Je ne sais pas si vous avez écouté hier soir l'interview d'Ingrid BETANCOURT par Patrick POIVRE d'ARVOR. J'ai relevé deux ou trois réponses qui me semblent dignes d'intérêt, ainsi que deux ou trois réponses ou scènes entendues ou vues au cours du dossier spécial consacré à cette bonne et grande nouvelle de la libération de notre compatriote.
PPDA : Qui remercieriez-vous en premier ?
Ingrid : Dieu et la Vierge.
(Stupéfaction non feinte de PPDA qui attendait le nom d'un homme politique)
PPDA : et ensuite ?
Ingrid : Le Président URIBE.
Ingrid précise que les FARC n'avaient jamais eu l'intention de la libérer et que seule l'option militaire avait des chances (très minces) de réussir. Elle précise que sa libération relève du miracle, et est intervenue à la suite d'événements tous plus improbables les uns que les autres, et que c'est là qu'elle voit la main de Dieu.
Quand on lui parle de ses geôliers, elle indique que ce qui l'avait le plus frappée était la soumission inconditionnelle de ces hommes aux ordres de leurs chefs. Si on leur demandait d'être aimables ou, disons, coulants, ils l'étaient ; mais si des ordres nouveaux indiquaient qu'il fallait être sévère, dur, avec les otages, le changement d'attitude était instantané et les gardiens pouvaient être alors d'une extrême cruauté (ce sont ses mots). Ces hommes étaient (toujours ses mots) des automates. Ils l'on humiliée, traitée de manière inhumaine, sans le moindre état d'âme. Et Ingrid d'ajouter que sa stupéfaction avait été immense quand elle avait vu dans l'hélicoptère l'un de ses gardiens, un homme d'une rare cruauté, menotté, allongé par terre, et réduit à l'impuissance.
Sans doute aurez-vous remarqué qu'Ingrid avait un chapelet à la main quand elle est descendue de l'avion qui l'amenait à BOGOTA. Vous avez constaté qu'elle n'a jamais eu un mot de vengeance pour ses bourreaux. Vous avez vu aussi que l'un des otages libérés avait une croix au cou. Nous étions loin des gesticulations politiques françaises (la palme de la bêtise revenant aux responsables socialistes déclarant que monsieur SARKOZY - qui ne revendiquait goutte - n'était pour rien dans la libération d'Ingrid, pendant que monsieur DELANOE organisait, sur la Place de l'hôtel de ville, une manifestation (assez digne et assez juste, je tiens à le dire, mais peut-être avec des arrière-pensées) pour célébrer cette libération.
Et vous voudriez que l'on ait la moindre compréhension, la moindre indulgence pour un système de pensée qui réduit les hommes à des automates, à des êtres sans coeur et cruels ? Je ne doute pas un seul instant que ces rebelles étaient sincères et pensaient accomplir une oeuvre historique et bonne. C'est bien là le drame, et c'est là l'oeuvre spirituelle du marxisme : ôter à l'homme ce qu'il a d'humain pour lui faire accomplir une tâche proclamée historique et qui n'est qu'une utopie sanglante, sans issue, et vaincue d'avance.
Si, pour aboutir au juste partage des richesses de la terre entre tous les hommes, il faut en passer par ces massacres ou ces crimes, il n'est pas étonnant que les riches s'accrochent à leurs richesses : ils s'accrochent à leur vie. Je crois possible une autre voie. C'est elle qui a permis à Ingrid BETANCOURT de sortir l'âme indemne de toute haine, avec une rare noblesse de coeur.
Nous saluons en vous, madame, une très grande dame, qui fait honneur à l'humanité, et montre que celle-ci est digne d'être extraite du gouffre dans lequel le manichéisme politique, économique, moral et spirituel prétend la maintenir.
1 commentaire:
J’aimerais à mon tour remercier cette grande dame, Ingrid Betancourt. Dans un entretien accordé à Claire Chazal, Ingrid nous a donné à tous une belle leçon d’humanité. Il émanait d’elle une sérénité, une paix et une beauté intérieure qu’il nous est rarement donné de voir. Merci à vous, Ingrid.
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