dimanche 23 juin 2013

La République des Veilleurs (seconde partie), second et très long billet du 23 juin 2013

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Voici la deuxième partie de l'essai d'Henri HUDE. (Je pars dans 10 minutes pour la soirée des Veilleurs.)
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2ème Partie

Une nouvelle république en formation
La situation politique en France comporte ainsi quelque chose de radicalement nouveau, incompréhensible à la seule science politique et dont la compréhension requiert l’adoption d’un point de vue philosophique. La seule révolte contre la dictature nihiliste ne suffirait pas à produire un mouvement de la nature de celui que nous observons. Un principe spirituel nouveau est à l’œuvre ici. C’est en cela qu’il y a réellement révolution.  
 
C’est une mutation soudaine qui s’est produite, et ce qu’on en voit n’est qu’un début. Nous ne sommes plus en présence d’un affrontement droite/gauche traditionnel en France, avec d’un côté les « conservateurs », ou la « réaction », et de l’autre un « front progressiste ». Nous sommes au contraire en face d’un retournement dialectique d’ampleur historique, conduisant au renouvellement complet des règles du jeu et, en particulier, à une renaissance très originale de l’idée républicaine.

Cette légitimité qui s’oppose aujourd’hui à cette légalité (ou apparence de légalité) qui n’a jamais fait défaut aux pires tyrannies, c’est encore et toujours, en France, la légitimité républicaine et c’est celle de l’Histoire. Mais qu'est-ce que la République ? Nous allons essayer de le dire.

La plupart des Français, chacun à leur manière, sont des républicains et des démocrates. Ils n’en ont pas tous conscience, parce que l’idée de la liberté et celle de la République ont souvent fait l’objet d’interprétations idéologiques, d’accaparements sectaires ou partisans. Cependant, tous inscrivent leur vie dans l’Histoire de la France, de son Etat, de sa République et de sa démocratie.
 
Si une crise politique majeure est en train de s’ouvrir dans le pays, c’est que l’opposition à une loi barbare exprime aujourd’hui, avec les mots particuliers propres à certains, non pas un conservatisme d’inertie, ou une réaction sans imagination, mais la pure essence de la doctrine républicaine française, profondément transformée par un effort infini et victorieux pour s’extirper de cette barbarie. Ce profond renouveau républicain, face au despotisme oligarchique et nihiliste, inspire la formation d’un projet d’avenir crédible et motivant, auquel l’oligarchie libertaire n’a rien à opposer.
 
L’idée française de la République avait reçu de Jean-Jacques Rousseau une première formulation assez précise. Prise à son plus haut niveau d’universalité, la République est tout simplement l’idée d’une société qui cherche à satisfaire, autant que cela est possible, la soif de liberté absolue conforme à la vraie nature de l’Homme. Et le pacte social d’une République a pour objet de constituer une société unie sur un semblable idéal de vie en société libre, à laquelle on convient de donner le nom de république – en ce sens spécial et précis. Cet idéal, pris à ce niveau le plus élevé d’universalité, n’a rien qui ne soit juste et raisonnable, d’autant que nul ne peut se dissimuler raisonnablement la différence qui subsistera toujours entre l’idéal et le réel.
 
Rousseau a donné de ce concept universel une interprétation très individualiste et dans cette mesure défectueuse, d’où se laisse malheureusement déduire le jacobinisme, matrice de toutes les idéologies (cf. Préparer l’Avenir, chapitre 14, pages 117-126, surtout 124-126).
 
Mais, si l’on considère l’Homme dans sa vérité, membre d’un « corps fait de membres pensants », comme le dit Pascal, et structuré par une loi morale naturelle qui est la loi de sa nature sociale, de sa nature rationnelle et de sa nature vivante, alors l’idée de la république reçoit sa forme authentique. Et elle devient légitimement un concept régulateur pour l’établissement des législations, autant que la prudence le permet. Et le pays qui s’unit et se constitue sur un tel idéal en reçoit un dynamisme extraordinaire. Nous assistons sûrement en France au début d’un tel phénomène. Le devenir d’un tel mouvement dépasse infiniment les avatars de tel ou tel morceau de législation, puisque le pays en faisant sa mue, se débarrassera un jour en bloc d’une entière carcasse de législation nihiliste.
 
En un mot, une idée rénovée de la République est en train d’émerger en France. Elle est susceptible d’unir à terme toutes ses traditions (politiques, philosophiques, mystiques) et de la refonder, à la fois structurée, noble, libre, démocratique, conforme à son caractère historique et génialement accueillante aux flux de la nouveauté historique.
 
Le combat pour le mariage, l’emploi et l’entreprise dans les territoires, la lutte contre une idéologie tyrannique  (d’égoïsme radical libertaire et amoral [3]), tels sont les trois piliers de ce mouvement qui lutte aussi pour les droits humains fondamentaux. L’idée de la liberté absolue, une fois détachée de prémisses individualistes et rattachée au sens de la famille, de la vie et de l’action dans le monde, comporte clairement l’ouverture d’une dimension mystique, le respect de cette dimension, de la personne qui est en le siège, et une tension continuelle vers une justice à la fois utopique et patiemment raisonnable. Tel est l’esprit qui surgit, celui de la nouvelle République française.
 
L’opposition définitive du peuple des familles à une loi barbare tient d’abord à ceci, qu’installant l’arbitraire dans la cellule élémentaire de la société, c’est à dire le couple et sa descendance, elle justifie pour demain la soumission de tous à l’arbitraire indéfini des idéologues et de leurs fantasmes. Comme ces derniers sont des intolérants qui excluent tous leurs contradicteurs du cercle qui a droit de déterminer le consensus démocratique sans reconnaître en cela aucune règle objective, il est évident que ce qu’on appelle, presque par dérision, la démocratie, consiste pour le peuple à obéir sans discuter aux volontés arbitraires des idéologues et des oligarques.
 
Mais, l’opposition du peuple tient ensuite et surtout au fait que cette législation ferme radicalement l’horizon de la liberté absolue et abolit ainsi la République. La liberté se trouvant réduite à une interprétation matérialiste, individualiste, excluant Dieu, la Nature et même la Raison transcendantale, fait forcément corps avec le principe de toute idéologie, formulé dans Les Démons par Dostoïevski : « Je commence par la liberté absolue et je termine par la dictature totale. »
 
La prise de conscience des familles n’est que le début d’une prise de conscience nationale demain unanime. Celle-ci va se produire lorsque conflueront l’indignation des couches populaires économiquement opprimées par l’ordre libertaire, et la ferme détermination des familles culturellement opprimées, par ce même ordre libertaire. Se rajouteront en outre à ces deux forces la résistance des patrons et des entrepreneurs écrasés par l’ordre fiscal et administratif, qui constitue un véritable système de privilèges au bénéfice de l’oligarchie libertaire.    
 
Quand les trois grands fleuves sociaux auront mêlé leurs eaux, quand l’ennemi commun aura été identifié, l’oligarchie ne pourra plus régner en divisant et il se produira un renouvellement profond à la fois de la démocratie et de la doctrine républicaine aujourd’hui corrompue. La France refera son unité, elle retrouvera un dynamisme et son Histoire, dans une nouvelle résistance mettant à bas un despotisme. "
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La troisième et dernière partie de cet essai figurera dans le deuxième billet de demain.
  

 


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