samedi 31 octobre 2009

La justice du Royaume et le surcroît

Roparzh commente mon dernier billet par un verset de l'Evangile : "Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît". Le propos est laconique ; il est pourtant d'une justesse absolue.
Pour ne pas tomber dans l'utopie ou l'illusion qu'il est facile d'instaurer la Cité de Dieu sur la Terre (ou l'ersatz d'une Cité humaine déifiée), mais pour ne pas perdre de vue que c'est bien l'impératif absolu de tous les disciples de Jésus que d'indiquer l'unique voie possible du bonheur terrestre (eh oui !), il faut s'efforcer de trouver une solution qui respecte la liberté de tout être humain - celle de croire et de suivre ; celle de ne pas croire et de ne pas suivre. C'est bien là la difficulté.
Nous avons dans la Parole de précieuses indications, celle-ci par exemple : "Petits enfants, n'aimons ni de mots ni de langue, mais en actes véritablement. A cela nous saurons que nous sommes de la Vérité" (1Jn 3 18) et l'injonction est précédée (verset 17) de ce jugement: "Si quelqu'un, jouissant des richesses du monde, voit son frère dans la nécessité et lui ferme ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeurerait-il en lui ?"
Peut-on être plus clair ?
Et ceci encore : "D'où viennent les guerres, d'où viennent les batailles parmi vous ? N'est-ce pas précisément de vos passions, qui combattent dans vos membres ? Vous convoitez et ne possédez pas ? Alors vous tuez. Vous êtes jaloux et ne pouvez obtenir ? Alors vous bataillez et vous faites la guerre. Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas. Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos passions." (Jc 4, 1-3)
Le disciple est dépourvu de toute volonté de pouvoir. Son Maître lui a donné l'exemple au soir du Jeudi Saint en lavant les pieds de ses amis.
Le disciple n'attend pas que l'initiative du partage lui vienne des autres, et surtout pas du politique, le champ clos des passions.
Le disciple donne avec discrétion, et "sa main gauche ignore ce que fait [= donne] sa main droite".
Le disciple voit un frère en tout être humain.
Tout cela est plus facile à écrire qu'à mettre en pratique, et pourtant, il n'y a aucune autre solution humaine à nos problèmes humains. Et c'est pourquoi Simone WEIL écrit dans ce livre décidément inépuisable (Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale) ceci qui ferme la boucle :
"La bonne volonté éclairée des hommes agissant en tant qu'individus est l'unique principe possible du progrès social ; si les nécessités sociales, une fois clairement perçues, se révélaient comme étant hors de portée de cette bonne volonté, au même titre que celles [les nécessités] qui régissent les astres, chacun n'aurait plus qu'à regarder se dérouler l'histoire comme on regarde se dérouler les saisons, en faisant son possible pour éviter à lui-même et aux êtres aimés le malheur d'être soit un instrument soit une victime de l'oppression sociale."
Lisez et relisez, méditez cette réflexion jaillie de l'âme d'une très grande philosophe, et d'une admirable mystique. Et mesurez combien elle est juste. Comment faire alors, me disait au téléphone hier, une lectrice de Marseille ? Commençons par regarder autour de nous, et voyons comment par un regard, une parole, un partage, il est possible de mettre de la joie et de la paix autour de nous. Partager un paquet de gâteau avec son voisin de métro, ou un bonbon, prêter son journal au voyageur qui dans le train s'ennuie. Regarder, faire attention aux personnes que nous croisons, ne pas les considérer comme des vitres transparentes, leur sourire, admirer le bébé d'une jeune maman, etc., petites choses, petits débuts, grands effets pacificateurs.
Ensuite, et très certainement, ne pas considérer que l'impôt est le seul et unique moyen de redistribution des richesses, et donner, avec discernement (je vous avouerai qu'il est arrivé à tel ou tel que je connais très bien... d'avoir été trompé) mais largement. Il existe de très nombreuses associations caritatives : Caritas-Secours Catholique, Restos du Coeur, Emmaüs, Médecins sans frontières, Association pour l'enfance abandonnée, etc) à qui l'on peut donner les yeux fermées. Il suffit d'avoir un peu d'imagination. Et puis surtout partager une parole, parler, sans crainte. Souvent un sourire ou une petite question à celui qui quête dans la rue est un bien meilleur baume qu'un gros billet, car il réintroduit l'exclu dans la société des hommes.
Enfin, mais j'ai des lecteurs qui peut-être vont rire, demander, mais bien, demander dans la prière, non pour le service de nos passions, mais pour son Règne vienne. Je ne sais si ces quelques pistes satisfairont Suzanna... J'espère que oui.
____________________________________________________________________
PS : "Laconique" vient de ce que les habitants de Sparte en Laconie, recevant des émissaires étrangers venus les menacer s'ils ne consentent pas à se plier à leur exigences, ont fait une réponse restée célèbre à leurs menaces :
"Si nous rentrons dans vos murs, nous ruinerons votre cité, et ses habitants seront réduits en esclavage !
Si..."
____________________________________________________________________
C'est tout pour aujourd'hui.
-

vendredi 30 octobre 2009

Quand parlera-t-on des vrais problèmes ?

Je vais vous dire pourquoi l'opposition de droite et de gauche et les médias me sont de plus en plus insupportables. C'est qu'ils ne cherchent pas la vérité - bien entendu, je sais que la vérité est un chemin et non pas un objet, et donc qu'elle se cherche, d'approximations en compromis et de compromis en approximations - mais l'effet, c'est-à-dire, pour les uns, le pouvoir, pour les autres, des lecteurs.
Olibrius me fait le reproche d'avoir la dent dure. Je ne le crois pas. J'enrage, en effet, de voir que des hommes qui ont, comme monsieur de VILLEPIN, exercé des responsabilités immenses, gâchent leur talent à débiter des sornettes creuses, à attaquer des responsables politiques dans leur aspect physique, dans leurs tics, dans des côtés absolument secondaires de leur action et dans des jugements qui ne trouvent d'autres fondements que dans des ragots médiatiques.
Notre pays est confronté à des problèmes très réels et dont les solutions, nécessairement douloureuses, ne sont pas évidentes à trouver. En voici une liste non exhaustive :
-Comment faire face au problème du financement des retraites ?
-Comment régler la question du déficit de la Sécurité Sociale ?
-Comment lutter contre la délinquance et le trafic de drogue dans les quartiers dits sensibles ?
-Comment lutter contre l'immigration clandestine ?
-Comment intégrer les étrangers en situation régulière ?
-Comment lutter contre le travail au noir ?
-Comment relancer l'économie et donc abonder les revenus sans creuser le déficit (déjà énorme) ?
-Comment favoriser l'innovation (tellement atone chez nous alors que nous sommes ou étions l'un des peuples les plus imaginatifs et créatifs d'Europe) tout en respectant la nature ?
-Quel visage donner à la France en Europe ?
-Comment faire accepter aux Français l'existence nécessaire d'une hiérarchie sociale ?
-Comment faire comprendre aux élites qu'elles ont plus de devoirs que de droits ?
-Comment faire rayonner notre langue et notre culture d'une manière qui ne soit perçue ni comme passéiste ni comme arrogante ?
-Quel type d'enseignement délivrer à nos enfants ?
-Etc., etc.
Ce sont des problèmes concrets et je ne vois aucune proposition, aucune mesure de nature à régler au moins partiellement ces difficultés, autres que celles que le Président SARKOZY a faites ou mises en oeuvre. Car, je le redis, le mot chien n'a jamais mordu personne.
Et si nous en sommes là, perte du sens civique, immoralité publique, décomposition des moeurs, nous le devons au quatorze années désastreuses de la magistrature mitterrandienne. Elle avait été préparée par les démagogiques mesures de monsieur GISCARD D'ESTAING, la plus idiote étant sans doute la majorité à 18 ans, en une période ou l'adolescence se prolonge, sous le nom d'adulescence, jusqu'à 25 voire 30 ans. Quand on a aucune autre capacité que celle d'avoir une vie sexuelle "libérée", sans prendre le risque de fonder une famille ou d'avoir des enfants, quand on fait passer le plaisir avant la réalité, on finit droit dans le mur. Et c'est ce qui arrive à notre jeunesse laquelle est le gage de l'avenir de notre patrie.
Sommes-nous trop fatigués, sommes-nous un trop vieux peuple, pour accepter sans réagir notre prévisible décadence ?
Je sais bien que je vais passer pour ringard. Tant pis.
-

mercredi 28 octobre 2009

Et ça recommence

Monsieur de VLLEPIN dont le flair politique est extrême -n'est-ce pas lui qui a conseillé au Président CHIRAC la dissolution de la Chambre qui nous a valu d'avoir monsieur JOSPIN comme Premier Ministre et la désastreuse madame AUBRY qui nous a asphyxiés avec les 35 heures - (Il serait, du reste, assez intéressant de faire des recherches sur l'impact que cette mesure a pu avoir sur la gestion des ressources humaines ; on peut assez bien imaginer que pour compenser la diminution du temps de travail, les directions des entreprises aient augmenté par tous moyens la productivité, y compris par une pression intolérable sur les cadences et les mutations, et au prix de douloureuses restructurations) - monsieur de VILLEPIN, donc, a rassemblé ses partisans à la maison de l'Amérique Latine et s'y est livré à une attaque en règle contre le Président SARKOZY
Il a parlé “d'un projet fondateur” (j'en attends toujours le contenu), “d'un retour à l’esprit de la Nation, d’une France républicaine, solidaire et indépendante”. Il a ajouté : “Notre pays ne peut vivre avec une concentration, une personnalisation du pouvoir qui nuit à son efficacité” et encore : “Ce sont les polémiques qui font l’actualité. Nous n’obtenons pas les réponses aux problèmes, nous ne répondons pas aux problèmes des Français”. Et enfin il a fustigé les déséquilibres institutionnels et critiqué l’idée d’un débat sur l’identité nationale, défendu par le chef de l’État.
Je vois dans ce discours, un recours aux vieux clichés. On croirait y entendre un ROBESPIERRE aux petits pieds.
Le mot "Nation" a fait fortune au XVIIIe siècle et il a été mis à toutes les sauces par la Convention, y compris celles que l'on accommodait avec le sang des innocents. La dernière fois que l'on a utilisé en cette période révolutionnaire le mot de Patrie (la Terre des Pères), c'est un peu avant la bataille de VALMY, à laquelle participa - on ne nous le dit pas - le futur Louis-Philippe, Roi des Français. Ce fut sans doute la dernière manifestation du sentiment patriotique de cette période, celui qui pousse les habitants d'un pays à se lever pour défendre leur sol, les tombes de leurs aïeux, leurs familles, leurs biens, leurs coutumes, leurs modes de vie, leur langue, bref tout ce qui les enracine dans une histoire.
Je vois difficilement comment on peut parler de Nation - faisons à monsieur de VILLEPIN le crédit d'un emploi synonymique du mot Nation pour Patrie - d'indépendance, et en même critiquer le débat sur l'identité nationale.
Ce débat, moi, il me paraît absolument fondamental ; je suis gêné quand je vois qu'à FREJUS, des dizaines de femmes, portant le foulard islamique, manifestent contre la prétendue responsabilité de la police dans la mort d'un jeune qui voulait échapper à son contrôle (et qui semblait avoir de bonnes raisons de le vouloir, car - mais je donne cette information sous réserve de confirmation - il circulait sur une moto dépourvue d'immatriculation) et qui a percuté un arbre. Il y a perdu la vie, et c'est absolument épouvantable, mais il était responsable de ses actes, et l'on ne voit pas pourquoi l'origine maghrébine de ce jeune devait le mettre à l'abri des contrôles, RENDUS, HÉLAS, NÉCESSAIRES, en raison du politiquement correct et de la démagogie des "Touche pas à mon pote".
Quant à la personnalisation du pouvoir contre quoi fulminait l'orateur, je rigole doucement, car ce sont bien SES partisans que l'ancien premier ministre a réuni, sur son nom et non pas sur un projet dont nous ignorons tout, hormis de pieuses considérations radicalo-républicaines.
Bref, monsieur de VILLEPIN reprenant à son compte des formules qui ont fait la fortune des hommes politiques se réclamant de la République originelle (celle de 1792), et qui ont abouti au résultat que l'on sait, ne fait pas mieux que monsieur QUEUILLE, monsieur MOLLET, et autres sommités du passé qui s'étaient fait un devoir d'amollir quelque peu ces mâles principes.
Il dit vouloir refonder. Moi je veux bien. Mais si les fondations consistent à nous seriner les vieux refrains, je ne marche pas. Car ça recommence...

mardi 27 octobre 2009

Du maniement de la Loi

"Du maniement de la Loi", tel est le titre que dans "Les Quatre Fléaux", LANZA, mon cher LANZA del VASTO, a donné à la section 58 de son chapitre 5, Fatalité ou délivrance. Le texte mérite d'être cité dans son ensemble. Il me permettra de résoudre pour mes lecteurs les apparentes contradictions de billets, dispersés ici et là dans ce Blog , et relatifs à la Loi. Et notamment deux affirmations opposées, à savoir que d'une absence de droit ne saurait naître un droit (à propos des sans-papiers), mais qu'une accumulation excessive de lois n'est qu'une oppression (à propos de l'incident de la bibliothèque, raconté par Eugénie), ainsi que nombre de billets sur l'attitude scandaleuse des banquiers. Il faut des lois, il en faut peu, il faut les appliquer.
"Mais pour l'esprit de Profit comme pour l'esprit de Domination, quel instrument de choix est l'appareil légal ?
Quels naïfs, quels nigauds, ces filous qui prennent l'art de voler pour un métier manuel, alors que c'est un exercice de l'esprit ! [N'est-ce pas messieurs les traders ?]
En un tournemain, avec un bon procès, on rafle, sans risque aucun, des domaines, des châteaux, des mines, des fortunes. [N'est-ce pas messieurs du Crédit Lyonnais qui ont fait faire des millions d'euros de bénéfices à leur établissement en volant monsieur TAPIE, un expert pourtant dans les opérations légales de rachat et de revente d'entreprises en difficultés ?]
Pour lier les mains du prochain pendant qu'on lui tape sur la tête, il n'y a rien de tel que le Droit.
Les lois sont les clefs et les leviers du Pouvoir et de la Richesse. Celui qui sait les manier est au-dessus du blâme. Il tient le couteau par le manche." [Nest-ce pas messieurs les responsables des URSAFF qui n'hésitez pas à ruiner des entreprises, à les faire fermer, quand, pour des raisons de trésorerie, elles ne peuvent payer leurs cotisations sociales au jour dit ?]
Qui ne voit que, dans les deux premiers cas, celui des sans-papiers, comme celui de la bibliothécaire, il y a, dans l'un, un désir de s'approprier ce qui n'est pas dû, en utilisant toutes les ressources de la réglementation, en jouant habilement sur ses ambiguïtés, les subtilités de la procédure, et en suscitant l'émotion de l'opinion pour trancher l'ambiguïté dans le sens de l'intérêt des demandeurs contre celui de la communauté nationale ; dans l'autre, un moyen d'affirmer un pouvoir, un tout petit pouvoir, celui d'empêcher autrui de faire ?
Et puis il y a le troisième cas, très scandaleux, celui des banquiers qui utilisent le Droit, ou plus exactement ses failles, pour accroître leur fortune au détriment du bien commun. Je vois d'ici les critiques : vous voyez bien qu'il faut des lois, puisque, même avec leur existence, il y a des abus. Désaccord total ! Désaccord ! Car si l'on part du principe fondamental que tout tort causé à autrui doit être réparé par celui qui en est l'auteur, la communauté nationale est fondée à demander des comptes à ces chevaliers de la finance, en apportant la preuve, bien sûr, qu'elle a été lésée par leurs agissements. A mon avis, ils réfléchiraient avant d'agir en raison de leur totale responsabilité.
Il y a toujours deux types de lois : les unes ont un caractère apodictique, c'est-à-dire qu'elles présentent une évidence de fait ; les autres ont un caractère casuistique et elles ne sont que circonstantielles ; il y en a trop chez nous.

lundi 26 octobre 2009

Intériorité

Si vous habitez PARIS, ou avez l'intention d'y venir bientôt, ne manquez pas d'aller voir l'exposition temporaire que le Musée CERNUSCHI consacre aux "Buddha du Shandong". Il s'agit de sculptures absolument superbes, enterrées il y des siècles par de pieux fidèles, parce qu'elles avaient été abîmées par le temps, ou victimes d'un cataclysme naturel, dans la ville de QINZHOU, province du SHANDONG. Il n'en subsiste que des têtes ou des torses, mais ces productions sont de toute beauté.
Elles illustrent ce que dit le Prince AN, apparenté à la famille impériale des LIU (fondatrice de la dynastie des HAN antérieurs ou HAN de l'Ouest), dans un ouvrage appelé le Huainanzi -, sorte de méditation-réflexion, à la fois théologique et philosophique sur les origines et la nature de l'homme -, d'inspiration taoïste :
Qui se livrera à l'extériorité perdra l'intérieur, qui gardera l'intériorité obtiendra par surcroît l'extérieur. Il en est comme de la racine et des branches jusqu'à la plus extrême, c'est en tirant par la racine que les branches et les feuilles viennent à la suite. [Cité par Claude LARRE dans son énorme et superbe ouvrage "Les Chinois. Esprit et comportement des Chinois comme ils se révèlent par leurs livres et dans leur vie, des origines à la fin de la dynastie Ming (1644)"]
Il est avéré que le bouddhisme chinois a énormément emprunté aux "concepts" (si tant est que ce mot ait un sens en chinois) taoïstes et qu'il est profondément marqué par la pensée de LAOZI. En cherchant à rendre d'abord le regard intérieur du Buddha, les sculpteurs chinois du Ve siècle après Jésus-Christ ont fait éclater une beauté qui ne se retrouve en Occident que dans la statuaire du Moyen-âge, dans les vierges du début du gothique notamment. Car la beauté est un accord du sens et de la forme ; elle ne vise pas l'effet, mais exprime la nature profonde du réel.
Certes, je m'éloigne de mes propos ordinaires, mais pas tant qu'il y paraît. Car tout le drame de notre société est bien là : il prend naissance dans l'erreur philosophique majeure que l'homme est le créateur du réel par son activité de pensée, alors qu'il n'en est que le découvreur. De là vient du reste que les grecs ont rendu le mot vérité par aletheia, le fait de réveiller, non point d'inventer.
Mais je n'en dirai pas plus aujourd'hui.

dimanche 25 octobre 2009

Stupéfaction

Je suis engagé depuis plus d'un an dans la catéchèse. L'aumonier et la responsable de l'aumônerie des Collèges La Fontaine et Claude Bernard m'ont confié les jeunes de quatrième, qui se préparent à recevoir le sacrement de Confirmation. Une ancienne condisciple et amie, que j'ai retrouvée à PARIS après quarante ans, fait partie de notre groupe de catéchètes.


Nous échangeons avec les jeunes sur les dons de l'Esprit Saint. Trois volets à cette réflexion : A quoi correspond, humainement, chacun des sept dons ? Comment se manifeste-t-il dans l'ancien et le nouveau Testament ? Comment se manifeste-t-il dans chacune de nos vies ? Nous avions commencé par les dons d'intelligence et de science. Faire échanger des jeunes sur leur expérience personnelle n'est pas chose facile. Nous avions donc préparé un petit questionnaire pour les aider dans leurs réflexions. Une question, notamment, était celle-ci : t'est-il arrivé d'entendre des critiques sur l'Église ? Où ? Par qui ? Quand ? Quelle a été ta réaction ? Qu'as-tu répondu ?


L'un des jeunes me dit : "Ce n'est pas toujours évident de répondre. L'Église s'est rendu coupable de tant de massacres ! " J'essaye de faire préciser. Il apparaît clairement que cette critique vient du professeur d'histoire et qu'elle vise l'Inquisition. Dans l'esprit du jeune Guillaume, des milliers, des dizaines de milliers de personnes ont été brûlés, torturés, obligés de renier leur conviction, etc. Sa réaction me plonge dans la stupéfaction.


J'ai donc cherché. Il me souvenait avoir vu dans le très beau film inspiré du livre d'Humberto ECCO, le Nom de la Rose, le personnage répugnant mais totalement imaginé de Bernardo GUI, qui dans le récit comme dans le film trouve une mort ignominieuse. Il était inquisiteur, il a effectivement existé. Il se trouve que nous avons conservé les minutes de tous les procès qu'il a instruits dans le Sud-Ouest de la France. Voici les résultats de mes recherches : entre 1308 et 1323, Bernardo GUI a prononcé 139 acquittements, 286 peines religieuses (service militaire en terre sainte, port d'une croix), 307 peines de prison, 156 peines diverses (emprisonnements théoriques, exhumations, exposition au pilori, exil, destruction de maisons), 42 condamnations à mort, soit trois par an sur une période de 15 ans. (Je dois ces chiffres à l'excellent Jean SEVILLIA). L'Inquisition ne vise que les chrétiens. Les fidèles des autres religions ne tombent pas sous ses coups. Bien plus, le pape Clément III, en 1190 déclare prendre les juifs sous sa protection personnelle, défend à tout chrétien de baptiser un juif contre son gré, de gêner les célébrations des fêtes juives, d'attenter aux cimetières juifs. En 1244, soit treize ans après la création de l'Inquisition, Grégoire IX insère cet acte dans le livre V de ses Décrétales, ce qui lui donne force de loi et expose à l'excommunication celui qui irait à son encontre (toujours l'excellent Jean SEVLLIA).



Le grand crétin prétentieux d'AULARD, en compagnie d'un certain DEBIDOUR (dans les années 1880-1890), pourtant, n'hésitait pas à écrire dans un livre destiné à enseigner l'histoire de France aux enfants du Cour Moyen, que l'Inquisition "empêchait les hommes de penser" ; et messieurs NANE et GUIOT écrivaient pour des enfants plus âgés que les peines infligées par l'Inquisition étaient la torture, l'emprisonnement perpétuel et le bûcher de sorte "que la liberté était étouffée sous des monceaux de cadavres". Ne parlons pas de ce manuel anonyme de la fin du XIXe siècle qui disait que peu avant 1830 (sic) la justice inquisitoriale était "aussi cruelle qu'expéditive, vu le nombre de victimes qu'elle avait à brûler quotidiennement" (authentique ; cité par Jacques HEERS).


Mais on évoque très pudiquement les massacres épouvantables commis en Vendée par les armées de la République pour extirper "la superstition et le fanatisme des ennemis de la liberté", lesquels n'avaient qu'un tort, celui de ne pas partager les opinions des monstres de PARIS. Ou que je me tourne, quand je lis des ouvrages sur l'histoire de la Révolution dans notre pays, je ne trouve que mascarades de procès, jugements expéditifs sans instruction préalable, crimes et tueries en tous genres et selon tous moyens : on fusille volontiers à BREST, et la mort sublime du Baron d'AMPHERNET (père de six enfants, dont un nouveau-né) en est un exemple ; on pend à ORANGE, qui a vu 332 personnes tuées en quelques mois, et en AVIGNON, et le marquis de ROCHEGUDE y a laissé ainsi la vie (mais on y guillotine aussi) ; on noie à NANTES, et c'est ainsi que les quatre soeurs de LA METTRIE périront (la plus jeune avaient 17 ans) parmi trente mille autres victimes, on guillotine PARIS, à LYON, à ARRAS, à STRASBOURG et ailleurs, à tour de bras, ou bien l'on assomme et tue à coups de crosses de fusils. Voici un dernier et bel exemple de la purification conduite par les armées de la Convention en Vendée :


"Le 25 janvier 1794, le commandant de la première colonne infernale, Grignon, arrivait dans la paroisse du Pin . Une vingtaine d'habitants s'étaient portés à sa rencontre, le suppliant de ne pas brûler leurs maisons et d'accepter le repas qu'ils ont préparé pour lui et pour ses troupes. Grignon se met à table. Après avoir copieusement dîné, il ordonne d'attacher ses hôtes avec des cordes. On les traîne dans un champ voisin, et sur un signe de l 'atroce général, les Bleus les tuent à coups de sabre et de baïonnette. Pendant cette boucherie, une mère, la femme Tricot, était là, tenant dans ses bras son tout jeune enfant encore à la mamelle. L'enfant est égorgé sur le coeur de sa mère, qui voit en même temps massacrer sous ses yeux son père, son beau-père, sa soeur et sa belle-soeur, son mari et un fils de 18 ans, récemment arrivé de la campagne d'Outre - Loire. Durant le massacre, cette femme n'avait cessé d'exhorter les victimes à subir la mort pour l'amour de Jésus- Christ.
— Songez, leur crie-t-elle, songez que votre Dieu est mort sur la croix, et votre roi sur l'échafaud.
Elle semblait implorer le même sort , pour elle-même; mais Grignon préféra la condamner à survivre. Après cet horrible carnage, quand les bourreaux se sont éloignés, l'admirable chrétienne, couverte du sang des siens, ensevelit de ses propres mains les cadavres mutilés de son mari, de ses enfants et de toute cette glorieuse famille de martyrs." (GAUTHEROT)
Ah, certes, ça a une tout autre allure que l'Inquisition ! Du souffle ! De l'épopée ! Non ?
J'en conclus personnellement que les dons de l'Esprit ne sont féconds que quand ils tombent dans des âmes humainement préparées, instruites avec probité dans les sciences de tous ordres, capables de juger sainement à la lumière de la Parole. Pas question d'approuver, avec mes yeux actuels, les procès de l'Inquisition, qui cependant paraissaient tout à fait normaux et naturels aux hommes de l'époque, et qu'ils étaient même exigés d'eux. Mais je puis honnêtement conclure qu'ils n'ont aucune mesure avec les atrocités fondatrices de notre République. Rien de plus, mais rien de moins.

samedi 24 octobre 2009

La question linguistique en Alsace

Le billet de ce jour est de Frédéric LE JEHAN qui fut un élu strasbourgeois et occupe une place particulière dans le paysage alsacien, car, figurez-vous, il pense ! Je me permet de vous communiquer sa réflexion sur le statut de l'alsacien et de l'allemand en Alsace.
Relégitimation
"Il est chic de parler français". Ce slogan en vogue dans l'Alsace de la Reconstruction, libérée de l'annexion de fait à l'Allemagne nazie, a rempli son objectif. Le français est pleinement devenu la langue majeure dans notre région, maîtrisée aujourd'hui par presque tous ses habitants. Mais à cet enrichissement de la connaissance de la langue nationale, répond un appauvrissement, celui de la chute de la pratique dialectale corrélée à celle de l'allemand standard. Breton d'origine, je peux certes témoigner que l'Alsace demeure sans doute la région française où la langue locale reste la plus ancrée. Et cela d'ailleurs pour une large part, car l'allemand demeura privilégié de 1871 à 1918 au sein du Reichsland. La IIIème République imposait à la même époque au sein de ses frontières la pratique d'une seule langue dans l'espace public comme à l'école pour les jeunes générations, au détriment de l'occitan, du breton, du basque, du corse, du flamand ou des patois français du Nord. Mais cet atout d'une persistance de la langue locale s'avère aujourd'hui en péril. Si l'Alsace du début des années 2000 était la seule région française à connaître une situation proche du plein emploi (taux de chômage tombant à 4,8% en 2001), cela provenait pour une large part du grand nombre de ses habitants qui travaillaient en Suisse ou en Allemagne. La crise ou plutôt des crises successives sont survenues depuis. De nombreux frontaliers furent licenciés. Beaucoup moins ont été réembauchés ensuite par des employeurs de plus en plus dubitatifs devant la maîtrise d'année en année de plus en plus imparfaite du hochdeutsch par les Alsaciens. Les métiers ou postes concernés évoluent aussi et requièrent des compétences et qualifications souvent croissantes. En atteignant un niveau record de 8,4% au second trimestre 2009, le niveau de chômage alsacien se rapproche toujours plus de la moyenne nationale.
Ces évolutions se révèlent extrêmement préjudiciables aux Alsaciens, qui disposaient jusqu'alors de l'atout de la pratique de deux langues pour leur mobilité. Cela devient même un véritable handicap, si l'on songe que l'espace compris dans un rayon de 250 km autour de Strasbourg englobe près de 25 millions de germanophones contre environ 6 millions de francophones, la mégalopole rhénane s'avérant beaucoup plus dense que les régions situées juste à l'Ouest ou au Sud des Vosges. Le problème de cette diversité linguistique ne se pose pas de manière aussi aiguë pour les actifs de la France de l'intérieur dans leur mobilité professionnelle. Le paradoxe est qu'à l'heure des célébrations de l'amitié franco-allemande et des accolades à n'en plus finir sur le Rhin, ni l'intégration européenne toujours plus forte, ni la monnaie unique, ni même une jeunesse ouverte sur la diversité du monde n'empêche la frontière linguistique naguère dans les Vosges de se reconstruire progressivement le long de ce grand fleuve. L'obstacle à la communication tend à s'accroître au fil des ans. Rien n'est pourtant inéluctable. Certains pays, comme le Grand-Duché de Luxembourg tout proche, parviennent à faire vivre le bilinguisme. D'autres ont su, comme l'Irlande ou Israël, raviver ou recréer une langue moderne. Seule une politique publique très volontariste et une véritable prise de conscience des habitants pourrait endiguer le déclin de la pratique bilingue en Alsace. Mais cela ne se fera pas par quelques mesures incitatives ponctuelles ou des "clins d'œil" au dialecte.
L'inflexion d'une évolution sociétale lourde de long terme réclame une action forte systématique et déterminée. Elle ne peux reposer sur une minorité d'engagements individuels. Elle suppose au contraire de rendre sa légitimité à la langue allemande comme langue d'Alsace au même titre que le français. Le bilinguisme paritaire devrait être généralisé dans l'enseignement à tous les niveaux, quitte à faire venir de nombreux professeurs des pays germanophones et à développer d'ambitieuses formations nouvelles. Nul doute qu'une telle remise en cause ferait l'effet d'une révolution intellectuelle au sein de l'éducation nationale. D'autres régions de France pourraient d'ailleurs en bénéficier, dans l'esprit la récente évolution constitutionnelle. Il n'y a pas d'autre issue pour éviter que l'allemand ne soit de plus en plus concurrencé par l'anglais dans les choix de familles conscientes que cette dernière langue devra de toute façon être maîtrisée par leurs enfants. J'avais en septembre 2008 écrit au Président Jacques Bigot pour lui suggérer de remplacer CUS magazine par une revue entièrement bilingue de l'Eurodistrict: en vain, M. Bigot ayant jugé dans sa réponse du 28 octobre un tel projet "prématuré". En réalité, toutes les collectivités alsaciennes (Région, conseils généraux, communes...) devraient donner l'exemple en rendant symboliquement à la langue allemande la même place que le français dans leur communication institutionnelle. La préservation de la compétitivité, de la prospérité et la sauvegarde la richesse linguistique de l'Alsace nécessitent de telles actions. Il sera encore plus chic demain de parler français et allemand.
Frédéric LEJEHAN

vendredi 23 octobre 2009

Vice de la démocratie ou démocratie viciée ?

Jean SARKOZY renonce à briguer le poste de Président de l'EPAD. Sa déclaration de renonciation est digne, et montre la fermeté de caractère de ce jeune homme. Si je maintiens que cette candidature était prématurée en raison du manque d'expérience du prétendant, je pense que les critiqueurs de tous poils projettent sur lui leur bassesse d'analyse et leur manière viciée et vicieuse d'envisager la démocratie.

Je vais m'expliquer. Le raisonnement que je tiens sur l'absence d'expérience de Jean SARKOZY, tout le monde peut le faire. Le poste est soumis à l'élection, et rien n'oblige les électeurs à renoncer à leur conviction, s'ils estiment que le candidat n'est pas apte à occuper la fonction. Les grands criailleurs de la gauche font un procès d'intention à leurs pairs de la majorité en imaginant qu'ils auraient voté, nolentes volentes, pour Jean SARKOZY au motif qu'il est le fils du Président de la République. En d'autres termes, ils prêtent à leurs adversaires politiques une attitude qu'ils auraient eue sans doute, ou se seraient crus forcés d'avoir au cas où, par exemple, monsieur Jean-Christophe MITTERRAND eût été candidat à la fonction sous le septennat de son père. Monsieur Jean-Christophe MITTERRAND a échappé au filtre de l'élection et a occupé d'importantes fonctions auprès du Président MITTERRAND, sans que quiconque s'en émeuve. Ses pouvoirs étaient immenses, ses fonctions occultes et opaques, en raison de la mission qui lui était confiée.
Mais on peut aussi imaginer que la critique est fondée, et que ce sont vraiment les moeurs de la démocratie actuelle que de voter systématiquement pour un représentant de la majorité, sans réfléchir, auquel cas la dite démocratie est bien malade, viciée en ses fondements par l'esprit de parti, l'esprit de clan, et la coalition des intérêts personnels.
Nous voyons bien que rares sont les élus qui gardent, avec la liberté de vote, la liberté d'esprit. Il me souvient qu'un ministère de gauche a manqué être renversé sous François MITTERRAND, à une voix près. La voix qui manquait était celle de monsieur Raymond BARRE qui estimait ne pas pouvoir adhérer aux motifs qui expliquaient le dépôt de la motion de censure. Je ne parle pas non plus de monsieur Guillain de BENOUVILLE, homme de droite s'il en fut, mais grand ami de François MITTERRAND, qui n'a jamais mêlé sa voix à celles de ses "amis" politiques par fidélité à son ami François. La raison de cette discrétion pourrait paraître discutable pour un homme politique. Elle ne l'est pas pour qui met l'amitié au-dessus de l'esprit de parti. Il faut encore citer monsieur CHEVENEMENT qui a préféré démissionner que de rester dans un gouvernement dont il n'approuvait pas les décisions en matière d'engagement militaire.
En somme, la démocratie souffre d'un vice initial qui est celui de l'esprit de parti, et elle est viciée par le fait qu'il est pratiquement impossible d'y déroger si l'on veut survivre politiquement. Mais ce travers est tout particulièrement français et trouve son origine dans la guerre sans merci que se livrèrent sous la Convention, les Girondins, les Jacobins, les Indulgents, les Enragés, les Brissotins et autres factions qui se déchiraient et avec elles déchiraient notre patrie. On y reviendra.

mercredi 21 octobre 2009

Eugénie et Benjamin

Dans un commentaire du billet consacré à la démocratie vue par LAOZI, Eugénie, une jeune et brillante lectrice, étudiante en Sciences Politiques, cite Benjamin CONSTANT :
"Prions l'autorité de rester dans ses limites. Qu'elle se borne à être juste ; nous nous chargerons d'être heureux ".
Et elle ajoute qu'il était visionnaire. Comme elle a raison !
Avez vous point remarqué que dans nos sociétés soi-disantes (je ne dis pas "prétendues", et je féminise et met au pluriel à dessein le participe présent) démocratiques, l'Etat n'a jamais été aussi omniprésent, pesant, minutieux dans ses directives, tatillon dans la vérification de leurs applications, grand pourvoyeur de lois, décrets, arrêtés, circulaires, documents CERFA et autres papiers, formulaires et contre-formulaires ? Il se mêle de tout, intervient dans tout, décide de tout. La seule chose dont il n'ait pas souci, c'est le bonheur des citoyens, qu'il rejette commodément dans la sphére privée. Bien entendu, on ne peut confondre l'Etat et les responsables politiques. Mais les derniers s'accommodent fort bien du premier. Ils en ont besoin pour asseoir leur pouvoir. Ainsi, dans les sociétés contemporaines, contrairement au déclarations enflammées et tyrannicides des Conventionnels, nous n'échappons pas au rapport de domination entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés. Et c'est à peine si nous avons la possibilité réelle de choisir ceux dont nous porterons le joug.
Benjamin CONSTANT utilise le mot autorité, et non pas celui de pouvoir. Il y a longtemps que dans l'espace public, l'autorité a disparu pour ne laisser la place qu'au pouvoir. L'autorité faisait grandir (auctoritas de augere : grandir) ; le pouvoir contraint. L'autorité était respectée en vertu de ce qu'elle était ; le pouvoir est craint parce qu'il peut punir et contraindre. Ce qui nous amène avec tant de philosophes politiques à la question de la "fondation".
Hannah ARENDT donne au concept de pouvoir une autre définition : "Le pouvoir correspond à l'aptitude de l'homme à agir, et à agir de façon concertée. Le pouvoir n'est jamais une propriété individuelle ; il appartient à un groupe et continue de lui appartenir aussi longtemps que ce groupe n'est pas divisé. La violence [...] se distingue [...] par son caractère instrumental [...] car ses instruments comme tous les autres outils, sont tous conçus et utilisés en vue de multiplier la puissance naturelle jusqu'à ce qu'au dernier stade de leur développement, ils soient à même de la remplacer." Cette manière de voir donne à la citation que je vous livrais hier une autre coloration : "L'opinion et non la vérité est une des bases indispensables de tout pouvoir". L'opinion n'est alors que le traitement consensuel des conflits (Paul RICOEUR). Nous en revenons à ce que je disais hier : il n'y a pas, dans notre constitution, de lieu politique pour traiter les conflits et les résoudre par un compromis RENDU OBLIGATOIRE par la Constitution même. Et qu'on n'aille pas me raconter que l'Assemblée est ce lieu. C'est un ring médiatique offert aux pugilistes, un champ clos pour le combat des chefs ; c'est un lieu où se manifeste le plus clairement la domination d'un groupe ou d'un parti, sur un autre ; c'est un lieu qui permet de départager un vainqueur et un vaincu ; c'est un lieu partisan.
Allons, pour terminer, cette réflexion de Joseph de MAISTRE :
"Aucune Constitution ne résulte d'une délibération ; les droits des peuples ne sont jamais écrits, ou du moins les actes constitutifs ou les lois fondamentales écrites, ne sont jamais que des titres déclaratoires de DROITS ANTÉRIEURS, dont on ne peut dire autre chose, sinon qu'ils existent parce qu'ils existent.
Les concessions même du souverain ont toujours été précédées par un état de choses qui les nécessitaient et ne dépendaient pas de lui.
Plus on écrit et plus l'institution est faible ; la raison en est claire. Les lois ne sont que des déclarations de droits, et les droits ne sont déclarés que lorsqu'ils sont attaqués ; en sorte que la multiplicité des lois constitutionnelles écrites ne prouve que la multiplicité des choses et le danger d'une destruction."
On en revient bien à la question de la fondation, antérieure à toute autre forme de système politique. Que sont devenus les droits originels des habitants de notre Patrie ?

Opinion et vérité ou le vice actuel de la démocratie

Dans un ouvrage dont je n'ai lu malheureusement que de brefs extraits, Hannah ARENDT dit ceci : "L'opinion et non la vérité est une des bases indispensables de tout pouvoir" (in La crise de la culture. Gallimard, Paris, 1972). Voilà qui est fort, et qui mérite qu'on y réfléchisse.
Le pouvoir dont il est question ici, est le pouvoir politique, qui, quand il est légitime, peut disposer de la force pour contraindre les citoyens à obéir à la Loi dont il a l'initiative, à défaut du droit de la faire, dévolu au Législateur. L'opinion est l'expression du jugement majoritaire des citoyens.
Il ne se passe pas de jours sans que, sur la page d'accueil des messageries, il n'y ait des "sondages" sur tout et sur rien : sur la nécessité de se faire vacciner contre la grippe ; sur la responsabilité potentielle de monsieur de VILLEPIN dans l'affaire Clearstream ; sur la petite phrase de telle ou telle personnalité. Ainsi, faire de la politique reviendrait à suivre l'opinion majoritaire, souvent très superficielle et peu éclairée, de la population. C'est bien l'opinion et les instituts de sondage qui gouverne le plus souvent les décisions du pouvoir exécutif (brr.. ça fait froid dans le dos, tellement ça ressemble à exécution !)
Les pays gouvernés par des dictateurs ou des tyrans ne se soucient pas de l'opinion. Ceux-ci agissent et ordonnent en fonction de systèmes idéologiques, ou de leur bon plaisir. ROBESPIERRE avait pour maître Jean-Jacques ROUSSEAU, et nous avons de nombreux témoignages sur le soin qu'il prenait à en suivre les préceptes ; HITLER avait son Mein Kampf et ses théories sur la supériorité de la race aryenne, et particulièrement de la race indo-germanique, comme le disaient les ethnologues, anthropologues et philosophes allemands contemporains du tyran. Monsieur MUGABE suit son bon plaisir.
Alors il resterait à gouverner selon la vérité, sur quoi le pouvoir, selon Hannah ARENDT, ne peut tabler. Ceci pour plusieurs raisons. Selon moi, la première est que dans les mentalités et dans la philosophie conemporaines, il n'y a pas de vérité, que tout est relatif, change avec les circonstances. Il y a même des psychanalystes ou des philosophes qui nient que le langage ait une quelconque signification (LACAN, FOUCAULT), langage qu'ils utilisent du reste pour communiquer cette pensée avec un certain bonheur. La seconde, est que gouverner selon la vérité heurterait le goût du progrès, si propre au peuple français. Il en résulterait en effet que toutes les décisions ne se valent pas, que certaines sont meilleures que d'autres, et que certaines vont contre la vérité. La troisième est que dans un espace public qui est déclaré laïc, il n'est pas possible de se référer à une parole extérieure au champ politique, même pas à la morale naturelle commune à tous les êtres humains. La vérité du moment devient la norme de l'action, et la vérité du moment c'est l'opinion majoritaire.
A cet égard, et pour conclure, il faut rendre hommage au Président François MITTERRNAD, qui suivant la voix sa conscience, a supprimé la peine de mort, contre l'opinion de la majorité des Français. C'est, de mon point de vue, le seul réel titre de gloire qu'il faut lui laisser. Que ne l'a-t-il suivie en d'autres domaines...
En somme, le grand vice de la démocratie contemporaine est d'être gouvernée par l'opinion et non par la vérité. La vérité, c'est que l'homme politique doit conduire l'homme à la fin qui lui est due, et que cette fin ne saurait se borner à être matérielle.
C'est tout pour aujourd'hui

mardi 20 octobre 2009

Sur le vif

Dans le jardin de l'immeuble voisin, une vieille femme, courbée par l'âge, appuyée du bras droit sur une canne, donne le bras gauche à un beau jeune homme. Lui, la tête tournée vers elle, la regarde avec tendresse, amour et respect. Ils font à peine un pas toutes les deux secondes. Où vont-ils ? Je ne le sais. Ils se dirigent vers le portail qui donne sur la rue. L'arrière petit-fils sans doute aide son aïeule à faire les courses, ou qui sait, ses dévotions. Il y consacrera sa matinée quand d'autres préféreraient faire du sport, voir leurs amis, ou paresser dans leur lit.

Qu'il soit béni !


Avant-hier, dans la rue, un petit garçon marche en équilibre sur un muret. Il donne la main à sa nounou, une femme d'un certain âge, d'origine maghrébine, portant avec noblesse le foulard sur la tête, armée d'un éclatant sourire. Elle regarde ce petit enfant comme si c'était son fils. Je le lui dis. - Ah, monsieur, si l'on aime pas les enfants, on ne se fait pas leur gardien. Oh oui ! j'aime les enfants !

Qu'elle soit bénie !


Tous les jours que Dieu fait, il va vers 19 h 50 chez le boulanger du quartier, pour chercher les pains invendus. Notre artisan préfère les donner à Tibériade que de les jeter ou de les vendre rassis : pains aux noix, aux figues, aux olives, aux cinq céréales, pain jaune au maïs, il donne tout et notre bénévole accepte tout. Il les met au congélateur et nos accueillis peuvent ainsi profiter de cette manne si généreusement donnée.

Que l'un et l'autre soient bénis !


K... est là chaque dimanche, au portail du square qui donne accès à Saint-Jeanne de Chantal : blouson de cuir râpé jusqu'à l'âme, qui jadis dût être marron, noir peut-être. Une improbable casquette visée sur la tête, il salue les paroissiens, qui le connaissent de longue date. Je suis personnellement le préposé au billet de métro dominical... K... est un ami. Je suis l'ami de K... Il en a d'autre. T..., par exemple, un converti, baptisé depuis sept ans, qui est la bonté personnifiée. Il n'est pas bien riche. Tous les dimanches, il apporte à K... une bouteille thermos de café. Il nous arrive de le partager. Un des diacres de notre paroisse, dans son homélie en tous points remarquables, disait dimanche dernier que le pauvre est celui qui ne peut pas donner, que la pauvreté est cette impossibilité là. K... veut nous inviter à déjeuner dans un restaurant. K... n'a pas un sous vaillant, mais il sait donner. Nous accepterons. T... n'est guère riche que de sa bonté, et de son petit salaire de cantonnier. K... n'a presque rien à lui. Mais ils ne sont pas pauvres, eux.

Qu'ils soient bénis pour la leçon qu'ils me donnent et que je reçois avec une émotion infinie !


"Père, je te bénis. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, c'est au tout petits que tu l'as révélé" disait Jésus dans le feu de l'Esprit Saint. Quand on a vu ce que j'ai vu là, on ne désespère pas des hommes, et l'on rend grâce au Créateur qui nous manifeste sa bonté à travers nos frères humains.


lundi 19 octobre 2009

On devrait l'appeler Mirowsky

David DOUILLET vient d'être élu député des Yvelines. Je m'en réjouis, car l'homme est sympathique ; et par sa vie et ses engagements, il a montré l'amour qu'il portait à sa patrie, et à la cause des plus petits. Son élection aurait été acquise avec plus de 1.000 voix d'avance sur son adversaire socialiste.
On peut comprendre la déception des adhérents du PS. Et j'aurais compris que monsieur Christophe BORGEL, responsable des élections dans ce parti, la manifestât, tout en félicitant le vainqueur. Pas du tout. Monsieur BORGEL est doté d'un sixième sens qui lui permet de sonder le coeur des électeurs. Selon lui, ce n'est pas par son étiquette UMP que David DOUILLET a été élu, mais parce qu'il avait été double champion olympique de judo. Car monsieur BORGEL, pratiquant la polylocation, et muni d'un électoromètre spécial était derrière les tentures de tous les isoloirs et pouvait exactement évaluer les motivations des électeurs.
C'est pitoyable à plus d'un titre. Le premier est terrible et manifeste une ignorance totale du fonctionnement de l'âme humaine. Monsieur BORGEL découpe David DOUILLET en tranches : il y a le judoka, il y a l'adhérent de l'UMP, il y a l'homme qui a mis sa notoriété au service de l'opération "pièces jaunes", le fidèle en amitié, etc. Et c'est la première tranche qui a été plébiscitée. Les autres sont priées de rester au vestiaire. Le deuxième est que cette opinion manifeste non pas une déception, mais un dépit - celui des impuissants -, du ressentiment même, au sens ou NIETZSCHE l'entendait, alors que monsieur BORGEL pouvait se hisser à une bonne hauteur d'âme, en reconnaissant les qualités du vainqueur, en lui souhaitant bonne chance, et en lui demandant de bien vouloir prendre en compte dans l'élaboration de ses choix, l'opinion de tous ses électeurs. Voilà qui était digne, voilà qui hissait monsieur BORGEL et ses amis en une position symétrique à celle des gagnants.
Non, monsieur BORGEL a sondé le coeur des électeurs avec un appareil spécial, j'ai envie de l'appeler le PSmètre, et il sait mieux que les votants pourquoi ils ont ainsi voté. Je propose que monsieur Christophe BORGEL soit désormais appelé monsieur Mirowsky Christophe BORGEL en raison de cette aptitude particulière à deviner les pensées des autres. Et je lui suggère aussi de suivre quelques cours d'anthropologie. Ça pourrait toujours lui être utile.

dimanche 18 octobre 2009

Droits de l'homme ? Droits de l'individu ? Ou droits des citoyens franco-français ?

L'un de mes fidèles lecteurs me fait le gentil reproche de ne pas avoir été assez loin dans mon appréciation critique de la Déclaration des Droits de l'homme (qui est en réalité la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, notez ce point). J'avais bien mentionné, cependant, que ce progrès indéniable, n'était que la déclaration des Droits de l'individu, et que son anthropologie était assez courte. Et dans une réponse à mon lecteur, j'allais plus loin en disant très crûment que cette déclaration des Droits de l'homme n'est que la déclaration des individus franco-français.


Il faut que je m'en explique.


Selon moi, l'homme est un sujet social. Par définition, un sujet est une personne qui pense et qui dit "Je". En rester là, en négligeant la relation du "je" au "tu" ou au "vous", est une très grave erreur. Car réduit à son seul "je", l'homme en vient à n'être relié qu'à son moi, c'est à dire à regarder son nombril, et à s'étioler. On peut tenir pour assuré que pour se développer, l'homme a besoin d'être relié à autrui, ou plus exactement à d'autres sujets avec qui il échange et sous le regard desquels il se construit. Nous connaissons tous, les ravages que fait la solitude dans le psychisme humain, ses répercussions sur la santé physique et mentale

Or la Déclaration n'envisage l'homme que dans son rapport au politique, en tant que citoyen, et non en tant que sujet social, membre de corps intermédiaires vivants. Même le fameux article I, tombe sous le coup de cette restriction : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits". On voit bien, et les autres articles le prouvent, qu'il s'agit d'une égalité de droits politiques. Toutefois il ne nous est pas interdit de penser cet article plus largement, et d'étendre sa compréhension à une égalité d'essence supérieure, une égalité de dignité qui met l'aborigène de Nouvelle Guinée au même niveau que le citoyen français. Voilà le progrès indéniable, et qu'il convient de souligner.


Le contenu de la quasi totalité des autres articles est abstrait, rédigé dans un style incompréhensible pour la majorité des citoyens ; la Déclaration est rédigée, de manière fumeuse, imprécise, digne des philosophes des Lumières dont elle s'inspire. Voici déjà la déclaration préliminaire du 26 août 1789 : tout est tourné vers le politique, rien vers l'humain. C'est d'un ridicule achevé et d'une grandiloquence qui ferait sourire si le sujet n'était pas si grave.


"Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés ; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, et au bonheur de tous. En conséquence, l’Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être Suprême, les droits suivants de l’homme et du citoyen."
Il n'y a rien là-dedans qui ait trait aux relations que tout être humain doit entretenir avec ses semblables, et au droit qu'il a d'en entretenir à ce titre avec eux. Rien d'autre que le sujet devant la Loi, comme si tout le reste allait de soi.
Examinons quelques uns de ces articles de plus près.

Article premier
Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

On ne peut qu'être d'accord avec cette déclaration de principe, surtout si l'égalité ainsi présentée est une égalité de dignité, de celle qui a permis à Montaigne de parler de ces indigènes et de leurs représentants en des termes touchants, ou de celle qui a poussé Bartholomé de LAS CASAS à soutenir devant SEPULVEDA que les indiens d'Amérique avait une âme qui valait bien celle des Européens. Je fais ici allusion à la controverse de VALLADOLID.

Article II
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression.

Tout cela est bien abstrait, et l'on s'épouvante de la définition que l'article IV donne de la liberté, dont les bornes seraient celles de la liberté de l'autre. Où voyez-vous poindre la moindre trace de relation à autrui ? Rien de tout cela. Qu'est-ce que la résistance à l'oppression ? Je considère personnellement que les peuples divers qui composent notre patrie ont été largement opprimés dans leur langue, leur culture, leurs traditions. Ils n'ont guère eu le moyen de s'opposer au rouleau compresseur des idéologues du jacobinisme. Et quand deux libertés, parfaitement subjectives, se heurtent, voyez vous apparaître le nécessaire respect de l'autre et la nécessité d'avoir des instances qui permettent l'expression d'un compromis ?

Article III
Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.
C'est grâce à cet article que l'on a supprimé les "Privilèges" (privata lex, loi privée) que l'on avait indûment et volontairement confondus avec des "Avantages". Cet article a signé la mort des corps intermédiaires, et il laisse chaque citoyen (on ne parle plus ici d'être humain !) complètement désarmé devant la volonté de la Nation, laquelle est représentée tantôt par une majorité tantôt par une autre, qui manifestement ne représente qu'elle-même et impose avec violence son point de vue aux opposants. Et c'est vrai aujourd'hui encore. Je pense notamment au viol des cultures et à la suppression des langues régionales. Si ça n'est pasun droit naturel que de pouvoir parler sa langue maternelle et la transmettre à ses enfants, je me fais garde-suisse au Vatican.
Article IV
La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

On est loin de la définition de la liberté qu'a donné Simone WEIL et dont j'ai souvent parlé ici même. Il s'agit ici de la liberté de faire ce qui me plaît dans la mesure où elle n'empêche pas l'autre d'en faire autant : c'est ainsi que naissent les inexpiables conflits d'intérêts, de volonté de puissance. Et qu'est-ce qu'une liberté définie par la Loi ? On connaît la chanson des libertés dans les dictatures...


Aucune de ces notions fumeuses n'est inscrite dans les Constitutions de nos voisins européens. Mais chez nous, la Déclaration, tout droit sortie du cerveau des philosophes des Lumières, fait partie du "Bloc Constitutionnel". Tout le vice de cette Déclaration, est compris dans dans l'article IV. Les lois privées ou privilèges qui régissaient la vie des Corps intermédiaires sont abolies ; elles protégeaient le citoyen des abus d'une administration anonyme ; l'article donne possibilité à une majorité, fût-elle minime, d'imposer des lois iniques, immorales, ou tâtillonnes.
Tout est faux dans cette déclaration, tout est système, rien ne repose sur des sentiments humains éprouvés spontanément par tous les habitants de la planète.

Mais le système politique français, formaté par cette pensée complètement déconnectée de la nature humaine, a forgé un citoyen qui ne trouve sa liberté que dans un individualisme forcené, (car la solidarité imposée, l'égalité décrétée, si manifestement bafouée par la nature, par la société, et par la loi y conduit inévitablement, simplement pour permettre de respirer !) puisqu'il n'a d'existence aux yeux de la loi que politique. Or l'homme n'est pas qu'un animal politique, il n'est pas qu'un animal économique. Il est tout autre chose, et ni la Déclaration, ni nos hommes politiques, ni nos enseignants n'y peuvent rien changer. Une telle négation de la réalité de ce qu'est l'homme nous a conduit où nous en sommes : capables de donner leurs vies pour des idées, les Français sont incapables de s'accommoder du réel et de faire les sacrifices nécessaires pour sauver leur patrie.

Ma pendule est à l'heure

Merci à ceux de mes lecteurs qui m'ont aidé à mettre la pendule de ce Blog à l'heure. Je ne saurais vous dire comment j'ai fait, mais il semblerait bien que ce fût une bonne manoeuvre qui m'a fait réussir dans un exercice rebelle à mon entendement depuis fort longtemps.
A tous amitiés.

La démocratie vue par Laozi

Au chapitre XVII du Daodejing (Tao-te-king), LAOZI (LAO TSSEU) dit ceci qui me semble d'une très profonde sagesse :
"Au temps de la Grande Vertu, les Souverains,
A peine leurs sujets s'avisaient-ils de leur existence.
Ah qu'ils apparaissaient lointains, avares de paroles,
S'acquittant simplement de leur mandat,
Laissant les affaires suivre leur cours.
[...]
Et le peuple s'écriait
Nous agissons en tout par nous-même."
Pour ceux qui connaissent un peu la Chine, et pour autant qu'on croit pouvoir la deviner, on reconnaît dans cette strophe un résumé de la doctrine du non-agir du souverain, principe efficace du gouvernement des hommes. Je souligne ce point pour ne pas indûment donner à ce passage un sens accordé totalement à ma philosophie politique. Mais la pointe en est dans les deux derniers vers qui exaltent la joie du peuple, capable et libre d'agir par lui-même. Et en cela, il n'y a pas de torsion possible du sens. C'est bien la démocratie qui est vantée dans ce poème.
Il faut savoir ce que cela signifie que la liberté d'agir. Voulez-vous des exemples de l'intolérable intrusion de l'administration dans notre vie quotidienne ? En voici : dans une ville d'eau de l'Est, un ami a acheté une maison, certes sympathique, mais qui n'est pas l'oeuvre de PALLADIO. Il veut repeindre ses volets et ses huisseries, et doit soumettre le choix des couleurs à l'administration départementale, avant de pouvoir le faire ; dans une grande ville de l'Est, un autre ami possède une maison caractéristique de l'architecture d'une ville où a fleuri un art très particulier, et très prisé. La porte de son garage est ruinée par les intempéries ; il la change. Et quelques semaines après, reçoit une lettre comminatoire de je ne sais quel bureau, lui enjoignant d'enlever cette porte et d'en mettre une à la convenance de l'administration chargée de l'architecture. Vous voulez faire construire une piscine dans votre maison de campagne, à supposer que vous en avez une et que vos moyens vous permettent cette petite folie ? Il vous faudra l'avoir aux normes, et l'équiper de dispositif anti-ceci, anti-cela, etc. Etes-vous arboriculteur ? Vous croyez que vous pourrez vendre tous vos fruits. Il n'en est rien. Ils doivent avoir un certain calibre, fixé par les bureaux de BRUXELLES, tout comme l'est la largeur des pneus d'une voiture ou d'un tracteur, etc. Peut-être voudriez-vous mettre aux portes de votre commune un panneau indiquant qu'elle héberge telle ou telle richesse. Le panneau doit avoir telle couleur, les lettres, telle forme et telle dimension, comme du reste celle de la plaque d'immatriculation de votre véhicule. Ce ne sont là que des exemples. Il y en a des milliers, comme par exemple la fixation de la date des vendanges (le ban des vendanges), et des tas d'autres, ubuesques, pittoresques ou insensés.
Bien entendu, tout cela au nom du respect de la différence.
Nos pères n'étaient pas soumis à de telles contraintes. Ils n'ont pourtant pas produit une architecture vulgaire ou éphémère ; ils avaient dans leur verger des dizaines d'espèces de pommiers ou de poiriers, dont seuls quelques arboretums possèdent encore des exemplaires ; leurs lavoirs, tous différents d'une région à l'autre, étaient superbes et fonctionnels et servaient à l'occasion de piscine à leurs gamins qui ne s'en portaient pas si mal ; les vestiges des bornes, des plaques de rue, révèlent un art de l'écriture monumentale que nous avons perdu.
A vrai dire, en perdant le sens de la subsidiarité, si chère à Thomas d'AQUIN, notre administration et nos hommes politiques ont perdu le sens de la singularité, de l'unicité. L'homme s'est transformé en un numéro de sécurité sociale associé à un numéro déterminant sa "catégorie sociale" (quelle horreur). Des actuaires, à l'aide de savantes formules, déterminent par calcul de probabilité, le temps de survie possible de tel ou tel, et celui pendant lequel les caisses de retraites devront payer les pensions. Il n'y a rien de réel, d'interpersonnel. Il n'y a que de la statistique, et derrière, des soucis de finances. Mais l'égalité est sauve, n'est-il pas ?
Voilà le monde que la soi-disant et prétendue idéologie du progrès est en train de nous fabriquer. Un monde étouffant, impersonnel, glacé, sans âme. Ne vous étonnez pas de voir que la société réagit par des tentatives de respiration qui s'appelle écologie, retour à la terre, vie communautaire, mode vestimentaire extravagante, échappée dans la drogue. Car on ne fait pas de génuflexion devant les statistiques, les journaux officiels, et les bureaux de l'administration.
Il nous faudrait un autre LAOZI

samedi 17 octobre 2009

Gwir

L'un de mes lecteurs s'étonne que je connaisse un (petit) peu l'histoire de la Bretagne, en tout cas au moins l'extension extraordinaire des peuples celtiques au temps anciens. Il n'y a là rien de bien étonnant. Comment peut-on être un farouche adversaire du mensonge officiel distillé par les dinosaures de l'Education Nationale, tourmentés à leur insu par les fantômes de la Révolution, et ne pas défendre un peuple qui a été opprimé par les promoteurs des carnages ?


Il y a dans la manière dont on nous raconte notre histoire une tentative de mythification au sens où René GIRARD le dit dans la quasi totalité de ses livres. Il y a eu du sang répandu, et tout particulièrement celui d'une victime parfaitement innocente, Louis XVI. Après bien des convulsions civiles, l'ordre est revenu, et l'on a eu droit à Napoléon. Du sacrifice inaugural de l'innocent et des sacrifices démultipliés à l'image de celui-ci, nous ne voulons plus voir que les fruits (amers) de ce nouvel ordre. Dans ce but, il est nécessaire de trier dans les faits et les opinions ce qui est utile à cet ordre, y compris dans ses aspects positifs. Et le mensonge est ancien qui a commencé avec le pire des tyrans que la France ait jamais connu. Le mythe, en effet, est né très tôt après les événements. Voici ce que l'Empereur écrivait à son ministre de l'Intérieur, le Comte CRETET, le 12 avril 1808 :

« On doit peindre les Massacres de Septembre et les horreurs de la Révolution du même pinceau que l'Inquisition et les Massacres des Seize. Il faut avoir soin d'éviter toute réaction en parlant de la Révolution. Aucun homme ne pouvait s'y opposer. Le blâme n'appartient ni à ceux qui ont péri, ni à ceux qui ont survécu. Il n'était pas de force individuelle capable de changer les éléments et de prévenir les événements qui naissaient de la nature des choses et des circonstances».
Autrement dit on doit mentir. Le mensonge, vous le voyez est ancien. Seulement voilà, il n'est plus possible de faire de l'ordre sur du sang. Il y a toujours eu et il y aura toujours des aveugles. Mais il y a aussi Jésus injustement crucifié et qui a dévoilé l'origine sanglante des religions apparues antérieurement à sa venue. Nous ne pouvons plus l'ignorer. La Révolution, avec Louis XVI a voulu refaire le coup du bouc émissaire, mais ça ne marche plus. Le mécanisme est éventé.
Dans la profonde cohérence des interprétations que nous sommes en train, tous ensemble, de construire, je me permets de vous souligner que BONAPARTE utilise le mot "on", bien utile pour ne pas avoir à désigner la machine d'Etat et les faiseurs de vérité. Mais "Rachel dans Rama pleure toujours ses enfants" : ni les puissantes sociétés d'idées, ni les complices du mensonge ne pourront empêcher que les sanglots de cette mère montent vers le Ciel. Car ce qui est vrai (Gwir, en breton) est vrai, et le demeure éternellement.

vendredi 16 octobre 2009

Un portrait au vitriol

Joseph de MAISTRE dont nous avons beaucoup parlé ces temps-ci sur ce Blog a été ambassadeur du Roi de Sardaigne auprès de l'Empereur de Russie. C'est pourquoi, parmi ses oeuvres, il en est une qui est intitulée "Les soirées de Saint-Pétersbourg". Il semble bien que le palais de l'Ermitage hébergeait le portrait de VOLTAIRE du temps ou le Comte habitait la capitale de la Russie. Joseph de MAISTRE, avec raison et je m'en expliquerai, détestait - à la mesure même du talent qu'il lui prêtait et qu'il jugeait immense mais prostitué - le "Philosophe" de FERNEY. La vue du tableau de l'Ermitage lui inspira ce portrait au vitriol.
"N'avez-vous jamais remarqué que l'anathème divin fût écrit sur son visage ? Allez contempler sa figure au palais de l'Ermitage. Voyez son front abject, que la pudeur ne colora jamais, ces deux cratères éteints où semble bouillonner encore la luxure et la haine, ce rictus épouvantable courant d'une oreille à l'autre, et ces lèvres pincées par la cruelle malice, comme un ressort prêt à se détendre pour lancer le blasphème ou le sarcasme.
Semblable à cet insecte, le fléau des jardins, qui n'adresse ses morsures qu'à la racine des plantes les plus précieuses, Voltaire, avec son aiguillon, ne cesse de piquer les deux racines de la société, les femmes et les jeunes gens; il les imbibe de son poison, qu'il transmet ainsi de génération en génération.
D'autres cyniques étonnèrent la vertu ; Voltaire étonne le vice. Il se plonge dans la fange, il s'y roule, il s'en abreuve. Quand je vois ce qu'il pouvait faire et ce qu'il a fait, ses inimitables talents ne m'inspirent plus qu'une espèce de rage sainte. Paris le couronne, Sodome l'eût banni."
J'ai découvert avec stupeur, dans un livre dont je reparlerai, que VOLTAIRE détestait sa mère, que ses malversations avaient ruiné une famille qui lui avait confié ses biens, et qu'il est mort dans la folie, absorbant peu avant son dernier soupir, le contenu de son vase de nuit. Je mets sur ce dernier détail un doute légitime, car l'auteur ne donne pas de source vérifiable à l'information, et je déteste les on-dit, même si l'ouvrage est extrêmement crédible. Je vais sur ce point me renseigner. En revanche, il est avéré que VOLTAIRE était rongé par l'angoisse, la culpabilité, le remord, surtout sur la fin de sa vie, comme en témoignent les lettres qu'il écrivit à divers correspondants. On sait le rôle que ce littérateur exceptionnel par son talent de plume eut dans l'avènement de la Révolution, dans la germination de cette convulsion au profond du corps des élites intellectuelles et aristocratiques de son temps. Il est mort trop tôt pour voir les fruits empoisonnés de ses pensées viciées et vicieuses. Nul ne peut préjuger de ce qu'il en aurait dit et s'il aurait pu voir la part qu'il avait prise dans les persécutions de ses compatriotes par une poignée de fous. Paix à ses cendres et yeux grands ouverts sur ses écrits.

mercredi 14 octobre 2009

Démocratie et compétence

L'affaire continue de faire grand bruit. On s'étonne de voir qu'un jeune homme de 23 ans, qui n'a pour tout bagage que deux années de droit, puisse être propulsé par ses pairs, à un poste de très haute importance stratégique : la présidence de l'EPAD.
La polémique, semble-t-il, repose sur une erreur de jugement, inhérente à la nature de la démocratie française. L'erreur est simple et se résume en une croyance déraisonnable : du côté de ceux qui soutiennent la candidature de Jean SARKOZY à ce poste, et de Jean SARKOZY lui-même, la certitude que l'onction du suffrage universel suffit à rendre compétent un élu qui n'est que politiquement légitime, alors qu'ils ne cessent de vanter les bienfaits du mérite. Du côté de l'opposition, l'accusation d'intrigue, de népotisme, de tricherie, alors que ses membres ne cessent de proclamer les bienfaits de la démocratie élective qui veut qu'un élu, fût-il un imbécile, soit un homme parfait et saint de par son élection, quand il appartient à sa faction. (Mais il y a des exceptions. Aucun d'entre eux n'a disputé à madame AUBRY le droit d'être ministre alors qu'elle n'avait aucune fonction élective, et ne lui a reproché d'être la fille de son père.) En d'autres termes, vous aurez reconnu un travers bien français : le goût de la dialectique et la contradiction pour moi insupportable, incivique, et schizophrène, du faire et du dire.
Du point de vue de la majorité, il était assez simple et cohérent de dire que Jean SARKOZY n'avait pas fait ses preuves et que sa formation et ses mérites, ambition mise à part, ne lui donnaient aucun titre pour prétendre à présider l'EPAD même s'il avait le droit de le faire. Du côté de l'opposition, il était cohérent et juste de reconnaître à un élu le droit de postuler, même s'il n'avait aucun mérite à le faire. Après tout, la Convention a député dans les provinces des envoyés en mission qui étaient non seulement de sinistres crétins mais aussi des lâches et des monstres, et personne ne semble s'en émouvoir dans les chaumières de l'histoire officielle qui fait l'affaire de tous les affairistes de la démocratie.
Il faut donc tenir les deux bouts de la corde : l'élection légitime la fonction de faire la loi, qui n'est aujourd'hui que la somme mathématique de l'opinion majoritaire ; la formation et les mérites vérifiés - et ils sont vérifiables - fondent seuls le droit à exercer des fonctions exigeant des compétences et des savoirs spécifiques. Cela porte un nom : le gouvernement par les meilleurs. Mais au pays de l'égalité, les meilleurs n'ont pas droit de cité. Tous pareils, tous interchangeables, tous compétents pour tout, à la condition d'être un élu.

.

Que sont devenus les députés régicides de la Convention ?

Si vous avez du temps et le goût des textes anciens ou antiques, lisez l'ouvrage de PLUTARQUE Sur les délais de la justice divine dans la punition des coupables (traduction de Joseph de MAISTRE), publié bien longtemps avant par AMYOT sous le titre Pourquoy (sic) la justice divine diffère quelquefois la punition des maléfices.

J'utilise ici la version de Joseph de MAISTRE. Au chapitre XIII, PLUTARQUE note :

"Considérons maintenant si quelques nations grecques n'ont pas adopté avec beaucoup de raison la loi égyptienne qui ordonne que 'si une femme enceinte est condamnée à mort, on suspende le supplice jusqu'à sa délivrance' ; maintenant, au lieu d'une femme qui a conçu matériellement, imaginons un coupable qui porte dans le fond de son âme une bonne action, une grande pensée, un conseil salutaire, une invention utile : ne préfèrera-t-on pas, d'une commune voix, la clémence qui laisse mûrir et naître ces fruits de l'intelligence, à la justice précipitée qui les aurait fait avorter ? Jusqu'ici la comparaison est exacte : elle devient fausse ensuite, mais c'est au profit de la vérité ; car cet enfant que la mère condamnée doit mettre au monde, ne peut lui-même sauver sa mère dont le sort est décidé ; au lieu que cette bonne action que Dieu voit dans l'avenir, sera pour le coupable un mérite qui aura la force d'adoucir le supplice, peut-être même de le prévenir. Comment donc la suprême bonté pourrait-elle annuller (sic) ce mérite en le prévenant par une punition précipitée ?"

Le hasard a voulu que je trouve récemment un livre sur le "Châtiment des Révolutionnaires". Vous trouverez ci-dessous, classés par ordre des départements d'origine le sort des députés régicides de la Convention ; quelquefois, les noms sont suivis d'une autre mention comme "bannissement" ou "réclusion". Dans ce cas ces députés n'ont pas voté en faveur de la mort de Louis XVI. Si je vous donne cette liste, c'est pour montrer comment une Révolution, la française en particulier, dévore ses enfants. Dans un premier mouvement, on ne peut s'empêcher de penser que ces fanatiques ont reçu le juste châtiment de leur iniquité. Mais en vérité, on ne peut que pleurer tant de sang versé au nom de la démocratie et de la liberté. Je la donne pour que vous ayez une documentation irréfutable et factuelle, et non pas une vague idée de ce fut la terreur qui régnait aussi sur la Convention. Il est assez étonnant qu'aucune réflexion n'ait été faite et enseigné à nos collégiens et lycéens sur cet aspect universel de toutes les révolutions.

Sort de quelques députés ayant voté la mort de Louis XVI et de quelques autres ayant voté le bannissement ou la réclusion. La liste ne semble pas exhaustive. Elle est donnée par ordre alphabétique des départements desquels provenaient ces élus. Vous constaterez que 31 départements ont vu leur représentant condamné à mort. Les plus gros contingents de victimes étaient les élus de la Gironde, de Paris, des Bouches-du-Rhône, puis l'Eure-et-Loir et le Puy-de-Dôme.

Saint-Just (Aisne). — Guillotiné le 28 juillet 1794.
Condorcet (Aisne). — S'est empoisonné dans la prison du
Bourg-la-Reine, près Paris.
Rabaud Saint-Etienne (Aube). — Guillotiné le 15 décembre 1793.
Jean Duprat (Bouches-du-Rhône). — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Rebecquy (Bouches-du-Rhône). — S'est noyé à Marseille en 1793.
Barbaroux (Bouches-du-Rhône). — Guillotiné à Bordeaux le 7 messidor an II.
Gasparin (Bouches-du-Rhône). — Ce martyr de la liberté est mort d'indigestion à Toulon.
Rovère (Bouches-du-Rhône). — Mort à Cayenne en 1798.
Deperret (Bouches-du-Rhône) : la réclusion. — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Fauchet (Calvados) : la détention. — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Cussy(Calvados). — Guillotiné le 15 novembre 1793.
Bazire (Côte d'Or). — Guillotiné le 15 avril 1794.
Hugyes (Creuse). — Guillotiné le 6 octobre 1796.
Buzot (Eure). — Trouvé dans un champ, dévoré par des oiseaux de proie (suicide, mort à saint-Magne [Gironde] en 1794).
Duroy (Eure). — Condamné à mort par une commission militaire le 16 juin 1795. Il s'est poignardé après la lecture de son jugement ; n'étant pas mort de ses blessures il a été exécuté le même jour.
Lacroix (Eure-et-Loir) — Guillotiné le 5 avril 1794.
Brissot (Eure-et-Loir) — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Pétion (Eure-et-Loir) — Trouvé dans un champ, dévoré par des oiseaux de proie (suicide, mort à Saint-Émilion en 1794).
Rabaut-Pommier (Gard). — Guillotiné le 16 décembre 1793.
Desazy (Haute-Garonne). — Guillotiné le 5 avril 1793.
Vergniaud (Gironde). — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Guadet (Gironde). — Guillotiné le 23 juin 1794.
Gensonné (Gironde). — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Grangeneuve (Gironde) : La réclusion — Guillotiné le 20 décembre 1793.
Ducos (Gironde). — Guillotiné le 30 octobre 1793.
Boyer-Fonfrède (Gironde). — Guillotiné le 31A octobre 1793.
Lacaze (Gironde) : La réclusion. — Guillotiné le 30 octobre 1793.
Duval (Hérault). — S'est tué.
Fabre (Hérault). Tué le 12 janvier 1794.
Chabot (Loir-et-Cher). — Guillotiné le 5 avril 1794.
Coustard (Loire-Inférieure) : La réclusion. — Guillotiné le 7 novembre 1793.
Delaunay (Maine-et-Loire). — Exécuté en l'an II.
Charles Charlier (Maine-et-Loire). — S'est suicidé en 1797.
Sallès (Meurthe) : La détention. — Guillotiné à Bordeaux le 19 juin 1794.
Lehardy (Morbihan) : La détention. — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Gillet (Morbihan) : La détention. — Tué par Le Cat.
Anacharsis Clootz (Oise). — Guillotiné le 24 mars 1794.
Dufriche-Valazé (Orne). — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Robespierre (Paris). — Guillotiné le 28 juillet 1794.
Danton (Paris). — Guillotiné le 5 avril 1794.
Collot d'Herbois (Paris) — Déporté en Guyane. Mort là-bas dans des affreuses angoisses, torturé par le remord. Pour aller plus vite dans sa besogne de tueur à Lyon, il utilisait des canons de marine contre les condamnés.
Manuel (Paris) : La détention. — Guillotiné le 14 novembre 1793.
Camille Desmoulins (Paris). — Guillotiné le 5 avril 1794 (en même temps que Danton).
Billaud-Varennes (Paris). — Déporté en Guyane. Refuse l'amnistie de Bonaparte (!). Passe en Haïti au retour des Bourbons. Meurt à Port-au-Prince (!) en 1819.
Marat (Paris). — Tué par Charlotte Corday le 14 juillet (eh oui !) 1793.
Fabre d'Églantine (Paris). — Guillotiné le 5 avril 1794 (l'inventeur du calendrier républicain était un concussionnaire notoire).
Osselin (Paris). — Guillotiné le 27 juin 1794.
Robespierre le jeune (Paris). — Guillotiné le 28 juillet 1794.
Louis-Philippe dit Égalité, duc d'Orléans (Paris). — Guillotiné le 7 novembre 1793.
Duquesnoy (Pas-de-Calais) — S'est suicidé par le poignard.
Lebas (Pas-de-Calais) — S'est suicidé.
Couthon (Puy-de-Dôme). — Guillotiné le 28 juillet 1794.
Romme (Puy-de-Dôme). — Condamné à mort par la Convention thermidorienne, se suicide en 1795.
Soubrany (Puy-de-Dôme). — Guillotine en 1795, après une tentative de suicide pour échapper à l'exécution voulue par la Convention thermidorienne.
Féraud (Hautes-Pyrénées). — Assassiné dans la Convention le 20 mars 1793.
Biroteau (Pyrénées-Orientales). — Guillotiné à Bordeaux le 14 octobre 1793.
Cusset (Rhône-et-Loire). — Fusillé le 10 octobre 1796.
Javogue fils (Rhône et-Loire) . — Fusillé le 9 octobre 1796.
Phélipeaux (Sarthe). — Guillotiné le 5 avril 1794.
Gorsas (Oise). — Guillotiné le 5 avril 1794.
Héraut de Séchelles (Seine-et-Oise). — Guillotiné le 5 avril 1794.
Teillier (Seine-et-Marne). — S'est tué le 17 septembre 1795.
Duchastel (Deux-Sèvres) : Le bannissement — Guillotiné le 30 octobre 1793.
Sillery (Somme) : La détention — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Lasource (Tarn). — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Lesterpt-Beauvais (Haute-Vienne). — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Maure aîné (Yonne). — S'est tué.
Lepelletier Saint-Fargeau (Yonne). — Tué le 20 janvier 1793 au Palais Royal.
Boileau (Yonne). — Guillotiné le 31 octobre 1793.
Bourbotte (Yonne). — Guillotiné le 15 juin 1795.

mardi 13 octobre 2009

Un bilan des victimes par un journaliste du temps

Un certain PRUDHOMME s'est intéressé au bilan des morts de la Révolution. Il était le contemporain des événements dramatiques qui ont accompagné cette folie. J'ai du mal à interpréter ses statistiques, et il se pourrait donc qu'il y eût des erreurs dans mes transcriptions. Mais enfin, il note qu'à PARIS (en tout cas le contexte de sa contribution semble l'indiquer), on compte comme victimes :
1.278 aristocrates de sexe masculin ;
750 aristocrates de sexe féminin ;
1.467 femmes de laboureurs et d'artisans ;
350 religieuses ;
1.135 prêtres ;
13.633 hommes non nobles, "de divers états" ;
3.400 femmes mortes dans diverses circonstances, mais indirectement ;
348 femmes mortes enceintes ou en couches ;
32.000 personnes tuées à NANTES par le sinistre CARRIER ;
31.000 personnes tuées à LYON par le sinistre COLLOT d'HERBOIS.
PRUDHOMME donne le chiffre de 2.200 enfants et 1.500 femmes tués en Vendée. Mais bizarrement, il dit que le nombre des morts y est de 900.000. C'est un chiffre excessif et faux. Il est compris entre 120.000 et 180.000 personnes.
On pourrait citer les victimes du défroqué Jean-Georges SCHNEIDER qui a sévi en Alsace, avant d'être condamné à mort le 1er avril 1794, celles d'ARRAS torturées par LEBON, condamné à mort et exécuté le 6 octobre 1795 (LEBON, bien avant les nazis, faisait venir des musiciens près de l'échafaud pendant les exécutions !) ; celles d'AVIGNON envoyées au supplice par l'infect JOURDAN, condamné à mort et exécuté le 17 mai 1794, etc., etc. Ces années ont vu couler des fleuves de sang, s'ériger d'immenses fortunes sur les malheurs des suppliciés, fleurir le blasphème et les obscénités dans les églises, les temples et les synagogues (en Alsace notamment) ; elles ont couronné le triomphe d'une minorité populacière, ivre d'envie, dépourvue de tous scrupules. Et tout ça pour les grands principes dont, avec une inconscience rare, nous nous gargarisons. Les enfants, les collégiens, les lycéens ne gardent de la révolution que la Déclaration des Droits de l'Homme (qui n'est que la déclaration des droits des individus), proclamée le 26 août 1789, comme si tout s'était arrêté sur ce progrès indéniable, mais encore assez court dans son anthropologie, et tout imprégné de Jean-Jacques.
Nous vivons depuis deux siècles sur un mensonge dont rien ne semble pouvoir nous guérir, et ceci explique cela. Il ne s'agit pas de refaire l'histoire ; il s'agit de la regarder en face, comme les allemands ont sur regarder avec courage le nazisme et ses effroyables crimes. Il ne s'agit pas davantage de renier la démocratie. Mais de grâce, que ce soit une vraie démocratie, et que les citoyens puissent décider vraiment de ce qui engage leur vie quotidienne et leur avenir, et non point un quarteron d'énarque et d'hommes politiques absolument coupé du réel.

Larmes de crocodile

Je recommande vivement à mes lecteurs le livre de Jean SEVILLIA, intitulé Le terrorisme intellectuel. En son chapitre intitulé Liberté, Égalité, Sexualité, il nous apprend bien des choses intéressantes sur les champions et les promoteurs de la licence sexuelle qu'ont été, notamment, les médias de gauche, comme Libération ou le Nouvel Observateur et toute une partie du monde du show-business. Cette lecture leur montrera combien est hypocrite le déchaînement de certains éléphanticules, comme de certains "libéraux" de droite, contre monsieur Frédéric MITTERRAND.
Voici, par exemple, un extrait d'un article du Nouvel Observateur en date du 8 juillet 1999. L'article fait partie d'un dossier consacré au Paris branché. Je vous cite ce monument de la littérature gaucho-bobo : "Un bar, une piste de danse, parfois un restaurant, et des alcôves ouvertes à tous et chacun, où les gens font l'amour à deux, à quatre, ou à plus..." Tout y est : ellipse savante, énumération des possibilités, et, suprême ordure, des points de suspension, pour la clore momentanément. On se dirait au zoo de Vincennes, à l'époque des amours des singes.
Arrêtez-moi si je me trompe. Entendites-vous sonner les trompettes de la réprobation du côté de la gauche ? Vîtes-vous des défilés de protestation contre cette promotion du vice ? Monsieur HAMON - mais il devait encore être dans les langes, il y a dix ans - qu'aurait-il dit s'il avait été porte-parole du PS à l'époque ?
Bien entendu, je n'entends pas ici défendre ni condamner monsieur Frédéric MITTERRAND. Il s'agit d'une affaire de conscience. Je maintiens que la dignité de la fonction ministérielle devrait l'inciter à prendre un peu de repos, mais cela relève de sa seule appréciation, et les protestations de monsieur HAMON, les attaques virulentes de Ségolène ROYAL contre le choix qu'a fait le Président de la République (car c'est le centre de sa réaction) de son ministre de la Culture, et qui reviennent à lui imputer la responsabilité des errements de ce dernier, ne changent rien à l'affaire.
Permettez-moi de citer un passage de ce chapitre fort bien écrit du livre de Jean SEVILLIA :
"Certains osent rappeler qu'en matière de sexualité, la démolition des barrières morales, des conventions culturelles et des conceptions religieuses ne constitue pas un progrès. Que les entraves d'autrefois n'étaient pas arbitraires. Qu'elles correspondaient à un besoin HUMAIN autant que SOCIAL (majuscules de votre serviteur, pour indiquer qu'il ne s'agit ici que de l'ordre "charnel", pour reprendre l'expression de Paul de Tarse ; mais la voie étroite du disciple de Jésus va plus loin : elle vise le bonheur dans la durée et cela ne va pas sans renoncement à toutes sortes d'idolâtrie, dont celle du plaisir immédiat). Que l'homme, esprit et corps, forme un ensemble. Qu'il grandit par l'exercice de la responsabilité. Que l'amour est lié au respect. Que conférer un sens à l'acte de chair est un signe de civilisation. Que la fidélité est une vertu. Que la reconstruction de la famille est une nécessité."
Voyez-vous, quand des médias précautionneux ou des gens du monde de l'éducation ou de la culture (j'avais d'abord écrit "on" au lieu de "médias précautionneux, etc.") protestent contre la pédophilie, il faudrait aussi qu'ils réprouvent la licence sexuelle que tous vantent (ou presque tous) : journaux, cinéma, théâtre, école, télévision, publicité, littérature. Sinon, nous pouvons toujours pleurer sur le sort que réservent aux fillettes et garçonnets thaïlandais nos "touristes" européens ; ces larmes versées, ne sont que des larmes de crocodiles, des larmes politiciennes. Elles n'en sont que plus amères pour ces pauvres victimes.
PS : j'ai été amené à modifier les termes de billet, après les remarques de Fourmi et celles de Roparzh. Il s'agit donc d'une version nouvelle et amendée.

lundi 12 octobre 2009

Que le prêt était une meilleure solution...

Il vous souvient, j'espère, que j'avais été déçu par la réaction de monsieur MIGAUD ; le Président de la Commission des Finances de l'Assemblée disait en effet ceci : "En entrant au capital de BNP-Paribas au moment où l'action valait 27,24 euros et en en sortant au moment où elle vaut 58,20 euros, le gouvernement s'est privé d'une plus-value de 113E % et d'un montant de 5,8 milliards d'euros". J'avais fait remarquer que l'Etat n'était pas entré dans le capital de cette banque, mais qu'il lui avait consenti un prêt avec intérêt, et que, par conséquent, la remarque était dépourvue de toute portée.
Voici ce que je lis, sous la plume d'Eric LAMARQUE, professeur à l'Université de BORDEAUX IV (appellation administrative et ridicule d'une Université qui doit avoir un nom autrement moins arithmétique et qui pourrait être Université Michel de Montaigne) ; il répondait à la question d'un journaliste (L'Etat aurait-il dû faire une plus-value plus importante dans l'opération ? Il s'agissait du remboursement des facilités consenties par l'Etat à la banque BNP-Paribas) :
"Il est facile de dire que l'Etat aurait mieux fait de prendre des participations au capital pour réaliser ses plus-values. Au moment où la décision a été prise, personne n'était capable de prédire où la baisse pourrait s'arrêter. Prendre des participations aurait été un risque énorme."
Je revendique l'antériorité de la remarque, et je vais de ce pas demander mon inscription au Cercle de l'Entreprise, au nom duquel s'exprimait le Professeur LAMARQUE dans le numéro 536, du journal gratuit Direct matin du vendredi 9 octobre. Ce Cercle est un club de réflexion qui regroupe ving-cinq professeurs des Universités. Pour les avoir fréquentés longtemps, je sais que la qualité de professeur des Universités n'est pas un gage d'impartialité, mais tout de même, il y a chez mes chers collègues un niveau de réflexion intéressant. Peut-être qu'ils accepteront un biocrate dans leur groupe d'économocrates ?
Je me permet de glisser cette petite notule dans mes billets quotidiens pour répondre à Olibrius qui eût préféré que l'Etat participât au Capital.

dimanche 11 octobre 2009

Respect du corps de l'autre et tourisme sexuel

Je déteste m'attaquer à la vie privée personnes, celle des artistes comme celle des hommes politiques ou de tout autre citoyen. Néanmoins, quand l'une de ces personnes publie des écrits, des opinions, des récits, elle s'expose et accepte de s'exposer aux critiques des lecteurs et du public. Un lecteur et grand ami me demande de faire un petit billet sur ce sujet.

La polémique qui fait rage, à propos des frasques thaïlandaises de monsieur Frédéric MITTERRAND, me laisse sur des sentiments mitigés. Je me souviens que monsieur BAYROU a été sévèrement sanctionné par la presse et par les électeurs pour avoir rappelé à monsieur COHN-BENDIT qu'il avait fait l'apologie de la pédophilie dans un ouvrage passablement ancien. Personne, et surtout pas à gauche, n'a mené campagne contre Dany pour ces motifs. On ménage toujours celui qui peut vous servir. Je vois donc dans le déchaînement médiatique actuel, très certainement conduit à des fins de basses politiques, une énième tentative de déstabiliser le gouvernement. Et monsieur HAMON est d'une rare hypocrisie quand il s'attaque à celui qui porte le nom d'un Président qu'il vénérait. Mais ceci explique cela.
Tout de même, je trouve bon de vous livrer le passage critiqué et révélateur, à mon avis tout à fait exempt d'ambiguïté ; vous pourrez juger sur pièce, et non pas sur des ragots ou des gloses marginales et subalternes :

« Evidemment, j'ai lu ce qu'on a pu écrire sur le commerce des garçons d'ici et vu quantité de films et de reportages ; malgré ma méfiance à l'égard de la duplicité des médias je sais ce qu'il y a de vrai dans leurs enquêtes à sensation ; l'inconscience ou l'âpreté de la plupart des familles, la misère ambiante, le maquereautage généralisé où crapahutent la pègre et les ripoux, les montagnes de dollars que cela rapporte quand les gosses n'en retirent que des miettes, la drogue qui fait des ravages et les enchaîne, les maladies, les détails sordides de tout ce trafic. Je m'arrange avec une bonne dose de lâcheté ordinaire, je casse le marché pour étouffer mes scrupules, je me fais des romans, je mets du sentiment partout ; je n'arrête pas d'y penser mais cela ne m'empêche pas d'y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m'excitent énormément. La lumière est moche, la musique tape sur les nerfs, les shows sont sinistres et on pourrait juger qu'un tel spectacle, abominable d'un point de vue moral, est aussi d'une vulgarité repoussante. Mais il me plaît au-delà du raisonnable. La profusion de garçons très attrayants, et immédiatement disponibles, me met dans un état de désir que je n'ai plus besoin de refréner ou d'occulter. L'argent et le sexe, je suis au cœur de mon système ; celui qui fonctionne enfin car je sais qu'on ne me refusera pas. Je peux évaluer, imaginer, me raconter des histoires en fonction de chaque garçon ; ils sont là pour ça et moi aussi. Je peux enfin choisir. J'ai ce que je n'ai jamais eu, j'ai le choix ; la seule chose que l'on attend de moi, sans me brusquer, sans m'imposer quoi que ce soit, c'est de choisir. Je n'ai pas d'autre compte à régler que d'aligner mes bahts, et je suis libre, absolument libre de jouer avec mon désir et de choisir. La morale occidentale, la culpabilité de toujours, la honte que je traîne volent en éclats ; et que le monde aille à sa perte, comme dirait l'autre. »

Je trouve que cet aveu est pathétique, mais je ne puis m'empêcher de penser qu'il n'est pas digne d'un ministre. Il trahit une addiction dont j'ai pu mesurer la violence à Tibériade. Il affaiblit sa crédibilité et le laisse à la merci des maîtres chanteurs. En somme, la dignité de la fonction pourrait inspirer à monsieur MITTERRAND la pensée de prendre un peu de repos et d'abandonner une fonction qui lui allait bien nonobstant ces habitudes. Mais aujourd'hui, l'honneur, la dignité, la maîtrise de soi, le respect de l'autre, le respect du corps de l'autre, le respect du corps des enfants et des adolescents sont des notions très floues et dont s'accommodent nombre de gens en vue, parce que ça les arrange. On voit pourquoi. Ils ont les mêmes habitudes.


Commençons par nettoyer les écuries d'AUGIAS en purgeant Internet de tous ces sites immondes dont la presse nous relate la découverte et l'usage par des pervers polymorphes. Et qu'on ne me dise pas que c'est impossible. Les autorités chinoises savent très bien s'y prendre pour empêcher leurs concitoyens d'accéder à des sites qui sentent le dangereux fagot de la liberté et de la démocratie (la vraie, pas la nôtre).