lundi 29 août 2016

29 août 2016. Nouvelles de la Résistance : des ravages de l'égalitarisme !

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Ce n’est pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LES CITATIONS DU JOUR
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"La conclusion qui se dégage nettement de tout cela, c’est que l’uniformité, pour être possible, supposerait des êtres dépourvus de toutes qualités et réduits à n’être que de simples « unités » numériques ; et c’est aussi qu’une telle uniformité n’est jamais réalisable en fait, mais que tous les efforts faits pour la réaliser, notamment dans le domaine humain, ne peuvent avoir pour effet que de dépouiller plus ou moins complètement les êtres de leurs qualités propres, et ainsi de faire d’eux quelque chose qui ressemble autant qu’il est possible à de simples machines, car la machine, produit typique du monde moderne, est bien ce qui représente au plus haut degré qu’on ait encore pu atteindre, la prédominance de la quantité sur la qualité. C’est bien à cela que tendent, au point de vue proprement social, les conceptions « démocratiques » et « égalitaires », pour lesquelles tous les individus sont équivalents entre eux, ce qui entraîne cette supposition absurde que tous doivent être également aptes à n’importe quoi ; cette « égalité » est une chose dont la nature n’offre aucun exemple, pour les raisons mêmes que nous venons d’indiquer, puisqu’elle ne serait rien d’autre qu’une complète similitude entre les individus ; mais il est évident que, au nom de cette prétendue « égalité » qui est un des « idéaux » à rebours les plus chers au monde moderne, on rend effectivement les individus aussi semblables entre eux que la nature le permet, et cela tout d’abord en prétendant imposer à tous une éducation uniforme. Il va de soi que, comme malgré tout on ne peut pas supprimer entièrement la différence des aptitudes, cette éducation ne donnera pas pour tous exactement les mêmes résultats ; mais il n’est pourtant que trop vrai que, si elle est incapable de donner à certains individus des qualités qu’ils n’ont pas, elle est par contre très susceptible d’étouffer chez les autres toutes les possibilités qui dépassent le niveau commun ; c’est ainsi que le « nivellement » s’opère toujours par en bas, et d’ailleurs il ne peut pas s’opérer autrement, puisqu’il n’est lui-même qu’une expression de la tendance vers le bas, c’est-à-dire vers la quantité pure qui se situe plus bas que toute manifestation corporelle, non seulement au-dessous du degré occupé par les êtres vivants les plus rudimentaires, mais encore au-dessous de ce que nos contemporains sont convenu d’appeler la « matière brute », et qui pourtant, puisqu’il se manifeste aux sens, est encore loin d’être entièrement dénué de qualité."
In
René GUÉNON.
Le règne de la quantité et les signes des temps. (Collection "Tradition".) Édition définitive établie sous l’égide de la Fondation René Guénon.
Gallimard, Paris, 2015, p. 64

"Je promène mes regards sur cette foule innombrable composés d’êtres pareils, où rien ne s’élève ni ne s’abaisse. Le spectacle de cette uniformité universelle m’attriste et me glace, et je suis tenté de regretter la société qui n’est plus."

"Après avoir pris ainsi tout à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être qu’un troupeaux d’animaux timides et industrieux dont le gouvernement est le berger."
Et
"Je promène mes regards sur cette foule innombrable composés d’êtres pareils, où rien ne s’élève ni ne s’abaisse. Le spectacle de cette uniformité universelle m’attriste et me glace, et je suis tenté de regretter la société qui n’est plus."
In
Alexis de TOCQUEVILLE.
De la démocratie en Amérique. Les grands thèmes. Edité par J.-P. MAYER. Édition revue et corrigée avec une bibliographie supplémentaire pour l’édition de 1980. (Collection Idées. Série Sciences humaines. No 168.)
Paris, Gallimard, 1980, (pp. 348 et 366).
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2. COMMENTAIRES.
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René GUENON, dont j’ai déjà livré quelques idées, est le philosophe qui a le mieux pensé ce qu’est la qualité qu’il oppose à la quantité. Il est assez typique de la mentalité de l’Éducation qui se prétend nationale, ainsi que de la presse, d’observer la manière dont les résultats du baccalauréat sont présentés : toujours en termes de pourcentage de réussite, et de classement des académies en fonction de ce pourcentage. Nous feignons de croire que tous les bacheliers se valent et qu’il suffit d’avoir sa peau d’âne pour prétendre au sommet de la société. En réalité, la stratification est féroce, et l’obtention d’une mention (Très bien ou Bien) est l’horizon doré des ambitieux. Cette manière de voir nie que les différences entre les hommes soient de nature qualitative, et que s’il n’y avait pas de qualité propre à chaque personne, il n’y aurait pas de personne du tout.
Alexis de TOCQUEVILLE, par des biais différent, arrive aux mêmes conclusions. La démocratie est un système qui aboutit à la confiscation par l’État du pouvoir que chaque personne a le droit d’exercer sur sa vie. Nous croulons sous le poids des réglementations et des normes, et il est assez curieux de constater qu’au pays dont les élites se moquent de la normalité, ce sont ces mêmes élites qui édictent de normes : elles visent toujours le matériel et le quantitatif. D’où la tristesse de l’uniformité glacée que nous voyons s’étendre dans nos sociétés qui se disent démocratiques.
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3. INFORMATIONS DIVERSES.
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Il n’y a rien à signaler qui puisse illustrer mon propos… Ou plutôt, il y a trop d'exemples. A vous de les trouver !


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