mardi 13 novembre 2018

Mardi 13 novembre 2018. Nouvelles du pari bénédictin : une initiative des parieurs !


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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée à travers le ciel.
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LE PARI BÉNÉDICTIN VU PAR JEAN-CLAUDE GUILLEBAUD.
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"Ah, cette envie de fuir tout cela et de s’enfermer dans la citadelle ! Se répéter une fois encore « je suis chrétien », et attendre que revienne le temps de la foi partagée ! Après tout, la nôtre est assez solide pour résister aux années qui passent en verrouillant notre esprit. Attendre la fin de l’orage comme firent les hôtes ― humains et animaux ― de l’arche de Noé, mis à l’abri du Déluge. Ne plus bouger spirituellement et oublier les exhortations adressées par AUGUSTIN aux « voyageurs » que nous sommes. Oui, cette tentation m’habite encore de temps en temps. Elle a toujours existé. De siècle en siècle, des hommes et des femmes ont choisi plusieurs fois le refus, l’immobilité stoïque, le retranchement défensif dans leur statut de croyant.
"La citadelle en question, on l’aura compris, est d’abord métaphorique. C’est celle que Thérèse d’AVILA appelle le château intérieur, dans un livre rédigé en 1577, chef-d’œuvre de la mystique occidentale. Reste à savoir de quelle façon on habite ce château. Comme une forteresse insolente, pont-levis haussé et bannières déployées dans le désert des Tartares ? Comme un abri ouvert à l’autre ? Nous voilà revenus, on l’aura compris, à cette querelle moderne de la « foi identitaire », celle que j’évoquais dans le premier chapitre. J’en parlais alors avec sévérité, mais je n’ai aucune envie de jeter l’opprobre sur les chrétiens qui revendiquent ― ou assument ― ce qualificatif d’« identitaire »."
[…]
"Disons que, dans un contexte changé, cette proclamation est aujourd’hui devenue un piège dont je mesure les dangers. Certes, je comprends très bien qu’on puisse réagir face à une menace. On se regroupe, on fait corps pour faire face, quitte à s’enfermer dans un périmètre particulier. Par réflexe, on brandit son identité devant ceux qui ne la respectent pas, ou la combattent. Rien de plus naturel. Face à d’autres discriminations (Noirs, homosexuels, migrants, etc.) les diverses manifestations que l’on qualifie de pride (fierté) sont parfois bruyantes mais légitimes."
In
Jean-Claude GUILLEBAUD.
La foi qui reste. (Page 92ss).
L’iconoclaste, Paris, 2017.
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CONTREPOINT DE ROD DREHER.
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Il me semble vous avoir déjà donné cet extrait du livre de DREHER. J’y reviens, car il illustre fort bien ce que Jean-Claude GULLEBAUD veut dire, ainsi du reste que la citation de Jacques MARITAIN qui nous sert de devise depuis l’inauguration de cette série consacrée au pari bénédictin.

DREHER parle des pistes que KINZER ouvre aux chrétiens. (KINZER a été député républicain à la chambre des représentants du KANSAS. Il a lutté, sans succès, pour la liberté religieuse et pour l’objection de conscience. Il a depuis abandonné partiellement la politique conventionnelle.)

"« Il ne faut pas être alarmiste, je sais, mais nul ne peut ignorer les menaces très sérieuses qui pèsent sur les chrétiens, et les dangers bien réels du monde politique. Les chrétiens doivent comprendre ce que signifie être en minorité, et à quel point leur situation est critique. Sans cela, ils joueront à un jeu sans en connaître les nouvelles règles. »
"KINZER soutient que les chrétiens, s’ils doivent effectivement se concentrer sur le local et les communautés paroissiales, ne peuvent pas pour autant se permettre de déserter la politique. L’enjeu des libertés religieuses est bien trop élevé. Que faire, en ce cas ? Il propose quelques pistes :
"— Entreprendre des actions aux niveaux local et national : interpeller les législateurs par courrier manuscrit (en non en copiant-collant des e-mails de groupes activistes) et lors des rencontres publiques.
"— Préférer des objectifs prudent atteignables. Ne pas se lancer à corps perdu dans la guerre culturelle et gâcher un capital politique précieux en gestes anecdotiques ou au contraire trop virulents.
"— Rien n’est plus important que d’assurer la liberté, pour les institutions chrétiennes, de faire grandir les générations futures dans la foi. Vu notre faiblesse politique, c’est la priorité et le reste attendra.
"— Faire appel aux médias locaux pour faire entendre la voix des chrétiens lors de débats importants.
"— Rester poli et respectueux, de manière à ne pas donner raison à ceux qui considèrent les engagements des chrétiens comme des combats de bigots puritains.
"— Parce que nous avons besoin de toute l’aide possible, former des alliances entre les différents courants du christianisme et avec les religions non chrétiennes. Tendre une main amicale aux homosexuels qui ne sont pas de notre avis, mais luttent pour la liberté d’expression et de pensée."
In
Rod DREHER.
Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus. Le pari bénédictin. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Hubert DARBON. (Page 134.)
Artège, Paris/Perpignan, 2017.
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COMMENTAIRES PERSONNELS.
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Il n’est pas question que les chrétiens, devenus minoritaires sur une terre où ils furent jadis triomphants (un peu trop sans doute), désertent le monde. Ils doivent au contraire l’habiter, en sachant qu’ils n’en sont pas des membres consentants. Le chrétien est dans le monde, il n’est pas de ce monde.
Je voudrais donner ici un exemple très concret de l’action du parieur bénédictin. Il est illustré par la création sur la paroisse Sainte-Jeanne de Chantal de l’association Oasis. Ouverte à tous les habitants du quartier, elle offre aux jeunes la possibilité de faire du sport, d’être aidés dans leur travail ; elle aide de jeunes entrepreneurs à monter leur affaire ; elle propose des rencontres de réflexion (surtout aux parents d'adolescents). Il n’y a pas d’ostentation dans son action ; il y a une offre pleine de douceur faite à tous les hommes de bonne volonté, une offre qui se fait dans le nom de Jésus, mais qui ne l’impose jamais. (Cf. https://www.saintejeannedechantal.com/L-Oasis-le-pole-jeune-de-Sainte-Jeanne-de-Chantal_a223.html ; j’ajoute que le site ne décrit pas l’intégralité des activités proposées, lesquelles s’adresse, il est vrai essentiellement aux jeunes).
Penser à l’armée des étoiles jetée à travers le ciel ! Le ciel serait profondément obscur s’il n’était clouté de ces brillants, innombrables et pourtant humbles lumignons que parfois nous devinons avec peine quand la brume est tombée, mais qui n’en sont pas moins là. Nous n’avons pas à être saisi par la fièvre obsidionale, mais nous avons l’ardente obligation de proclamer à temps et à contretemps la Bonne Nouvelle, y compris en manifestant pacifiquement mais massivement et publiquement notre opinion.


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