mardi 5 mai 2009

La providence fait bien les choses...

Je rentre après avoir passé six jours à Strasbourg. J'en ramène quelques livres que j'avais commandés à un libraire absolument délicieux de gentillesse et de science. Il s'agit de quatre ouvrages publiés à Lyon en 1822, chez Rusand, Imprimeur du Roi, consacrés aux oeuvres du Comte Joseph de MAISTRE. Contrairement à ce que nous enseignent les idées reçues, il nous faut savoir que monsieur de MAISTRE n'était pas français, mais sujet du Roi de PIEMONT-SARDAIGNE et qu'il est de souche savoyarde. Il fut ministre plénipotentiaire de ce monarque auprès de l'Empereur de RUSSIE et c'est pourquoi nous lui devons un ouvrage appelé Les Soirées de Saint Petersbourg. Ces soirées ne figurent pas, malheureusement, dans les quatre tomes en ma possession. En revanche, j'y trouve ceci que je trouve très propre à la réflexion :
Nos idées sur le bien et sur le mal, sur l'innocent et le coupable, sont trop souvent altérées par nos préjugés. Nous déclarons coupables et infâmes deux hommes qui se battent avec un fer long de trois pouce [comprenons ici le poignard d'un sicaire ou d'un assassin des ruelles] ; mais si le fer a trois pieds, le combat devient honorable [comprenons ici le duel à l'épée]. Nous flétrissons celui qui vole un centime dans la poche de son ami ; s'il ne lui prend que sa femme, ce n'est rien. Tous les crimes brillans [orthographe sic] qui supposent un développement de qualités grandes ou aimables ; tous ceux surtout qui sont honorés par le succès, nous les pardonnons, si même nous n'en faisons pas de vertus ; tandis que les qualités brillantes qui environnent le coupable, le noircissent aux yeux de la véritable justice, pour qui le plus grand crime est l'abus de ces dons (Considérations sur la France).
Le constat est plus vrai que jamais. Et c'est ainsi que l'on voit des hommes politiques comprendre la séquestration de cadres ou de dirigeants d'entreprise (quand des plans sociaux ne conviennent pas à ceux qu'ils concernent), et des cadres ou dirigeants d'entreprise comprendre des plans sociaux injustes (quand ils ne les concernent pas) et les mettre en oeuvre sans état d'âme.
Monsieur de MAISTRE est jugé ringard ; sa philosophie politique dépassée, parce qu'il a démontré de manière irréfutable l'erreur intellectuelle et morale que fut la Révolution ; mais il ne fait que dérouler implacablement les conséquences d'une pensée totalitaire, inhumaine, et radicalement liberticide. J'aurai donc souvent l'occasion de parler de monsieur de MAISTRE. Et je signale qu'un de mes lecteurs a fait un commentaire de mon billet du 27 avril en citant justement Joseph de MAISTRE, commentaire que je vous invite à lire. J'en reparlerai.

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