samedi 21 mars 2009

L'esprit du monde

L'un de mes lecteurs et amis, à qui je faisais remarquer combien je détestais la manière dont les journaux et les journalistes ont rendu compte des propos de Benoît XVI sur le préservatif, m'envoie cette réponse que je désire commenter, tant elle me paraît traduire en effet l'esprit dans lequel vit le monde. Bien entendu, ce n'est pas mon ami qui est en cause, c'est simplement cette volonté que manifestent les "journalistes" et les médias de faire du sensationnel au détriment de la vérité factuelle.
Voici donc sa réponse, et après elle, mes propres remarques.
"Quant à la diffusion partielle des messages, nous savons bien que c'est une pratique courante. Ceci dit, c'est aux responsables de la communication de prévoir, dans leur formulation, la déformation des messages et d'avoir une stratégie en conséquence.
Comme ce ne sont pas des "idiots" je pense donc que ça fait aussi partie de la technique de communication de laisser la place à plusieurs utilisation du message (notamment par la troncature)."
Claude, tel est le prénom de mon ami, accepte donc l'idée que les medias puissent tronquer les messages de tiers POUR EN DEFORMER LE SENS. Et il fait le procès à ces tiers ne ne pas tenir compte de cette possibilité, première hypothèse, ou au contraire, deuxième hypothèse, de le faire exprès pour laisser la porte ouverte à toutes interprétations possibles. Dans le premier cas, ce serait des idiots, dans le second des manipulateurs. Claude est un adepte de Mac LUHAN pour qui le message c'est le medium (singulier de media), et il pense que toute communication est manipulation et relève de la stratégie, c'est-à-dire de la VOLONTÉ DE PUISSANCE ET DE DOMINATION, de la persuasion et non de la conviction.
Je ne crois pas que cette interprétation soit juste ; en revanche, je la crois tout à fait conforme à l'esprit du monde qui se nourrit de méfiance (et recherche la puissance et la domination), plutôt que de confiance, de vérité et de bienveillance.
Il serait vain et peu productif de négliger cette donnée. Mais on ne peut se demander si notre société ne serait pas plus agréable à vivre si nous faisions le crédit de la bonne foi à nos interlocuteurs, sans pour autant abonder toujours dans leur sens. Je crois à l'exercice de la pensée. Je ne crois pas aux systèmes d'idées. Mais il est plus facile de vivre dans un système que de marcher sur le fil d'une pensée structurée : on risque d'être pris de vertige en effet.

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