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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des
terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée à travers le ciel.
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LA
SERVITUDE DU FONCTIONNAIRE ANALYSÉE PAR MARCEL LEGAUT.
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"Je
savais déjà qu'être intellectuel spécialisé représente une lourde hypothèque
pour qui veut atteindre la structure de l'homme complet. Je comprenais
maintenant qu'être fonctionnaire est une condition fort peu propre à grandir un
caractère. La sécurité matérielle du fonctionnaire, semblable à celle du petit
ou du gros rentier de jadis, concourt perfidement, insensiblement, dans une
société matérialisée, à l'apprentissage de la servitude. Toucher régulièrement
un traitement à la fin de chaque mois par une formule de chèque postal, sans
qu'il n'y ait nul rapport visible entre le travail fourni et la rémunération,
cela supprime l'aiguillon qui garde au labeur, et à toute la vie, leur
originaire capacité d'initiative, de vigueur et de ténacité. Bien peu d'hommes,
en effet, ne s'endorment pas sous le poids de leurs déterminismes quand
l'aiguillon de la nécessité ne vient pas les pousser au-delà d'eux-mêmes."
In
Marcel
LÉGAUT.
Travail
de la Foi. Quelques approximations spirituelles.
Éditions
du Seuil; Paris, 1962. (Page 17.)
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COMMENTAIRES
PERSONNELS.
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Le
constat de Marcel Légaut est extrêmement nuancé. Il ne cible pas les
fonctionnaires en général, en tous lieux et en tous temps, mais les
fonctionnaires d’une société matérialiste (matérialisée). Par ailleurs, Marcel
Légaut parle de la structure de l’homme entier. Depuis que j’ai ouvert ce Blog,
je ne cesse de crier sur tous les toits que l’erreur politique majeure commise
depuis la naissance de la république française est une erreur anthropologique.
L’homme complet, dont parle Marcel Légaut, est tout à la fois corps, âme et
esprit, selon la belle formule de saint Paul dans la première épître aux
Thessaloniciens. Et la grande erreur à laquelle je fais allusion est l’erreur
matérialiste qui fait que les hommes politiques de tous bords, ne s’intéresse
qu’au corps, dont il est évidemment indispensable de satisfaire les exigences
(nourriture, vêtement, toit, chauffage, etc.) si l’on veut que les autres instances
(âme et esprit) voient les leur honorées. L’homme ne vit pas seulement de pain,
dit Jésus à la fin de ses quarante jours de retraite dans le désert, au moment
de la grande tentation.
C’est
pour ignorer les exigences de l’âme (qui correspond en gros au psychisme, et à
la conscience) que le monde politique se trouve aujourd’hui confronté à une
crise d’une exceptionnelle gravité. Il existe une subjectivité sociale qui s’exprime
à travers les traditions locales ou régionales, les associations, les fêtes,
les commémorations diverses (je pense à la fête de la Vouivre par exemple, un
célèbre dragon mythique fort prisé chez les antiques Séquaniens, qui a lieu
tous les ans en Bourgogne, ou à la cérémonie qui a lieu chaque année en mémoire
des morts de la Commune, ou à la fête de la Lumière à Lyon), les contraintes
géographiques (transhumance, par exemple). Cette subjectivité et les pratiques
sociales qui la sous-tendent, est délibérément ignorée ou détournée par les élites
technocratiques pour qui les problèmes ne peuvent trouver de solutions qu’objectives.
Et
puis il a l’esprit, le pneuma, le
lieu du souffle, le lieu où l’Esprit repose. Bien entendu, il y a belle
heurette que nos politiques ont oublié que l’homme est fait pour louer et
honorer son Créateur lequel est à la fois transcendant et immanent.
En
retournant à la terre, en retissant le lien qui unit le travail à sa
rétribution, Marcel Légaut est l’exemple même du parieur bénédictin. Il a
cultivé la terre, après avoir été professeur des universités, il a passé ses
journées au rude labeur des labours, et ses soirées à la réflexion, la lecture,
la méditation. Il a connu la fatigue du corps et le repos, il a nourri son
intelligence de lectures, de culture, d’exclamations émerveillées devant la nature, et
par-dessus tout, il a médité et prié. Je suis très étonné de voir qu’un
chrétien de cette envergure (comme Jean BASTAIRE d’ailleurs) ait été si peu
étudié par nos pasteurs. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Et je vous
encourage à lire les œuvres de ce paysan-poète.
2 commentaires:
bonjour Philippe,
j'ai connu des hommes politiques qui témoignaient aussi leur foi : ainsi Marcel Rudloff, maire de Strasbourg puis membre du Conseil Constitutionnel, qui assistait à la messe tous les matins à la cathédrale durant son mandat ; Adrien Zeller, député-maire de Saverne, secrétaire d'Etat, président du conseil régional d'Alsace, lors d'une inauguration au centre d'accueil de la Thumenau de la Communauté du Puits de Jacob : " je sais qu'on prie beaucoup dans cet endroit, priez pour nous les politiques pour qu'on prenne les bonnes décisions ."
Ca existe encore de nos jours, les maires dans les villages du Nord de l'Alsace où j'ai vécu, étaient de fidèles pratiquants, l'un faisait partie d'une équipe d'action catholique " chrétiens en monde rural ". L'autre était chef d'entreprise, quand mon père est décédé, il a offert le cercueil car nous étions pauvres.
De grâce, arrêtons de critiquer tous les politiques,c'est tendance, ils sont l'image de notre société.
Rémy
Cher Rémy, je confirme absolument ce que tu dis, notamment à propos d'Adrien Zeller que j'ai très bien connu. Il y a des hommes politiques intègres et absolument chrétiens. Ce n'est pas eux qui sont visés dans ce billet : c'est l'atmosphère politique générale et les présupposés sur lesquelles sont fondées les lois : autoconstruction de l'homme, progrès indéfini, raison raisonnante, et mépris totale pour l'homme que l'on remplace par une abstraction, appelée humanité. Merci pour ton commentaire.
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