mercredi 21 octobre 2009

Eugénie et Benjamin

Dans un commentaire du billet consacré à la démocratie vue par LAOZI, Eugénie, une jeune et brillante lectrice, étudiante en Sciences Politiques, cite Benjamin CONSTANT :
"Prions l'autorité de rester dans ses limites. Qu'elle se borne à être juste ; nous nous chargerons d'être heureux ".
Et elle ajoute qu'il était visionnaire. Comme elle a raison !
Avez vous point remarqué que dans nos sociétés soi-disantes (je ne dis pas "prétendues", et je féminise et met au pluriel à dessein le participe présent) démocratiques, l'Etat n'a jamais été aussi omniprésent, pesant, minutieux dans ses directives, tatillon dans la vérification de leurs applications, grand pourvoyeur de lois, décrets, arrêtés, circulaires, documents CERFA et autres papiers, formulaires et contre-formulaires ? Il se mêle de tout, intervient dans tout, décide de tout. La seule chose dont il n'ait pas souci, c'est le bonheur des citoyens, qu'il rejette commodément dans la sphére privée. Bien entendu, on ne peut confondre l'Etat et les responsables politiques. Mais les derniers s'accommodent fort bien du premier. Ils en ont besoin pour asseoir leur pouvoir. Ainsi, dans les sociétés contemporaines, contrairement au déclarations enflammées et tyrannicides des Conventionnels, nous n'échappons pas au rapport de domination entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés. Et c'est à peine si nous avons la possibilité réelle de choisir ceux dont nous porterons le joug.
Benjamin CONSTANT utilise le mot autorité, et non pas celui de pouvoir. Il y a longtemps que dans l'espace public, l'autorité a disparu pour ne laisser la place qu'au pouvoir. L'autorité faisait grandir (auctoritas de augere : grandir) ; le pouvoir contraint. L'autorité était respectée en vertu de ce qu'elle était ; le pouvoir est craint parce qu'il peut punir et contraindre. Ce qui nous amène avec tant de philosophes politiques à la question de la "fondation".
Hannah ARENDT donne au concept de pouvoir une autre définition : "Le pouvoir correspond à l'aptitude de l'homme à agir, et à agir de façon concertée. Le pouvoir n'est jamais une propriété individuelle ; il appartient à un groupe et continue de lui appartenir aussi longtemps que ce groupe n'est pas divisé. La violence [...] se distingue [...] par son caractère instrumental [...] car ses instruments comme tous les autres outils, sont tous conçus et utilisés en vue de multiplier la puissance naturelle jusqu'à ce qu'au dernier stade de leur développement, ils soient à même de la remplacer." Cette manière de voir donne à la citation que je vous livrais hier une autre coloration : "L'opinion et non la vérité est une des bases indispensables de tout pouvoir". L'opinion n'est alors que le traitement consensuel des conflits (Paul RICOEUR). Nous en revenons à ce que je disais hier : il n'y a pas, dans notre constitution, de lieu politique pour traiter les conflits et les résoudre par un compromis RENDU OBLIGATOIRE par la Constitution même. Et qu'on n'aille pas me raconter que l'Assemblée est ce lieu. C'est un ring médiatique offert aux pugilistes, un champ clos pour le combat des chefs ; c'est un lieu où se manifeste le plus clairement la domination d'un groupe ou d'un parti, sur un autre ; c'est un lieu qui permet de départager un vainqueur et un vaincu ; c'est un lieu partisan.
Allons, pour terminer, cette réflexion de Joseph de MAISTRE :
"Aucune Constitution ne résulte d'une délibération ; les droits des peuples ne sont jamais écrits, ou du moins les actes constitutifs ou les lois fondamentales écrites, ne sont jamais que des titres déclaratoires de DROITS ANTÉRIEURS, dont on ne peut dire autre chose, sinon qu'ils existent parce qu'ils existent.
Les concessions même du souverain ont toujours été précédées par un état de choses qui les nécessitaient et ne dépendaient pas de lui.
Plus on écrit et plus l'institution est faible ; la raison en est claire. Les lois ne sont que des déclarations de droits, et les droits ne sont déclarés que lorsqu'ils sont attaqués ; en sorte que la multiplicité des lois constitutionnelles écrites ne prouve que la multiplicité des choses et le danger d'une destruction."
On en revient bien à la question de la fondation, antérieure à toute autre forme de système politique. Que sont devenus les droits originels des habitants de notre Patrie ?

16 commentaires:

Eugénie a dit…

bonjour mr poindron,
- une petite anecdote à propos de la bureaucratie de notre pauvre france: hier je vais à la bibliothèque municipale de mon quartier pour emprunter un livre et voila que la présupposée aux emprunts m'annonce , avec un air robotisé digne d'un personnage de Georges Orwell "vous etes mineure , veuillez faire remplir cette autorisation parentale par vos parents": j'en ai pleuré de rage (et lui ai répondu que mes parents m'autorisaient à me droguer, mais m'interdiser formellement d'aller à la bibliothèque): dans quel monde vit on ?


buraucratie et médiatisation ,telles sont les plaies de motre sociétés.
"la lutte politique est ainsi devenue affontement virtuel dans un monde médiatique "(zemmour ppda , les rats de garde ): nos politiques sont des chanteurs, notre Etat une entreprise, et nous, pauvres citoyens , de gentils consommateurs ...

olibrius a dit…

bonjour melle Eugénie
la dadame du prêt a eu raison. Il ya des choses (?) que l'on peut emprunter dans une bibliothèque, fut- elle municipale , qui peuvent indisposer les emprunteurs. Et cela peut amener les parents à ces beaux petits enfants à porter plainte contre les responsables de la bibliothèque.
J'espère qu'en pleurant "de rage" vous n'aavez pas tapé des pieds.
Je viens d'entendre une émission -terminée il y a 20 minutes!!!) avec Guy Gilbert, c'est dommage que vous ne l'ayez point entendue, chère demoiselle.

Geneviève CRIDLIG a dit…

Suite de la suggestion émise le 20 octobre: relater une petite expérience d’amour et de relations toutes simples.

Oui, cela existe, encore aujourd’hui, dans un haut lieu dont j’ai déjà vanté la qualité relationnelle. J’en reviens: une piscine.

Je souligne que le mouvement de relation viendra d’en face – que j’en suis l’objet. Mais penserez-vous, une piscine c’est fait pour nager - pas pour papoter ou ‘tchacher’ !
Ecoutez plutôt.

Déjà dans mes premiers temps vosgiens, alors que je m’apprêtais à effectuer un beau virage de crawl, je faillis couler en entendant une petite voix me dire en souriant : « Bonjour ! ». Une jolie gamine qui s’était arrêtée sur le bord et dont on ne voyait apparaître que le bout du nez sous d’immenses lunettes de plongée.

Une salutation qui correspond à une politesse pour le moins tombée dans les oubliettes. Un réflexe cependant encore vivace car je croisais régulièrement des enfants qui ne manquaient pas de me saluer- sans me connaître. Quelle étrangeté ! Le maître d’école m’a confirmé que, les jeunes, ici, conservaient - encore - pour combien de temps ? ces expressions de rapports sociaux qui, dans de nombreux autres endroits, paraîtraient surannés, dépassés, etc.

J’ai donc failli couler de surprise car j’avais à répondre dans le même sens en n’avalant pas une tasse d’eau en même temps: une manoeuvre délicate dont je me suis relativement bien sortie.

Mardi dernier : exemples d’ ‘abordages’ révélant la délicatesse enfouie dans les enfants. Je pensais qu’à cette heure-là (17h)il n’y aurait pas grand monde- que des adultes de toute façon . Surprise : déjà une douzaine de personnes dans la ligne d’eau réservée aux nageurs = une ‘surpopulation’ rendant toute nage suivie impossible. Dans ce cas, je pars m’entraîner à côté, des longueurs de planche ou de vélo avec boudins. Je me suis retrouvée au milieu d’une floppée de jeunes d’environ 10 -12 ans qui, évidemment, jouaient avec ballons, matelas etc. Bref un joyeux tapage bruissant d’eau, de vagues, d’éclaboussements, de rires. Vous devinez que je gardais mon calme habituel et essayais de naviguer tant bien que mal.

Deux garçonnets, juchés sur leur tapis, commencent par me lancer un vigoureux « Bonjour ! » avant de s’éloigner dans leur promenade aquatique.
Après un rapide échange de nouvelles de sa classe, un élève de 6è m’adresse un adieu toujours souriant, fier, avec un air plein d’une complicité liée à une égalité de ‘sort’ : « Bonne nage ! ». J’ai failli couler – de nouveau.

D’autres répondent tranquillement à mon étonnement de voir autant de jeunes à ce moment-là dans l’eau – mais vous n’avez pas de devoirs ? Ah non, on n’en a pas beaucoup et puis demain c’est mercredi.- maintenant on vient le mardi pour retrouver les copains. Bon ! Faut se faire une raison.

Un peu plus loin, encore un autre, couché sur son pingouin, me heurte un peu : je ne sourcille pas et je ne sais s’il a eu peur de mon regard à travers mes lunettes qui n’était pourtant pas furibond, mais il revient vers moi, contrit : « excusez-moi ! » et s’en va, ne manquant pas de se retourner pour répéter, d’un ton ferme : « excusez-moi ! » comme s’il avait commis une faute énorme.

Une ado bien sûr ravissante sous son bonnet fluo batifole en face de moi, s’écarte pour me laisser passer, m’adresse un beau sourire, me regarde avec des yeux tout aussi souriants et me dit : « Bonjour ! » Au même moment une de ses copines, le dos tourné s’amusait avec un boudin, l’avait lancé en arrière et il venait d’atterrir sur mon bonnet. Aussitôt très calmement, son amie se dirige vers elle et la reprend amicalement : « Fais attention ! Regarde : tu viens de jeter ton boudin sur la dame ! »

Demain c'est vendredi. Normalement à l'ouverture de 15h il n'y aura pas d'enfants - ah si, des bébés nageurs...

Alors là, les expériences d'amour se liront dans les yeux des papas.

Une autre joie.

Ce sera inutile de raconter.

Eugénie a dit…

quels choses pourrait indisposer les emprunteurs monsieur olibrius, j'attend des précisions?
de plus, meme si les chers parents, si conscient des dangers que courent leur progéniture , portent plainte, ce seront eux les bureaucrates: à eux d'eduquer leurs enfants, des procédures fastidueuses ne compenseront pas un manque d'equilibre...
quel est donc le sujet de cette emission de guy gilbert dont vous parlez, cela m'interesse?

Philippe POINDRON a dit…

Dans une société où le soupçon domine, ou le contrôle étatique a priori prévaut sur la confiance et le contrôle a posteriori, vous avez raison cher Olibrius, et c'est bien ce qui est navrant. La société est judiciarisée, faute de moeurs de la part de la majorité de ses membres. Je trouve donc particulièrement navrant qu'un plumitif derrière son bureau puisse agir comme cette bibliothécaire pointilleuse. Mais les enfants, eux, ne tombent pas dans ce panneau. Leur catégorie naturelle est la confiance, et c'est pourquoi il est des monstres qui en abusent ou qui les éduquent au vice et à la salissure. Ainsi, dans les commentaires d'un même billet, nous avons le poison, et l'antidote : "Si vous ne devenez pas semblable à ces enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux". C'est sans doute ce que vous appelez ma naïveté, cher Olibrius. Mais je préfère écouter un maître en humanité, que des centimaîtres en manipulation, mensonges et perversions de tous ordres. Certes, je sépare bien le politique du mystique, mais que serait une mystique désincarnée ? Rien, ou pas grand chose.
Amitiés à tous mes commentateurs.

olibrius a dit…

pour Eugénie: il y a des livres "sexualisés" (j'en vois régulièrement sur les étagères), des vidéos de même; mais ce qui m'a géné, c'est que ,encore mineure, vous ayez d'ores et déjà, un avis trés nuancé sur l'air robotisé de la personne qui ne faisait qu'obéir à ses instructions. Votre réponse au sujet de la drogue est formellement "idiote" (je m'excuse je ne cherche pas à vous blesser).
Comme dirait mr poindron, restez semblable à ce que vous êtes, à savoir un enfant et ne jugez pas au risque de l'être vous-même.Pour Guy Gilbert il parlait de l'amour; de celui qu'il avait reçu de sa mère et de celui qu'il donnait aux autres, même aux "vieilles"(sic) qui travaillent dans les bibliothèques.

pour fourmi:
c'est bien beau tous ces exemples et je sais que ca existe encore.Mais si vous coulez je viendrai faire le nécessaire pour vous ramener à la vie; faudra-t-il commencer par le boucheà bouche? Mais c'est quand même loin, les Vosges.

pour PP:
Arétez de parler en permanence de malversation, manipulations, et autres choses de ce genre.Bien sur que cela existe, y compris dans l'église ; y compris dans des communautés charismatiques; y compris en vous ...et en moi. Vous parles d'une mystique désincarnée, mais ne seriez-vous pas lào dedans de temps en temps en ne voyant pas toujours la réalité des choses?
Quand je cite votre naïveté, il n'y a rien d eméchant là dedans, mais je crois que vous ne discernez pas assez les temps où nous sommes (donc également les gens avec qui vous êtes en relation et cela dans tous les domaines...)ce qui ne veut pas dire que je serai meilleur que vous dans ce domaine puisque je penche plutôt dans l'autre sens. Est-ce mieux? N'est-ce pas mieux?

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius,

Je ne partage aucunement vos analyses. J'ai déjà dit que j'ai horreur du mensonge, et bien entendu de toutes les manipulations. En voulez-vous une ? Le site de France info fait état d'une manifestation de 25 personnes à la Défense, portant une banane à la main pour protester contre la République bananière. Vous trouvez que c'est une information, ça ? Moi pas. Une vraie information comporte toujours un exposé des faits, et des commentaires interprétatifs contradictoires et non point unilatéraux.
Que vous ont fait, cher Olibrius, les mouvements charismatiques contre lesquels vous avez une dent manifeste ?
Pouvez-vous me citer une tentative de manipulation de l'Eglise en ce qui concerne le fond de la foi ?
Oh, je vous concède bien volontiers qu'elle s'est compromise, parfois honteusement, mais il y a toujours eu des témoins DE L'INTERIEUR pour dénoncer ces compromissions.
Permettez-moi aussi, de trouver votre réponse à Fourmi sinon indélicate, du moins inadaptée.
Quand à me croire capable d'une malversation, là je pense que vous poussez un peu loin de bouchon. Tout être humain est divisé en lui-même, et je n'échappe pas à la règle, hélas ! Mais des malversations (mot qu'il ne me semble pas avoir employé ; je vais vérifier !), non.
Je reviendrai sur les critères de la manipulation des foules : ils sont assez simples à cerner.

olibrius a dit…

Cher PP
nous nous comprenons mal mais je vous avais dit de lire un certain livre pour que vous me compreniez mieux....
Pour les charismatiques, ce n'est pas une dent, c'est une machoire!
Tentative de manipulation de l'Eglise: des tonnes de preuve! Dont une: quant j'étais enfant, l'eglise m'a enseigné que les filles étaient dangereuses, sales, perverses, pecheresses et nous menaient en enfer... c'est peut-être pour cela qu'il y a tant d'homos dans cette église. Dans cette église l'on m'a enseigné que Dieu était quelqu'un qui ne cherchait qu'à nous punir et prenait sa jouissance à nous mener en enfer. Dans cette église on m'a appris , pour bénéficier d'avantages dus aux divers "grades" d'enfant de choeur (eh oui ça existait), à tricher.

Aujourd'hui ce n'est plus tout à fait la même chose et je le dois à;; (mais si je vous le dit vous allez comprendre...)

Pour fourmi, il n'y a aucune volonté d'indélicatesse ce voulait être une trés gentille réponse à un de ses billets par rapport à ce qu'elle avancaitde moi par rapport au service aux autres et devait être de l'humour!
Quanty à vous cher PP, l'idée que je me fais de vous est trés loin de malversations ou autre chose de ce genre... tellement loin d'ailleurs que je vous mets souvent en garde contre ce que j'essaye d'appeller de la naïveté.

Je vous ai déjà dit que je vous connais bien; il suffit de vous lire pour tirer des renseignements personnels sur vous même et votre famille et puis j'ai moi aussi des amis.

Fraternellement (oserais-je?)

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius,


Ce témoignage me touche. Je n'ajouterai rien. Oui, osez le "fraternellement".

Geneviève CRIDLIG a dit…

A Eugénie

Les motifs de votre fougue contre les travers, déficiences, et carences de notre système de gouvernement me paraissent vraiment justes et fondés aussi bien dans le domaine des faits que celui de la pensée.
Cependant - alors que j’ai moi-même tendance à poser souvent des appréciations à l’emporte-pièce - je trouve que cette fougue emporte trop de tout en un élan négatif complet : tout va mal. Je ne me retrouve pas dans ce tableau aussi sombre et ce constat pessimiste, catastrophique de la France et de la situation de tous ses habitants.

Je crois que, pour contribuer, là où nous sommes placés, à la construction plus juste, plus vraie, plus humaine de notre pays - tout en connaissant ses imperfections, ses aspects tordus qui entraînent de multiples souffrances - je suis donc persuadée que commencer par l’aimer et le prouver en actes est bien plus fécond.
Le combat sera alors nourri d’humanité et non uniquement de critiques, d’oppositions virulentes dont vous faites bien deviner la stérilité.

Une petite note : l’évocation de l’employée de la bibliothèque m’a un peu gênée : c’est une personne comme vous et moi qui exerce son métier - qu’elle a choisi ou non, qu’elle aime ou non mais grâce auquel elle vit. (Ce qui évidemment n’excuse pas les comportements au cas où ces attitudes exprimeraient des déficiences graves ou des fautes professionnelles). La raison que je vais avancer peut sembler, à tort, rejoindre la défense de l'irresponsabilité de ceux qui s'excusent en disant qu'ils ne sont que des exécutants - en rejetant la faute sur 'leurs chefs'.
Sa situation personnelle nous est inconnue.
Or le portait que vous en faites empreint d’ironie la détruit : d’une part, elle applique les consignes qui lui ont été données et ce faisant exerce pleinement sa profession de subordonnée qu’elle a acceptée au départ et qui ne la met pas en situation d’autorité pour les modifier - de l’autre, si l’exercice de son métier déteint sur elle, effectivement le tort ne lui en revient pas forcément car je vous assure qu’on attrape vite les marques visibles de son métier. Vous aurez plus d’une fois l’occasion de le constater. Mais pourquoi la rendre automatiquement responsable ?
Il me semble que vous tombez malgré vous dans la mode de la caricature toujours blessante et forcément restrictive dont nombre de journalistes raffolent.

☼ A part ça, courage dans vos premières luttes pour faire grandir la vérité !
Vos éclairages participent dans ce sens à la vie de ce blog.

☼☼ A votre âge, au mois de mai, je me « promenais » dans les rues de Strasbourg pour « voir » les barricades ... Je m’en souviens d’une, Place du Corbeau, et je me souviens de ma réaction intérieure : qu’est-ce qu’elle est petite ! Un monticule pas très haut ! Qu’est-ce que c’est ridicule! Comment un petit tas de pavés peut-il faire ‘tant de bazar’ ?
Et cela a donné ce que vous savez et qui « pave » encore la politique dont vous faites l’objet de vos études.

☼ ☼ ☼ → Un nouveau cours à proposer dans votre socle de formations : Patience et espérance
_________________________________

PS. A tout hasard : Parabole d’aujourd’hui
« Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : ‘ Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. A quoi bon le laisser épuiser le sol ?’
Mais le vigneron lui répondit : ‘ Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.’ »

N’est-ce pas une invitation, pour ceux qui le souhaitent, à continuer ce 'Livre chorale' toujours ouvert, sa bêche à la main et son propre fumier ? Continuer à marcher dans notre désert ...40 ans.

Philippe POINDRON a dit…

Chère Fourmi,

Je ne veux pas prendre systématiquement la défense d'Eugénie. Mais si j'approuve la totalité de vos remarques en ce qui concerne le respect dû aux personnes,je dois apporter un correctif à vos propos.

Il ne me semble pas qu'Eugénie porte un jugement moral sur cette personne. Elle constate qu'elle n'est guère aimable. Certes, la dite personne applique le règlement. Mais faut-il un réglement pour délivrer des ouvrages ? N'aurait-il pas été plus simple de laisser aux bibliothécaires le soin de discerner ceux de leurs lecteurs à qui ils peuvent délivrer tous les ouvrages de ceux à qui ils ne le peuvent pas. Eugénie critique le système et non la personne. Nous ne cessons, en France, de faire cette confusion.

Or un système qui transforme un fonctionaire en un simple exécutant est un système oppressif.Il faut à cet égard relire Simone WEIL.

Et viendra un jour où on remplacera les bibliohécaires par un appareil où il suffira de placer son doigt sur un lecteur d'empreinte digitale, associé à un fichier cental d'identité, pour se voir délivrer ou non le livre désiré.

Il n'y a pas d'autres solutions pour sortir de ce dilemne qu'une éducation de tous au discernement du meilleur, du bien et du moins bien, et la délégation d'une véritable responsabilité à ceux de nos concitoyens qui remplissent des fonctions d'administration publique.

En somme, au-delà de la fougue d'Eugénie, il y a de sa part une véritable critique du système politique et social dans lequel on vit. Et j'approuve totalement cette critique. Je me demande si je ne suis pas un peu anarchiste.
Amicalement.

olibrius a dit…

Pour fourmi: je suis globalement d'accord avec ce que vous avancez; d'ailleurs c'est ce que j'avais dit avec moins de beaux mots, d'élégance,etc...
Pour PP: encore une fois pas d'accord avec vous. Moïse a reçu de Dieu les tables de la LOI. s'il y une loi, c'est pour nous délivrer, nous protéger, nous aimer. S'il n'y a pas une loi, ou un réglement, vous vous rendrez compte des ^problématiques qui vont surgir (c'est là où je parle de votre "naïveté"). Tout le monde ne peut pas être aussi phylosophe que vous mon cher PP. Si sur le fond on peut agréer certaines -peut-être beaucoup- de vos affirmations, sur la forma vous vous trompez outrageusement. Vous êtes sur le chemin de soixante-huitards où tout est beau, tout est bon; vivons (j'ai pas dit faisons) l'amour et pas la guerre. Vous serez le premier à être abattu, mais c'est peut-être votre vocation d'être martyr! En tout cas, je n'aimerais pas aller à votre enterrement.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius,

Je vous renvoie à l'Epitre aux Romains, dans laquelle Paul avec une force extraordinaire explique que nous sommes libérés de l'esclavage de la loi et que nous sommes justifié par la foi. Bien entendu, il faut ajouter à cela l'Epitre de Jacques, dans laquelle il est dit qu'une foi sans les actes est morte et n'est pas la foi.
Ceci étant affirmé, il est évident que je suis tout à fait d'accord avec la nécessité de la Loi (L majuscule). Je le suis moins avec la multiplication insensée des règlements (que l'on appelle "lois", l minuscule) qui ressemblent à la Loi comme le Canada dry au whisky. C'est bien là tout le problème. Je vous renvoie au billet où je disais que la Convention en moins de six ans a pondu plus de 15.000 LOIS ! Ce qui est proprement effarant quand on sait, en outre, que nul n'est censé l'ignorer (on utilise ici un singulier pour éviter de pointer qu'il est impossible à un être humain d'en connaître 15.000!). On confond constamment la Loi et les règlementations. La Loi est en son principe fort simple et ne nécessite point d'être déclinée en milliers d'articulets complètement incompréhensibles. A la limite, elle pourrait se résumer à quelques principes fondamentaux : (a) celui qui cause un tort à autrui est tenu de le réparer, à proportion du tort causé ; (b) tout citoyen a le devoir de respecter le bien commun, de contribuer par ses impôts, à proportion de ses revenus, à la vie de la communauté nationale ;(c) chaque citoyen est responsable de ses actes devant les tribunaux ; (d) la société à le devoir de se défendre et de défendre ses membres des attaques dont elle peut faire l'objet au moyen de peines allant de l'amende à l'emprisonnement ; un code précise les contraventions,délits et crimes passibles des tribunaux.
Nul besoin (je caricature bien entendu) d'en dire plus, ou en tout cas, pas trop, et surtout pas par des textes pondus avec une régularité de métronome et en une telle quantité que ça donne le tourni. Jean-Claude GUILLEBAUD a très bien dit que moins une société à de moeurs et plus elle a besoin d'être encadrée par des "lois". Ce qui revient à dire qu'elle se condamne à voir les comportements de ses membres réglementés dans les moindres détails, sans que ceux-ci en perçoivent la nécessité vitale pour leur propre survie.

Geneviève CRIDLIG a dit…

A Eugénie, Philippe et 0librius,

J’avais saisi et accepté le raisonnement. Mais ce que je me permettais de dire à Eugénie concernait ce qui n’est pas un effet de style anodin et sans conséquence pour dénoncer un problème sous-jacent certes plus important que le choix de l’expression employée –je l’ai souligné - fréquemment dans les médias et j’ajoute dans le langage des jeunes. C’est pourquoi il y a banalisation = même phénomène que pour les mots orduriers. Le terme exact est : « un affadissement ».

Je voulais et je veux la rendre attentive aux conséquences possibles d’un choix de langue.
Je me suis élevée contre une figure stylistique employée à l’encontre de cette fonctionnaire sans doute modèle et consciente des limites de son travail, peu importe en l’occurrence.

Eugénie était bien sûr à mille lieux de réaliser l’impact possible de sa dérision. Je souhaite qu’elle tire avantage de cet écart involontaire : savoir que le style n’est jamais neutre et là il y a eu une atteinte personnelle je regrette d’insister sur ce point.

L’ironie est une arme redoutable comparable au laser qui peut causer à la vitesse de la lumière des dommages maximaux. Savoir la manier est un art à utiliser avec prudence, car quand la cible est touchée, c’est une catastrophe souvent irréparable – où seul le pardon a sa place (-et surtout pas des ‘excuses’ ).

Note 1 : je reconnais que je parais pinailler sur un point somme toute pas très grave en soi mais c’est la manière.

Note 2 : Effectivement j’ai rejoint dans ma première réaction celle d’Olibrius sur ‘ce point’ exclusivement) dans ce commentaire précis. Olibrius qui peut tranquillement continuer à progresser, lui, dans son maniement de l’humour.

olibrius a dit…

La force des mots. Que puis-je faire contre cela? Je n'arrive pas à me faire comprendre, mais je persiste et signe: vous confondez les choses. C'est simplement un avis au ras des paquerettes. Que c'est beau une paquerette dans la nudité de ses pétioles.

Philippe POINDRON a dit…

Si, cher Olibrius, je comprends très bien ce que vous dites. Vous pensez, à juste titre si l'on regarde autour de soi, qu'il est nécessaire d'avoir des règles et des lois, qui empêchent que chacun n'en fasse qu'à sa tête dans l'espace public. Effectivement, on peut constater, par exemple, que, malgré les policiers, les radars et les caméras de surveillance, il y a quotidiennement des dizaines de motocyclistes, conducteurs de voitures, utilisateurs de vélocipède, qui passent au feu rouge, empruntent les sens interdits,se garent n'importe comment, roulent éventuellement (pour les deux roues) sur les trottoirs sans souci des piétons. Ces derniers, du reste, ne sont pas en reste dans leur incivisme.
Je ne parle pas des fraudes fiscales, ou des tromperies sur la qualité des marchandises proposées aux chalands. Cela est vrai, et cela justifie que dans l'état actuel de notre civilisation et de notre société, il y ait quantité de règlements. C'est simplement l'indice d'un avilissement de l'esprit public. Il me semble que dans un pays qui se réclame majoritairement de l'idéologie de gauche, c'est-à-dire peu ou prou soucieuse de la collectivité, il y a une certaine contradiction à n'en faire qu'à son idée quand il s'agit de sa propre conduite, mais à exiger que celle des autres soient sévèrement encadrée.
Fidèle à mon intuition initiale, je persiste à croire que le premier facteur de changement social est le changement des comportements individuels, que cela réclame une formation sinon morale, du moins civique de la part des personnes, et une réflexion approfondie sur ce qu'est l'autre. L'éducation nationale, les médias (à travers la publicité) n'y aident guère.
Voilà pourquoi je faisais allusion à saint Paul et à saint Jacques. Nous ne sommes plus les esclaves de la Loi, mais par la Foi nous sommes libres en Jésus, et cette liberté nous conduit tout naturellement à une certaine maîtrise de soi, une certaine ascèse, pas toujours faciles à respecter d'ailleurs.
J'espère avoir éclairci mon propos par ces précisions.