dimanche 25 novembre 2018

Dimanche 25 novembre 2018. Nouvelles du pari bénédictin. Vivre en créature, pas en machine


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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée à travers le ciel.

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ROD DREHER ET L’USAGE DES OUTILS.
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"Certaines personnes soutiennent que la technologie n’est que l’application de la science et que sa portée morale dépend de l’usage que l’on en fait. Ce point de vue est naïf. « Avant d’être un instrument, la technologie est d’abord une façon de voir le monde, qui porte en elle-même une conception particulière de l’être, de la nature et de la vérité », déclarait le philosophe des sciences Michael HANBY en 2015, lors d’un rassemblement catholique.
"Qu’a-t-il voulu dire par là ? Pendant des millénaires, les hommes ont utilisé des outils pour modifier leur environnement. Mais ce qui a donné naissance à la technologie comme vision globale du monde a été, d’abord avec le nominalisme, puis avec l’émergence de la modernité, l’idée selon laquelle la nature n’a pas de signification en elle-même. Qu’elle n’est que de la matière. Ce que l’Homme technologique appelle « vérité », c’est ce qui lui sert à étendre son empire sur la nature et ce qui lui permet de façonner avec la matière des choses utiles ou plaisantes, en droite ligne avec sa conception de l’existence. Regarder le monde selon un point de vue technologique revient à le considérer comme un matériau modifiable à volonté, sans les seules limites de l’imagination.
"Au contraire, pour la tradition chrétienne, la liberté véritable de l’homme, telle que sa nature l’y prédispose, réside dans une soumission pleine d’amour à Son Créateur. Tout ce qui ne vient pas de Dieu est un esclavage. En 1993, Neil POSTMAN publiait Technopoly, un essai dans lequel il expliquait que les croyances théologiques et métaphysiques des cultures prémodernes déterminaient la façon dont elles utilisaient les outils. Ce n’est que dans les temps modernes, avec la montée en puissance de la technologie, que nos outils se sont retournés contre nous et qu’ils ont gagné le pouvoir de rediriger nos conceptions métaphysiques et théologiques."

"« Il n’est pas bien difficile de deviner que le monde se divisera bientôt entre ceux qui veulent vivre en créatures et ceux qui veulent vivre en machines », écrit Wendell BERRY. Rangeons-nous du côté des créatures, et du Créateur."
In
Rod DREHER.
Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus. Le pari bénédictin. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Hubert DARBON.
Artège, Paris/Perpignan, 2017. (pages 318 et 341.)
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CONTREPOINT HARMONIEUX DE JEAN-CLAUDE GUILLEBAUD.
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"Aujourd’hui, nous sommes tentés par le désespoir. C’est donc le bon moment pour espérer.
"Examinons quelques-uns de ces vertiges de l’âme.
"Le premier, c’est le règne toujours plus puissant, conquérant, dominateur de la marchandise. Ce règne laisse de moins en moins de place à la gratuité, au partage, au désintéressement. Il finit par occuper l’espace. C’est MARX qui en a le mieux parlé au XIXe siècle quand il évoquait « les eaux glacés du calcul égoïste ». Difficile de réfléchir au nihilisme contemporain sans commencer par là. Le règne accompli de la marchandise, c’est le triomphe du « combien » sur le « comment ». Qu’il s’agisse d’apprécier le fonctionnement d’un hôpital, d’une école, d’un théâtre, le réflexe est toujours le même : compter au lieu de penser."

"Aujourd’hui, il est clair que nous sommes souvent dans une méconnaissance comparable. Nous agissons sans savoir ce qui est réellement en jeu. Dans l’univers médiatique, on use régulièrement ― et en toute innocence ― de la lapidation d’un présumé coupable. Un homme politique, un artiste, un curé, un chanteur, un magistrat, peu importe. Pendant trois ou quatre jours, il sera désigné comme coupable et lynché en tout bien tout honneur."
In
Jean-Claude GUILLEBAUD.
La foi qui reste. (Pages 138 et 146).
L’iconoclaste, Paris, 2017.
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COMMENTAIRES PERSONNELS.
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Ces quelques citations illustrent parfaitement l’impasse politique et sociale dans laquelle est piégée notre patrie.
Les idées forces de ces citations sont les suivantes :
(a) Les machines et les outils se sont retournés contre nous. Devenus dépendants du pétrole pour développer une agriculture intensive et accélérer les échanges par des transports de plus en plus rapides, nous ne pouvons plus réfléchir, rentrer dans le silence et devenir maître de notre vie.
(b) Le règne de la marchandise s’étale avec une rare impudeur aux yeux de ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter tout ce qu’il offre. C’est la raison des protestations qui, ici et là, s’élèvent contre le blocage des centres commerciaux, notamment lors de ce hideux black Friday emprunté aux États-Unis, par les "Gilets jaunes".
(c) La quantité remplace la qualité. Aucun journaliste ne s’est gaussé de l’annonce par monsieur CASTANER du nombre de manifestants à l’unité près, du nombre de sites où manifestaient les gilets jaunes, du nombre d’interpellations et de blessés lors des manifestations d’hier. Certes, un ministre de l’intérieur n’est pas mis à ce poste pour faire du sentiment, mais tout de même, il pouvait y avoir un commentaire de compassion ou de compréhension pour ces manifestants qui expriment leur misère sans pouvoir mettre de mots dessus et en sont réduits à le faire par la colère.
(d) Enfin, la nécessité de trouver un coupable ; il a été identifié hier et qualifié par monsieur CASTANER de bandes d’ultra-droite, alors que j’ai vu de mes yeux vu des manifestants anarchistes relevant de l’ultra-gauche sur des vidéos que l’on peut retrouver sur Twitter.

Je discutais récemment avec un ami, Jacques, qui n’est manifestement pas un pilier de sacristie, mais qui a choisi de vivre comme un moine : pas de télévision, pas de voiture, pas de téléphone portable, une garde-robe réduite à son minimum. Spécialiste de l’Inde, fin connaisseur du sanscrit, Jacques m’expliquait pourquoi il est indispensable de s’affranchir de l’usage du pétrole, ressource épuisable, vendue spéculativement par des pays qui sont des ennemis déclarés de notre civilisation ; qu’il est indispensable de revenir à des modes de vie plus simples, tout simplement parce qu’un jour l’épuisement des ressources naturelles, exploitées sans aucune vergogne par des compagnies anonymes, internationales, puissantes et discrètes, pourrait conduire à la guerre de tous contre tous. Jacques a en tête un projet de développement pour l’Inde. Peut-être acceptera-t-il d’en témoigner sur ce Blog. Je l’y encourage vivement. Dans tous les cas, je partage son analyse, et j’en ai tiré des conclusions personnelles pratiques, notamment dans l’usage de l’électricité.
Vivre en créature, pas en machine ! Et si c'était cela que voulaient exprimer les Gilets jaunes ? Je leur dis ceci : NON AU DÉSESPOIR !



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