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Ce n’est
pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LA
CITATION DU JOUR.
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"MOZI
a dit : Aux débuts de la vie humaine, quand il n’y avait encore ni loi ni
gouvernement, la coutume était « à chacun selon son idée ». De ce
fait, chaque homme avait sa propre idée, deux hommes avaient deux idées
différentes et dix hommes avaient dix idées différentes : autant d’homme,
autant d’idées. Comme tout le monde approuvait son propre point de vue et
désapprouvaient les points de vue des autres, des désaccords mutuels apparurent
parmi les hommes. En conséquence, le père et le fils, le fils aîné et ses
cadets devinrent ennemis et étrangers les uns aux autres, puisque ils étaient
incapables de se mettre d’accord. Chacun travaillait à faire du tort à l’autre
par l’eau, le feu et le poison. On n’employait pas à s’entraider l’énergie en
surplus ; on laissait les denrées en surplus pourrir au lieu de les
partager ; on gardait secrets d’excellents daos au lieu de les transmettre. Le désordre du monde était
comparable à celui qui règne parmi les oiseaux et les bêtes. Et tout ce
désordre était dû à l’absence de souverain."
[…]
"Ensuite,
comment établit-on l’ordre dans l’empire ? L’ordre régnait dans l’empire
parce que l’empereur avait pu unifier les normes dans l’empire. Si cependant
tout le peuple s’identifie au fils du Ciel et non au Ciel même, la forêt vierge
n’est pas défrichée, les ouragans et les déluges qui s’abattent fréquemment ne
sont que le châtiment du Ciel contre le peuple quand il n’aligne pas ses normes
sur la volonté du Ciel."
子墨子言曰:「古者民始生,未有刑政之時,蓋其語『人異義』。是以一人則一義,二人則二義,十人則十義,其人茲眾,其所謂義者亦茲眾。是以人是其義,以非人之義,故文相非也。是以內者父子兄弟作怨惡,離散不能相和合。天下之百姓,皆以水火毒藥相虧害,至有餘力不能以相勞,腐臭1餘財不以相分,隱匿良道不以相教,天下之亂,若禽獸然。
夫明虖天下之所以亂者,生於無政長。
察天下之所以治者何也?天子唯能壹同天下之義,是以天下
治也。
[…]
天下之百姓皆上同於天子,而不上同於天,則菑猶未去也。今若天飄風苦雨,溱溱而至者,此天之所以罰百姓之不上同於天者也。」
In
MOZI, Livre III, L’identification
au supérieur.
Le texte chinois est tiré du Chinese Text Project.
La traduction est celle du texte
anglais établi depuis le chinois par Yi-Pao Mei, par Pierre de LAUBIER.
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2. COMMENTAIRES.
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Je vous demande de lire
intégralement ces commentaires. Il me semble qu’ils sont au cœur du débat
politique actuel.
Mes lecteurs pardonneront, je l’espère,
le recours fréquent que je fais à MOZI, certainement un très grand penseur de
la Chine antique, peut-être même le plus grand. Fervent défenseur de L’Amour universel, il s’est opposé aux
confucianistes, notamment dans des dialogues (sans doute imaginaires) qu’il
aurait eus avec MENCIUS. Il n’a pas eu dans la vie politique chinoise l’importance
de CONFUCIUS, sans doute parce que les Lettrés trouvaient dans l’immanentisme
de ce dernier, des motifs suffisants pour établir leur puissance et défendre
leurs intérêts.
Dans ce texte, MOZI établit une
hiérarchie des normes. Les oppositions des syndicats à la loi dite El-Khomri
trouvent justement leurs fondements dans la théorie de la hiérarchie des normes
que ladite loi inverserait en mettant l’entreprise (employeur plus employés)
au-dessus des syndicats (responsables syndicaux plus employés). Je n’ai pas
détaillé la hiérarchie qu’établit MOZI ; je ne ferai que la résumer :
chef de village, chef de district, seigneur féodal, empereur, et CIEL, chacun édictant des normes emboîtées dans celles de leur supérieur.)
En soumettant l’empereur et le
peuple aux normes établies par le Ciel, MOZI se place résolument du côté de la transcendance.
Il indique clairement que les châtiments (déluges, ouragans) expriment le
courroux du Ciel vis-à-vis d’un peuple qui ne soumet pas à ses règles. C’est, du
reste, ce que les prophètes d’ISRAËL ne cesseront de dire au peuple israélite,
infidèle aux alliances successives que Dieu a passées avec lui. Sans utiliser
le concept de Loi naturelle, MOZI, très clairement y fait référence. Les
prophètes d’ISRAËL, eux, ne cessaient de la rappeler au peuple et aux rois ;
en évoquant MOÏSE et l’alliance mosaïque et en filigrane, c’est bien au
Décalogue qu’ils faisaient allusion.
Revenons à la hiérarchie des normes bousculées par la loi El-Khomri. En premier lieu, on doit
reconnaître que cette hiérarchie existe en fait et droit dans notre espace politique.
La difficulté tient au fait que la hiérarchie des normes dans la « démocratie »
française est dépourvue de TOUS FONDEMENTS. Elle ne trouve sa légitimité que
dans la Constitution qui en est la norme suprême. Or, et nous l’avons vécu, une
constitution se change, et par conséquent la hiérarchie des normes qu’elle
implique peut être bouleversée. En réalité, les partisans d’une nouvelle République
veulent changer la hiérarchie des normes. Je ne sais pas s’ils en sont conscients,
mais j’affirme qu’un changement de constitution aurait cet effet.
Le théoricien de la hiérarchie des
normes dans le droit est KELSEN qui énonçait dans sa Théorie pure du droit, la seule valeur du droit positif, et niait
par conséquent que le droit puisse s’enraciner dans la loi naturelle. Il émigra
aux Etats-Unis car il était juif, mais il n’hésita pas à affirmer que les lois
antisémites de HITLER n’étaient pas dépourvues
d’une certaine juridicité. La raison fondamentale qui oppose les
Socialistes, les hommes de gauche et certains chrétiens qui se réclament de
cette mouvance, aux manifestants contre la Loi TAUBIRA et ses annexes réside dans
cette différence : en France, la loi est dépourvue de TOUS FONDEMENTS
autres que politiques. L’instauration d’une laïcité pure et dure n’avait du
reste d’autre dessein que de servir les intérêts, les buts, l’idéologie d’un
courant de pensée auto-institué en maître de la morale publique. Il y a là une
grande analogie entre le statut des Lettrés chinois et des dignitaires des
Loges maçonniques. S’il était possible de débattre sereinement et PUBLIQUEMENT avec
ce courant de pensée qui se veut secret, la démocratie aurait fait un grand
pas. Mais ce n’est pas le cas.
Cela, nombre de Français ne peuvent
plus l’accepter.
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