Lorsque j'enseignais, j'apprenais à mes étudiants comment il est possible de caractériser la vie d'une cellule ou d'un organisme. Je leur disais ceci : la vie est caractérisée par une propriété toute particulière, la croissance. Et la croissance comporte deux aspects : la possibilité d'augmenter par soi-même sa masse de matière vivante, la possibilité de se reproduire (cette dernière propriété pouvant être quelque fois absente).
Le temps et la réflexion aidant, j'ai essayé de voir ce qui caractérisait la vie humaine. Manifestement et déjà, au moins les deux propriétés que je viens de dire : il est aisé de voir qu'un bébé qui grandit augmente par son activité propre sa masse de matière vivante, et qu'un adulte qui a soin de son corps peut se muscler ; il est non moins aisé de constater qu'ordinairement l'être humain, par son activité sexuelle propre, est fécond, engendre (pour l'homme) ou enfante (pour la femme).
Mais l'homme ne peut se réduire à cela, qui caractérise la vie animale. Il est doté de parole et de pensée, et il est logique et imparable de conclure que ces caractéristiques spécifiquement humaines contribuent aussi à le rendre vivant. Comment est-il possible à l'homme, par son activité propre, d'accroître l'efficacité de sa parole, la pertinence de sa pensée, la capacité relationnelle, que l'on peut analogiquement assimiler à la vie organique ? Il me semble que l'étude, la culture, le dialogue avec l'autre sont des activités qui peu à peu, nous rendant plus maître de nous-même et plus proche des autres contribuent à nous faire grandir. De même, la fécondité peut être de nature spirituelle. De grands auteurs, de grands philosophes, de grands explorateurs, peuvent avoir des émules, ou plus sûrement des disciples qui leur reconnaissent une paternité spirituelle.
Voilà où m'amène ce matin l'état de ma réflexion. Elle est certes imparfaite, mériterait d'être creusée. Mais j'ai tellement eu l'occasion de vérifier pour moi-même la pertinence de ces constatations que je ne peux m'empêcher de vous les faire connaître : l'étude, le dialogue sublimés en connaissance et en amour (l'une étant l'antichambre de l'autre) me semble être des conditions indispensables au développement humain.
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