jeudi 26 mars 2009

Réponse à Olibrius

Un lecteur, qui se donne lui-même le pseudonyme d'Olibrius, un lecteur que je suppose très occasionnel, fait le commentaire qui suit sur mon billet intitulé "Une bonne fois pour toute". (Comme je doute qu'on aille lire les commentaires, je préfère en effet vous le livrer tout cru).
"N'êtes vous pas aussi un peu manipulateur quand vous affichez des certitudes qui ne laissent pas libres vos interlocuteurs ???"
Je ne peux pas laisser passer un tel commentaire sans réagir. Je l'ai déjà fait privément en répondant à mon lecteur. Mais il s'agit d'une affaire trop grave pour qu'on puisse laisser passer ces remarques sans réagir.
1-Je ne doute pas un seul instant de la bonne foi de mon lecteur. Il est persuadé (et non point convaincu) que je manipule. Est-ce vraiment manipuler que de s'opposer à l'opinion dominante ? Faut-il que je lui rappelle PASCAL ? "Plusieurs choses vraies sont contredites. Plusieurs choses fausses sont assenties. Ni la contradiction, ni l'incontradiction ne sont marque de vérité."
2- Il ne critique pas le fond. Il accuse, sous forme interrogative, j'en conviens, mais il accuse, et c'est ma personne qu'il vise et non le message. Il ne me donne aucun fait ou argument susceptibles d'aller à l'encontre de mes remarques.
3-Je rappelle que j'ai enseigné la virologie pendant 35 ans, et que je suis bénévole à l'Association Tibériade qui accueille des personnes séropositives. J'en recueille les confidences. Et j'ai le coeur serré quand je vois des jeunes de 25 ans qui viennent frapper à notre porte. Je ne peux donc pas encourager, pour ceux de nos frères en humanité qui ne peuvent résister à leurs pulsions, des pratiques sexuelles à risque. En d'autres termes, je ne puis condamner l'usage du préservatif dans des situations de compulsion sexuelle. Que ce soit bien clair. Mais je sais aussi qu'un tel usage ne supprime pas le risque.
4-Je n'expose pas des certitudes philosophiques ou idéologiques. Je vous rapporte l'analyse que fait WILKINSON des travaux sur la protection qu'est censé apporter le préservatif contre la transmission du SIDA. Cette protection n'est pas totale. Ce n'est pas une opinion, ni une idée, c'est un fait.
5-La moindre des honnêteté intellectuelle est de reconnaître la chose, et de faire savoir que le préservatif n'est pas la protection absolue qu'on veut bien dire.
6- En réalité, ce qu'Olibrius me reproche, c'est d'aller contre la représentation symbolique qu'il a de la liberté sexuelle. Je l'invite à lire le billet que je prépare et qui sera publié dans quelques jours, sur ce qu'est la liberté, telle que l'a analysé Simone WEIL (et d'autres).

2 commentaires:

olibrius a dit…

mais non cher monsieur je ne suis pas un lecteur "par hasard", mais presque tous les jours. Votre presqu'information était donc fausse (manip???). Je veux dire que vous écrivez vos billets d'une façon trés intellectuelle qui ne permets pas à ceux qui les liraient (dont moi) de tout comprendre. Donc risque de ...manipulation. Essauyez d'avoir plus d'humilité pour moi en tout cas.
Je reviens sur un billet qui témoignait sur une aventure d'un petit garçon avec sa glace et son pourboire. Vous vs êtes fait manipuler et vs ns avez manipulés (involontairement bien sur!!!) car l'histoire trainait sur le net depuis des mois et n'téait pas véridique. Eh oui!!!
A bientôt... si j'arrive à refaire marcher mon système de réponse.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius,

Non, je ne crois pas que mes billets soient très intellectuels. Ils demandent certes un effort, mais ils m'en demandent à moi aussi. Je crois que nous crevons de prendre nos congénères pour des imbéciles. On nous matraque avec des conneries (passez-moi l'expression ; elle traduit bien ma pensée), mais assez peu avec une pensée, des faits et des raisonnements. J'ai très peu de certitudes, cher Olibrius, très peu, croyez-moi : je fais confiance à la raison, je crois à la bonne foi de mes interlocuteurs, et je ne connais qu'un Maître : Jésus.
J'ignorais que l'histoire du petit garçon fut une blague. Quand bien même elle serait un conte, le conte est beau et donne à réfléchir. Il est fort bien écrit. Et il sonne juste.
En tout cas merci de me lire régulièrement. Sachez que je prends très au sérieux vos remarques. Si vous les faites, c'est qu'elles correspondent à un fait de conscience. Et je ne peux pas ne pas en tenir compte.
Bien amicalement.

Philippe POINDRON