mardi 20 octobre 2009

Sur le vif

Dans le jardin de l'immeuble voisin, une vieille femme, courbée par l'âge, appuyée du bras droit sur une canne, donne le bras gauche à un beau jeune homme. Lui, la tête tournée vers elle, la regarde avec tendresse, amour et respect. Ils font à peine un pas toutes les deux secondes. Où vont-ils ? Je ne le sais. Ils se dirigent vers le portail qui donne sur la rue. L'arrière petit-fils sans doute aide son aïeule à faire les courses, ou qui sait, ses dévotions. Il y consacrera sa matinée quand d'autres préféreraient faire du sport, voir leurs amis, ou paresser dans leur lit.

Qu'il soit béni !


Avant-hier, dans la rue, un petit garçon marche en équilibre sur un muret. Il donne la main à sa nounou, une femme d'un certain âge, d'origine maghrébine, portant avec noblesse le foulard sur la tête, armée d'un éclatant sourire. Elle regarde ce petit enfant comme si c'était son fils. Je le lui dis. - Ah, monsieur, si l'on aime pas les enfants, on ne se fait pas leur gardien. Oh oui ! j'aime les enfants !

Qu'elle soit bénie !


Tous les jours que Dieu fait, il va vers 19 h 50 chez le boulanger du quartier, pour chercher les pains invendus. Notre artisan préfère les donner à Tibériade que de les jeter ou de les vendre rassis : pains aux noix, aux figues, aux olives, aux cinq céréales, pain jaune au maïs, il donne tout et notre bénévole accepte tout. Il les met au congélateur et nos accueillis peuvent ainsi profiter de cette manne si généreusement donnée.

Que l'un et l'autre soient bénis !


K... est là chaque dimanche, au portail du square qui donne accès à Saint-Jeanne de Chantal : blouson de cuir râpé jusqu'à l'âme, qui jadis dût être marron, noir peut-être. Une improbable casquette visée sur la tête, il salue les paroissiens, qui le connaissent de longue date. Je suis personnellement le préposé au billet de métro dominical... K... est un ami. Je suis l'ami de K... Il en a d'autre. T..., par exemple, un converti, baptisé depuis sept ans, qui est la bonté personnifiée. Il n'est pas bien riche. Tous les dimanches, il apporte à K... une bouteille thermos de café. Il nous arrive de le partager. Un des diacres de notre paroisse, dans son homélie en tous points remarquables, disait dimanche dernier que le pauvre est celui qui ne peut pas donner, que la pauvreté est cette impossibilité là. K... veut nous inviter à déjeuner dans un restaurant. K... n'a pas un sous vaillant, mais il sait donner. Nous accepterons. T... n'est guère riche que de sa bonté, et de son petit salaire de cantonnier. K... n'a presque rien à lui. Mais ils ne sont pas pauvres, eux.

Qu'ils soient bénis pour la leçon qu'ils me donnent et que je reçois avec une émotion infinie !


"Père, je te bénis. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, c'est au tout petits que tu l'as révélé" disait Jésus dans le feu de l'Esprit Saint. Quand on a vu ce que j'ai vu là, on ne désespère pas des hommes, et l'on rend grâce au Créateur qui nous manifeste sa bonté à travers nos frères humains.


4 commentaires:

Geneviève CRIDLIG a dit…

Je vais tenter de faire bref pour suivre le sage conseil de Norman sinon, quand il reviendra de son expédition, il risque de me mettre au coin.

Vous partager 3 réalités rejoignant à différents niveaux d’appréhension la teneur des derniers billets et commentaires : je les ai rapportées d’une récente descente à Strasbourg, dans mon sac à dos :

1. Deux mots qui expriment à merveille l’état du citoyen - consommateur (le second m’était inconnu) : dans la Revue des Sciences sociales Université Marc Bloch Stbg N°40 - 2008 ‘Strasbourg, carrefour des sociologies’ - Article : « la fascination des sens par ma la marchandise, entre anesthésie et hyperesthésie. Sur l’une des acceptions de l’esthétique chez Simmel » C. Portioli
> Facile d’étendre l’application de ces concepts médicaux à nombre de situations dans lesquelles nous sommes placés – d’office.

>> A noter que l’inverse de cette position sociale est démontrée dans le billet d’aujourd’hui : des gestes qui ne font de bruit, en tout cas qui ne provoquent ni ‘anesthésie’ ni ‘hyperesthésie’.
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NB. Info : en passant dans le n° 39 de 2008 ‘Ethique et santé’ vous pourrez découvrir l’étude établie par Marc Haug et Philippe Poindron sur le sujet : « les biotechnologies en question »

> Voir le site : revue-des-sciences-sociales. com ou celui de la MISHA ( = lieu à connaître si possible)
° Implantation dans le Réseau national des MSH :
La Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme – Alsace fait partie du Réseau national des MSH qui est un Groupement d’Intérêt Scientifique implanté sur l’ensemble du territoire français. Les Maisons des Sciences de l’Homme sont au nombre de vingt-deux. Elles constituent un instrument de structuration, de dynamisation, d’innovation et de valorisation de la recherche en sciences humaines et sociales.
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Je poursuis (et termine) au commentaire suivant
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Geneviève CRIDLIG a dit…

2. La présentation d’un journaliste – écrivain qui vous est peut -être inconnu : Olivier GUEZ qui vit à Paris depuis quelques mois.

Son dernier livre (voir entrefilet dans le Monde du 16 octobre 2009).
* « La chute du Mur » avec Jean-Marc GONIN septembre 2009
‘ ...A partir des témoignages et d’un considérable travail d’archive, ces reporters expérimentés racontent de l’intérieur ces jours qui ont fait basculer le XXè siècle...’

* « L´impossible retour » → www.lagazettedeberlin.de/olivierguez.
Du retour des survivants des camps nazis en 45 à l´afflux massif des Russes au lendemain de la chute du mur, en passant par le terrorisme d´extrême gauche des années 70, Olivier Guez, au gré des rencontres, retrace 60 ans de vie juive en Allemagne. Une démarche intelligente et vivante.
- La présentation de l'éditeur :
L'Allemagne est aujourd'hui la première terre d'émigration juive en Europe.
Ce surprenant retour après l'Holocauste, Olivier Guez a voulu le raconter. Son livre est le résultat d'une enquête passionnante dans la mémoire des juifs d'Allemagne, dans leur identité et dans leur étrange rapport à la patrie de Goethe et d'Himmler. " Je me suis installé à Berlin et j'ai parcouru le pays et son histoire contemporaine, de l'Allemagne ruinée et mise au banc des nations de 1945 à la vibrionnante république de Berlin.
J'ai convoqué Hannah Arendt et Billy Wilder, Meryl Streep et Gershom Scholem. Je me suis mis en quête des témoins : les rescapés des camps de la Shoah, les "émigrés" revenus au pays pour chercher fortune dans la RFA du miracle économique, les juifs communistes de l'ancienne RDA, les écrivains, les artistes et autres DJ, ces représentants de la nouvelle génération de juifs allemands [...] À travers les méandres de l'Histoire et de la géographie, j'ai écrit le feuilleton, la chronique de l'étonnante et troublante histoire des juifs au "pays des meurtriers".
Après la catastrophe, le récit d'un impossible retour.



☼ Olivier Guez est né en 1974 à Strasbourg. Écrivain et journaliste, diplômé de la London School of Economics et du Collège d'Europe de Bruges, il a parcouru l'Amérique du Sud, le Moyen-Orient, l'Europe de l'Est et les États-Unis. Il vit à présent entre Paris et Berlin.

Note > Il parcourt les pays sur invitation - participe à diverses émissions. Son projet : se tourner dans l’avenir plutôt vers Israël, l’Orient et l’Extrême Orient, des pays qui le passionnent.
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3. Le témoignage d’une vie et de l’exercice d’une profession : je connais depuis moultes années son père, médecin spécialiste de grande notoriété à Strasbourg et au-delà, vu les nombreux patients et patientes qui, après un départ de la région, reviennent uniquement pour le consulter des quatre coins de l’hexagone.

Comme le disait l’une d’entre elles avec une parfaite sobriété : « c’est un grand Monsieur ! »
Pas de un de ces techniciens de la santé qui sont des produits des nouvelles formations.
Et bien qu’il soit ‘grand’, il fait partie des ‘petits’.

Il m’a dit une fois : « savez-vous pourquoi je suis heureux ? Parce que je n’ai pas de montre ! (entre parenthèses dire ça une chronophile...) Alors devant les 35 heures, il hausse les épaules = Choix de la Liberté au cœur du travail.


PS. Bon, désolée, je ne suis pas arrivée à faire court. Pitié! Pas de piquet...
> Auto - Remarque : « Bonne volonté. Peut mieux faire. Ne pas se décourager dans ses efforts. »

Roparzh Hemon a dit…

La fourmi est toute petite, mais pas ses commentaires ...

<< Ce qu'il faut pour les pauvres ? Leur apprendre à donner.>> (Paul CLAUDEL) C'est quand même d'une vue plus haute que
les larmes de crocodile de la gôôche ...

A wir galon,

E. D.

Philippe POINDRON a dit…

Oui, le bien ne fait pas de bruit, et le bruit ne fait pas de bien. Je suggère que mes lecteurs, dans leurs prochains commentaires, fassent état de ces petites expériences d'amour et de relations humaines toutes simples. Car il y a le réel -, ce que nous vivons dans nos rencontres -, et il y a tout le reste qui n'a strictement aucun intérêt que celui de nous distraire de l'essentiel : je me moque de savoir que telle ou telle starlette divorce pour la énième fois, que monsieur Z a fait une petit phrase, qu'il y a du tangage dans la majorité, et des remous dans l'opposition. qu'il nous parle des hommes, de leurs attentes, de leurs désirs profonds. N'oublions jamais que le propre du politique est de conduire l'homme à la fin qui lui est due.
Allez.
A wir galon.