Un groupe de jeunes distribue des tracts. L'un de ces jeunes est derrière un petit pupitre adorné d'une banderole en forme de kakemono sur laquelle on peut lire "non aux banques bling bling". Le slogan est repris par les deux autres à voix haute et distincte. Je saisis le tract. Il est fort intéressant ce tract. Souffrez que je vous le résume.
Une enquête diligentée par une commission mixte de l'Assemblée Nationale et du Sénat, coprésidée par Messieurs MIGAUD et ARTHUIS - dit-il - a conduit a auditionner les principaux banquiers français. L'échange a été courtois, mais il ne semble pas que le fond du problème ait été effleuré, pas même évoqué, et c'est même certain. Les rédacteurs du tracts recommandent donc que l'on crée en France une commission analogue à la Commission PECORA, du nom de son Président, qui en 1933, après la crise de 1929, fit une enquête incisive sur les pratiques douteuses de la finance américaine. La Commission avait les pleins pouvoirs. Le tract ajoute : Les établissements financiers, dont le comportement a conduit à la situation actuelle, s'avèrent cependant incapables de transmettre à l'économie, sous forme de crédits, les avantages que leur procure l'Etat. Dans ces conditions, nous demandons de toute urgence : (a) la constitution d'une commission d'enquête parlementaires sur les agissements de ces établissements financiers et l'état de leurs comptes. Le moment est en effet venu de faire comparaître devant les représentants du peuple ceux qui ont abusé de leurs pouvoirs et de déterminer comment ils ont pu procéder et avec qui, en France ou ailleurs dans le monde. Cet examen a pour objet de déterminer ce qui est viable et nécessaire à un fonctionnement légitime du système bancaire, qui doit être maintenu et aidé, et ce qui relève de l'imprudence irresponsable ou d'opérations exotiques, qui doit être soumis à des procédures de banqueroute organisée. L'Etat ne doit pas faire payer les citoyens en absorbant les créances douteuses de ceux qui se sont égarés, mais faire constater leur absence de valeur et les éliminer dans l'intérêt général. (b) La réquisition temporaire des banques afin d'assurer qu'elles alimentent réellement l'économie en faisant leur métier légitime et qu'elles donnent accès en toute transparence à leurs comptes, parallèlement aux travaux de la commission d'enquête et dans la logique de son fonctionnement.
Je dois dire que suis assez sensible au ton relativement mesuré de ce tract. En effet, il reconnaît la nécessité d'un système bancaire pour le fonctionnement de l'économie, et en même temps il souligne l'immoralité de pratiques qui font de l'argent une marchandise et une fin, alors qu'il n'est qu'un moyen au service de l'homme. Par le moyen de la réquisition, elle évite la nationalisation des banques tout en soumettant leur fonctionnement à un contrôle rigoureux qui pourrait être assuré du reste par un groupe de personnalités indépendantes et venues de tous les bords politiques.
L'initiative de cette pétition est prise par Messieurs Jacques CHEMINADE et Lyndon LaROUCHE (Solidarité et Progrès, BP 27, 92114 CLICHY Cedex). Je me demande si monsieur CHEMINADE ne fut pas un jour candidat à la Présidence de la République. J'ignore si ses opinions sont "de gauche" ou "de droite" et je m'en moque. Après examen, elles me semblent pondérées et justes, et tout à fait de nature à améliorer le système financier de notre pays. Après tout, vous pouvez soutenir leur pétition.
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