vendredi 15 mai 2009

Quelques chiffres intéressants

Il y a des légendes qui ont la vie dure. Voici des chiffres, publiés par Jacques MARSEILLE dans Le Point (livraison du 14 mai 2009 ; N°1913), qui donnent à réfléchir en une période où tout le monde parle du pouvoir d'achat, des salaires insuffisants et des avantages indus consentis aux grands dirigeants.
En 2007, le salaire mensuel moyen, net de tous prélèvements, et pour un poste à temps complet, était, dans le secteur privé et semi-public, de 1.997 euros. Ce sont les femmes ouvrières qui étaient les moins bien payées (1.239 euros), et les cadres masculins qui étaient les mieux payés (4.276 euros). Le rapport entre ce salaire et celui de l'ouvrière est de 3,4 (avant impôts). La France est, à cet égard, l'un des pays où les inégalités moyennes entre salariés sont les plus faibles. Autre chiffre, et des plus parlants, le salaire net médian (50 % des salariés gagnent moins que lui ; 50 % gagnent plus) est de 1.594 euros.
Bien entendu, ces chiffres n'incluent pas les revenus non salariaux : prestations sociales, chèques restaurants, réductions de toutes sortes sur sur toutes sortes de produits négociées par les comités d'entreprise, chèques vacances, etc. qui viennent abonder les revenus réels des ménages.
Il y a donc un immense écart entre la perception que les Français, ces maniaques de l'égalité, ont de la réalité et la réalité elle-même. Bien entendu, les chiffres présentés ici sont des moyennes, et il est difficile d'affirmer que lorsque l'on a un pied plongé dans l'eau glacée et l'autre dans l'eau bouillante, on a les pieds dans une eau qui fait en moyenne 50°C. Il faut se garder de trop tirer les conclusions, mais tout de même la situation n'est pas aussi catastrophique que le prétendent les responsables syndicaux et les politiques de l'opposition qui nous bassinent avec l'accroissement des inégalités et la paupérisation. Mais attention, cela n'exonère pas les grossium du CAC 40 de leurs responsabilités dans l'emprise qu'a sur l'opinion publique cette croyance. Moins de bonus, moins d'arrogance, moins de stock-options, plus de responsabilité, et des salaires qui correspondent réellement aux services rendus permettraient plus d'objectivité de juigement de la part de nos concitoyens.
Autres chiffres, commentés toujours par Jacques MARSEILLE. En 1981, 82 % des Français se disaient fiers d'être français ; ils sont aujourd'hui 90 % soit une augmentation de 8 %. Cette fierté traverse toutes les générations (18-29 ans : 88 % ; 45-59 ans : 87 %), toutes les couches de la société (non-diplômés : 91 % ; diplômés : 87 %), toutes les opinions politiques (gauche : 87 % ; droite 95 %). Plus encore, nous sommes seulement 43 % à penser que pour être français, il faut avoir des origines françaises, mais 98 % à penser que pour être français, il d'abord respecter la loi et les institutions françaises et 96 % à penser qu'il faut être capable de parler français.
En outre, en 1981, 19 % des Français se disaient très heureux ; ils sont aujourd'hui 34 %. Globalement, 90 % des Français se disent très heureux ou assez heureux aujourd'hui.
Il convient de moduler ces chiffres paradoxaux par un autre pourcentage qui laisse rêveur : 2 % des Français se disent très satisfaits du fonctionnement de la démocratie (ils étaient 4 % en 1981) et 37 % assez satisfaits (41 % en 1981).
Voilà du grain à moudre pour les responsables politiques ou économiques. Puisqu'ils sont si savants, il serait bon qu'ils donnassent quelques éléments de solution à cet étrange paradoxe qui veut que nous soyons si heureux dans un pays apparemment si peu démocratique.

3 commentaires:

olibrius a dit…

J'aime bien Jacques Marseille que je peux voir dans la bonne émission de France 5: C dans l'air. Il vulgarise assez bien les choses et c'est bon pour moi de comprendre certains mécanismes de la finance, entre autres. Mais, je ne sais pas où il va chercher ses chiffres du rapport entre salariés. Même s'il s'agit d'une moyenne - et l'on peut dire que 3.4pourrait être une bonne moyenne- il me semble que la réalité est beaucoup plus ample. J'ai un ami qui est DRH dans une grande entreprise à Paris et qui me confirme que cette disparité tourne plutôt aux alentours de 10 ou 12 et qu'elle ne tend qu'à s'élargir (comme l'univers dit-on).

Je vais vous partager un peu de mon écoeurement actuel. Regardez les employés de GDF et/ou EDF (même si ces sociétés ont d'autres appellations actuellement). Ils sont en frève(je ne sais pas comment appeler ce genre de grèves) et coupent le gaz ici, l'élecvtricité là bas; rétablissent gratuitement les lignes coupées, etc... Ces personnes demandent des augmentations substantielles de salaires tout en gardant leurs avantages. Tous ces employés bénéficient du gaz ou de l'électricité presque gratuitement, et cela même quand ils seront en retraite. Essayez de voir les avantages de leurs comités d'entreprise financés par une taxe sur l'usager, les vacances à trés bas prix dans des lieux super "in".
Vous me direz que les cheminots sont un peu dans le même genre d'avantages. Oui, mais les trains qu'ils peuvent prendre gratuitement, (eux, leurs familles, parents,etc..)doivent de toute façon rouler, mais l'électricité et le gaz , il faut l'acheter, le fabriquer et cela coute!

Alors même si j'entends bien votre bémol par rapport aux hiffres avancés par Marseille, ne soyons pas "naïfs" (tiens, ca fait la deuxième fois ce jour!) pour prendre cela comme argent comptant.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Olibrius,

Je vais répondre à votre très importante objection concernant la naïveté,la mienne,comme celle de tout interlocuteur potentiel. Il s'agit là d'un problème crucial qui vient polluer tout échange - je ne parle pas de la naïveté - je veux parler de la tendance (très française) de ne pas faire confiance à la parole de l'autre. J'aurai l'occasion de parler de la sincérité, de la vérité, de l'erreur, du mensonge, etc.
En tout cas, merci pour vos remarques. Elles sont toujours très pertinentes, quoi que vous puissiez penser sur vos capacités. Vous avez un regard bien sévère sur celles-ci. Peut-être avez-vous des lacunes dans vos savoirs (mais ça reste encore à démontrer, car je vous crois très cultivés), mais pas dans votre aptitude à la connaissance. Et après tout c'est cela qui est important.
Amicalement.

Philippe POINDRON a dit…

Je rajoute ceci à l'intention d'Olibrius (a) il faut lire "cultivé" et non "cultivés". Par ailleurs, et j'en parlerai aussi, il y effectivemen des avantages indus ou qui deviennent indus quand leurs bénéficiaires réclament toujours plus.