Joseph de MAISTRE dont nous avons beaucoup parlé ces temps-ci sur ce Blog a été ambassadeur du Roi de Sardaigne auprès de l'Empereur de Russie. C'est pourquoi, parmi ses oeuvres, il en est une qui est intitulée "Les soirées de Saint-Pétersbourg". Il semble bien que le palais de l'Ermitage hébergeait le portrait de VOLTAIRE du temps ou le Comte habitait la capitale de la Russie. Joseph de MAISTRE, avec raison et je m'en expliquerai, détestait - à la mesure même du talent qu'il lui prêtait et qu'il jugeait immense mais prostitué - le "Philosophe" de FERNEY. La vue du tableau de l'Ermitage lui inspira ce portrait au vitriol.
"N'avez-vous jamais remarqué que l'anathème divin fût écrit sur son visage ? Allez contempler sa figure au palais de l'Ermitage. Voyez son front abject, que la pudeur ne colora jamais, ces deux cratères éteints où semble bouillonner encore la luxure et la haine, ce rictus épouvantable courant d'une oreille à l'autre, et ces lèvres pincées par la cruelle malice, comme un ressort prêt à se détendre pour lancer le blasphème ou le sarcasme.
Semblable à cet insecte, le fléau des jardins, qui n'adresse ses morsures qu'à la racine des plantes les plus précieuses, Voltaire, avec son aiguillon, ne cesse de piquer les deux racines de la société, les femmes et les jeunes gens; il les imbibe de son poison, qu'il transmet ainsi de génération en génération.
D'autres cyniques étonnèrent la vertu ; Voltaire étonne le vice. Il se plonge dans la fange, il s'y roule, il s'en abreuve. Quand je vois ce qu'il pouvait faire et ce qu'il a fait, ses inimitables talents ne m'inspirent plus qu'une espèce de rage sainte. Paris le couronne, Sodome l'eût banni."
Semblable à cet insecte, le fléau des jardins, qui n'adresse ses morsures qu'à la racine des plantes les plus précieuses, Voltaire, avec son aiguillon, ne cesse de piquer les deux racines de la société, les femmes et les jeunes gens; il les imbibe de son poison, qu'il transmet ainsi de génération en génération.
D'autres cyniques étonnèrent la vertu ; Voltaire étonne le vice. Il se plonge dans la fange, il s'y roule, il s'en abreuve. Quand je vois ce qu'il pouvait faire et ce qu'il a fait, ses inimitables talents ne m'inspirent plus qu'une espèce de rage sainte. Paris le couronne, Sodome l'eût banni."
J'ai découvert avec stupeur, dans un livre dont je reparlerai, que VOLTAIRE détestait sa mère, que ses malversations avaient ruiné une famille qui lui avait confié ses biens, et qu'il est mort dans la folie, absorbant peu avant son dernier soupir, le contenu de son vase de nuit. Je mets sur ce dernier détail un doute légitime, car l'auteur ne donne pas de source vérifiable à l'information, et je déteste les on-dit, même si l'ouvrage est extrêmement crédible. Je vais sur ce point me renseigner. En revanche, il est avéré que VOLTAIRE était rongé par l'angoisse, la culpabilité, le remord, surtout sur la fin de sa vie, comme en témoignent les lettres qu'il écrivit à divers correspondants. On sait le rôle que ce littérateur exceptionnel par son talent de plume eut dans l'avènement de la Révolution, dans la germination de cette convulsion au profond du corps des élites intellectuelles et aristocratiques de son temps. Il est mort trop tôt pour voir les fruits empoisonnés de ses pensées viciées et vicieuses. Nul ne peut préjuger de ce qu'il en aurait dit et s'il aurait pu voir la part qu'il avait prise dans les persécutions de ses compatriotes par une poignée de fous. Paix à ses cendres et yeux grands ouverts sur ses écrits.
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