un criminel. Et ceux qui le condamnent sans avoir lu son livre ont mille fois raison. Le crime ? Jugez plutôt : il a osé dire qu'ARISTOTE n'avait pas été transmis à l'Occident par le seul et très grand AVERROES, et traduit exclusivement par des auteurs arabo-musulmans. AVERROES en fut, certes, un très habile et talentueux commentateur. Mais il a existé une autre filière dans cette transmission du philosophe grec. Elle passait par BYZANCE et la SICILE, et trouva son épanouissement au MONT SAINT-MICHEL qui hébergeait un atelier de copistes. Il ose rappeler qu'il y eut une renaissance carolingienne antérieure à l'Islam des Lumières (qui fleurit entre le IXe et le XIe S.), et que les traducteurs arabes d'ARISTOTE étaient des chrétiens syriaques.
Levée de boucliers de nos terroristes intellectuels. Le 28 avril, une pétition signée par 200 personnes (anciens élèves de l'École Normale Supérieure de Lyon, enseignants de ladite École, personnel universitaire divers, et l'inénarrable et incontournable FSU, [mais oui, même si on se demande ce qu'un syndicat fait ici]), accuse Sylvain GOUGENHEIM d'avoir commis au minimum une faute qui procède d'un grave manquement aux principes fondamentaux de la déontologie universitaire pour n'avoir à aucun moment, dans aucun lieu collectif, fait état de sa recherche en cours.
Quelques temps après, c'est au tour de Libération d'héberger les aigreurs de quelques chercheurs en quête de public. On les y voit faire étalage de leur stupeur. Le 5 mai, Télérama attaque l'hérésiarque ; il est accusé de couver un répugnant dessein, celui de réduire à néant la notion même d'arabité.
Sylvain GOUGENHEIM, accusé par des incapables de n'être ni helléniste ni arabisant, vilipendé par des ignorants qui n'ont même pas lu son livre (ainsi de monsieur Claude ZANCARINI qui a fait circuler la petition à l'ENS de LYON) se voit encore reprocher d'être sorti de son domaine pour des raisons idéologiques évidentes. Il interrompt ses cours, profondément affecté par ces attaques. Il a eu beau s'entourer des conseil de Rémi BRAGUE, un helléniste de haute volée, de Dominique URVOY, un fin connaisseur de la pensée arabe et islamique, ou encore de René MARCHAND, un arabisant connu pour ses essais, rien n'y fait. Rémi BRAGUE est chrétien, René MARCHAND est gaulliste et s'inquiète de la progression de l'Islam en Europe, cela suffit à les disqualifier. Jacques LE GOFF, (qui fut marxiste), outré par ces attaques honteuses, soutient l'accusé, même s'il reconnaît quelques imperfections à son ouvrage. Et, le plus beau cadeau que l'on puisse faire à un enseignant, Sylvain GOUGEHNHEIM l'a reçu de ses élèves scandalisés par ces attaques. Eux, ils savent mieux que ces ignobles les mérites de leur professeur.
J'ai eu l'occasion de faire connaissance sur place d'une promotion d'élèves de l'ENS de LYON. Le Comité National d'Evaluation m'avait demandé de procéder à une étude approfondie du Magistère de Biologie dispensé dans cette école. Cadre splendide, professeurs de premier niveau, élèves pétillants d'intelligence, de bienveillance, d'humour et d'esprit. Je suis navré de voir que dans cette école prestigieuse, il y ait eu quelques esprits assez bas pour attaquer ainsi un de leurs collègues. Rassurons-nous, ce ne sont ni les meilleurs ni les plus connus.
Il s'agit maintenant de faire quelques remarques sur le fond de ces ineptes critiques.
Depuis quand un chercheur doit-il faire état de sa recherche devant ses pairs ? Depuis quand est-ce une faute ou un manquement à la déontologie universitaire que de ne le point faire ? Qui sont ces masques et ces mesquins qui n'ont sans doute jamais présenté quoi que ce soit dans ces lieux collectifs ? J'ai trente cinq ans de recherches scientifiques derrière moi. La seule obligation qui m'ait été faite, et c'est bien normal, était de présenter tous les ans un rapport d'activité. Il ne m'a jamais été demandé de justifier mes choix de recherche devant qui que ce soit, et surtout pas une de ces instances collectives, dont on sait ce qu'elles valent !
Que signifie vraiment arabité pour ces gens qui passent leur temps à fustiger le racisme quand il s'agit de défendre notre propre identité culturelle, mais s'offusquent que l'on puisse poser une vraie question : quelle est la part exacte des arabo-musulmans dans la transmission des auteurs grecs à l'Occident ? Ces vigilants gardiens de la doxa de gôôôôche, trouvent-ils indécents que l'on pose la question que voici : Les arabes ont eu accès aux auteurs grecs ; c'est indéniable. Pourquoi n'en n'ont-ils pas fait le même usage que les Européens ?
Et je vais risquer une interprétation personnelle. Il se pourrait que toute cette cabale ait été montée sur la présomption suivante : Sylvain GOUGENHEIM est peut-être d'origine juive. Dans ce livre, en tout cas, on veut le présenter comme un ennemi des Arabes parce qu'il interroge les idées reçues sur leur réelle implication dans la diffusion de la philosophie grecque en Occident. Donc il est sioniste. Eh bien, les vrais racistes, chers lecteurs, ce sont ces ignobles qui n'osent pas expliquer ce qu'ils entendent par raisons idéologiques évidentes.
Alors, et pour terminer, quelques éléments factuels. Il existe un très grand philosophe musulman, MISKAWAYH (dont je possède les oeuvres dans ma bibliothèque). Il a repris à son compte, et fort bien, une partie de la philosophie spéculative d'ARISTOTE. Et il a été le disciple d'un non moins grand philosophe arabe, YAHIA IBN'ADI, qui était aussi un théologien monophysite jacobite, un chrétien par conséquent. YAHIA est né à TAKRIT en 893 et il est mort fort âgé, à BAGDAD, en 974. C'est lui qui a transmis à MISKAWAYH tout ce qu'il savait de la métaphysique d'ARISTOTE. Et il a transmis ce trésor à un autre disciple, chrétien celui-là, IBN ZUR'A.
Voyez-vous, je n'ai pas lu le livre de Sylvain GOUGENHEIM, mais à la différence de ces messieurs les talons rouges aux petits pieds, je me suis intéressé à cette question depuis fort longtemps, et je vous donne ici un renseignement qu'ils n'étaient probablement pas en mesure de vous faire connaître. Je ne suis ni helléniste ni arabisant. Simplement un honnête homme qui cherche la vérité et pour ce faire en prend les moyens.
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