jeudi 29 novembre 2018

Mercredi 28 novembre 2018. Nouvelles du temps présent : les deux types d'égoïsme


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La vertu et le vice politiques, voilà, au contraire ce sur quoi ceux qui se soucient d’une bonne législation ont les yeux fixés (Aristote, Les politiques. Livre III, Chapitre 9.)
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L’IDÉAL DE LA VIE SIMPLE VUE PAR UN JOURNALISTE JAPONAIS.
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"Monsieur le gentleman, vous monologuez sur la démocratie mais il semble que vous passez complètement au-dessus de l’essence du politique. Quelle est-elle ? Simplement de laisser les gens, aussi loin que leur volonté et leur intelligence le permettent, bénéficier de la paix et du bonheur. Si nous choisissons un système inadapté à la volonté et au niveau intellectuel des personnes, comment pourraient-elles obtenir la paix et la prospérité"
In
Nakae CHÔMIN.
Dialogues politiques entre trois ivrognes. Traduit, présenté et annoté par Christine LÉVY et Eddy DUFOURMONT.
CNRS Éditions, Paris, 2008. (Page 132.)
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NOTRE BON GUSTAVE FAIT UN BEAU CONTREPOINT.
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"[…] donc tous les régimes se valent.
L’argument est valable s’il veut signifier que tous les régimes sont imparfaits ; il porte à faux s’il veut signifier que tous les régimes sont également imparfaits. Songeons à ceci. Moralement, il se peut que tous les égoïsmes se vaillent. Il reste cependant que, socialement, certaines formes d’égoïsme (en particulier celle des hommes dont la volonté de puissance se déploie à l’intérieur de cadres vitaux comme la famille, la corporation ou la patrie) demeurent conservatrices et fécondes, tandis que d’autres s’avèrent essentiellement désorganisatrices et consomptives. Un paysan ― ce type d’humanité existe encore ! ― que l’avarice incline jour et nuit sur le sol, un chef d’entreprise dévoré d’activité sont égoïstes. Un financier cosmopolite, un démagogue corrupteur, un fonctionnaire parasite, un assisté social dont l’unique préoccupation est de traire au maximum la vache étatique, le sont également. Il ne s’agit pas de porter sur ces divers égoïsmes un verdict moral, il suffit de constater que les uns servent l’harmonie et la prospérité collectives et les autres agissent en sens inverse. Ceci posé, il est facile de comprendre que les institutions qui tendent à cultiver cet égoïsme anti-social se condamnent par elles-mêmes."
In
Gustave THIBON.
Diagnostic. Essai de physiologie sociale. Préface de Gabriel Marcel.
Chapitre Égoïsme et sens social, page 65.
Librairie de Médicis, Paris, 1942.
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COMMENTAIRES PERSONNELS.
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D’abord un mot sur Nakae CHÔMIN (1847-1901). CHÔMIN a tenté, avec un certain succès, d’introduire au Japon l’idée démocratique. Il a passé quelques années en France où il a étudié divers auteurs politiques dont Jean-Jacques ROUSSEAU. Il en a traduit en chinois classique une partie du Contrat social. La Bibliothèque chinoise, Éditions des Belles Lettres vient juste de faire paraître (22 novembre 2018) un livre bilingue (chinois-français) intitulé Écrits sur Rousseau et les droits des peuples traduits par Eddy DUFOURMONT et Jacques JOLY.
Il est assez aisé de mettre en rapport les deux citations. 
En lisant celle de CHÔMIN, j’ai l’impression qu’il s’adresse à l’actuel Président de la République dont le récent discours (manifestement intelligent et habile) n’a pas convaincu et pour cause, les Gilets jaunes. Voir une armée de fonctionnaires fiscaux traquer les messages personnels sur Facebook, obliger les entreprises à passer par un logiciel d’État pour établir leurs factures, enregistrées par le fisc, établir des normes  inapplicables avec la bienveillante complicité des parasites de Bruxelles relèvent tout simplement de l’égoïsme anti-social dont parle THIBON. Que des agriculteurs, des employés, des artisans, défendent leurs intérêts (en se voyant taxer par les parasites susnommés d’égoïstes anticiviques, de peste brune, alors qu’ils ne demandent qu’à profiter dans la paix du fruit de leur travail, comme l’indique CHÔMIN) est amplement justifié. Oh ! Certes, ils n’ont pas fait l’ENA et sans doute ne comprennent-ils pas les lois économiques comme le prétend un article prétentieux et arrogant du journal Le Monde (Lois qui se sont toutes révélées incapables de prévoir l’avenir économique ; elles ne font que décrire le présent, et indiquer quelques tendances). Mais eux, ils nous fournissent en légumes et fruits, ils transportent les marchandises, ils réparent les machines à laver et les plomberies déficientes, ils fabriquent des meubles. Ils sont socialement féconds, ce que ne sont ni les ministres, ni les députés, ni cette armée malveillante de fonctionnaires fiscaux pour lesquels chaque citoyen est un fraudeur en puissance. Pendant ce temps, les Facebook, Amazone, Google et autres grossiums internationaux pompent notre argent et ne payent pas un centimes d’impôts chez nous. Ne parlons pas de Total. C’est inacceptable. Tout cela finira mal. Et s’il est vrai que tout agent agit en vue d’un bien, il est aisé de comprendre que les élites défendent bec et ongle leurs privilèges souvent indus, en faisant refluer les classes moyennes en périphérie des métropoles, pas trop loin tout de même, pour qu’ils puissent profiter de leurs services : ces rejetés en périphérie, ces cantonnés dans les campagnes, on les appelle les Gilets jaunes. Je les soutiens sans réserve (sans cautionner les quelques violences de quelques rares d'entre eux, bien entendu).


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