Mes lecteurs réguliers auront noté ma prédilection pour des auteurs comme Gustave THIBON, LANZA del VASTO, MArcel LEGAUT ou Simone WEIL. Je viens seulement de prendre conscience claire des raisons qui me les font aimer et les prendre comme inspirateurs de ma propre vie. Tous se sont mesurés au réel, les trois premiers en travaillant la terre, la dernière en faisant une expérience de travail ouvrier dans une usine. Aucun d'eux n'a pas passé sa vie à élaborer des théories, des systèmes d'idées. Ils ont d'abord pensé avant d'écrire ; leurs pensées, ou plus exactement leur penser, (c'est à raison que j'utilise ici un infinitif), est le fruit d'un long mûrissement intérieur, développé au contact de la nature ou la matière : la vigne, les brebis, le travail manuel. L'action a nourri le verbe. Aucun de ces très chers amis ne s'est payé de mots. Au contact de la nature, par le travail manuel, il a pris contact avec ce qu'il est vraiment lui-même, il a expérimenté ce que LEGAUT appelle la foi en soi qui n'est pas la confiance en soi, liée à la carence d'être. De sorte que tous, sans illusion aucune sur leurs limites et sur la misère humaine, ont échappé à la grande tentation du désespoir : celui de n'être pas ce qu'ils auraient voulu être. Humble acceptation de leurs limites, conscience de leur unicité, confiance dans un devenir insondable due à leur permanente fidélité à eux-mêmes. On est loin de KIERKEGAARD et son traité du désespoir...
Et dire que je vous bassine avec Ségolène, Nicolas, François, Martine, et les autres ! Que tout cela est dérisoire. Aucun d'eux n'a la clé qui ouvre la porte du sens de la vie. Notre civilisation est ivre, ne vit que dans la demesure, cette hubris si bien décrite dans ses effets par SOPHOCLE, ESCHYLE ou EURIPIDE : XERXES a eu beau faire fouetter la mer avec des chaînes, il n'en a pas moins perdu sa maîtrise.
Depuis quelque temps, vous le noterez, je m'efforce de développer une pensée plus cohérente, moins émotionnelle, moins réactive à l'actualité immédiate. Il m'arrivera encore de commenter tel ou tel événement (et je vais le faire à propos d'un article d'Axel KAHN sur la crise de l'université, article à moi transmis par un proche qui me fait l'amitié de me lire), mais je m'efforcerai désormais d'être moins polémique. C'est tout pour ce billet
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire