mercredi 12 juin 2013

De la réelle beauté du monde, deuxième billet du 12 juin 2013

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Voici quelques extraits d'auteurs qui me sont très chers et qui tirent les lecteurs vers le haut.
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D'Albert CAMUS, dans le Discours d'Upsal :
Le beauté ne sert, à longue ou brève échéance, que la douleur ou la LIBERTE des hommes.
 
Du poète René CHAR, dans Fureur et mystère :
Dans nos ténèbres, il y a une place pour la Beauté. Toute la place est pour le Beauté.
 
De Simone WEIL, dans La condition ouvrière :
Dans la peinture vraie du malheur, ce qui suscite la beauté, c'est LA LUMIERE DE LA JUSTICE dans l'attention de celui qui a tracé le tableau [Simone WEIL parle ici de l'artiste, peintre ou écrivain, qui peint ou décrit le malheur], attention rendue contagieuse par la beauté.
 
De Léon BLOY, dans Méditation d'un solitaire :
On est toujours du bon côté quand on est avec ceux qui souffrent la persécution et l'injustice.
 
De Simone WEIL, dans La source grecque :
L'homme doit subir ce qu'il ne veut pas, il doit se trouver soumis à la nécessité.
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Et maintenant, mes commentaires. Il m'est évident que les Veilleurs font le pari de la Beauté, de l'Espérance et de la LIBERTE. CAMUS a bien vu à quoi sert la BEAUTE. J'ajouterai ceci qu'il se peut que la douleur ET la liberté soient simultanément servies par elle. C'est bien, ce me semble encore, l'expérience que nous faisons en face d'un pouvoir qui paraît aveugle, sourd, arrogant, et en fin de compte malfaisant pour l'esprit public.
 
Comme René CHAR a raison. Il faut avoir entendu chanter l'hymne des Veilleurs dans la nuit pour sentir le poids symbolique de la beauté dans les ténèbres de la pensée ; il faut avoir vu ces centaines de lumignon lentement se consumer pour comprendre que rien ni personne ne parviendra à éteindre les fragiles lumières de ceux qui croient que la non violence, l'argumentation forte, le respect de ceux qui ne pensent pas comme eux et la résolution inébranlable de lutter contre le mensonge sont au cœur d'une résistance citoyenne et pacifique.
 
Avec Léon BLOY, j'étendrai mon empathie à tous ceux qui chez nous comme ailleurs dans le monde sont persécutés et souffrent pour la justice. La justice n'est pas écrite dans le Capital, ni dans les discours de JAURES, ni du reste dans ceux de Louis VEUILLOT ou de Maurice BARRES. La justice est bien au-dessus des mots. Et on peut en trouver les racines lumineuses dans la Parole de Celui qui a dit : JE SUIS.
 
Avec ma très chère Simone, je dis que nos petites lumières dans la nuit témoignent de notre lutte contre l'iniquité, qu'elles disent en effet que nous subissons ce qui peut paraître une nécessité (la loi inique est votée et promulguée) mais que nous pouvons subsumer cette nécessité en étant présent à nous-même, en modifiant notre regard sur les autres, en nous décentrant. Voilà ce qui fait la BEAUTE du monde : c'est l'homme debout, relié à ses semblables. La meilleure preuve que la BEAUTE est une source de salut, est l'insistance  avec laquelle les médias ne cessent de raconter les horreurs, les crimes, les guerres, comme si, pour en souligner l'effroyable existence, ils s'appuyaient en arrière plan sur un socle, supposé partagé par l'humanité entière qui serait celui du Bien dont ils seraient les définisseurs. Perspective moralisante et de ce fait vouée à l'échec (j'ai compris cela il y a peu).
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Enfin, de façon qu'on ne m'attribue pas un savoir encyclopédique que je suis très, très, très loin d'avoir, je signale que j'ai glané ces citations dans le livre merveilleux de Jean-François THOMAS : Simone Weil et Edith Stein. Malheur et Souffrance. (Préface de Gustave THIBON), Editions Culture et Vérité, Série Présence N°8, Namur, 1992.
 
 

2 commentaires:

tippel a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
tippel a dit…

Comme beaucoup de vos lecteurs nous avons pensé a vous, et aux veilleurs hier soir et cette nuit. J’apporte mon soutien et mon admiration à votre belle action dans l’inconfort de la rue pour le bien de nos familles et de nos enfants.