Dans un billet intitulé "lynchage médiatique", je faisais il y a quelques jours une allusion sibylline aux réactions de Benoît XVI après qu'il eut été abreuvé de railleries, d'injures et de critiques par les médias pour la levée d'excommunication des prélats intégristes, dont un négationiste. Je ne veux pas vous laisser plus longtemps dans l'ignorance de ses réactions. Elles éclairent parfaitement ce que dit Jean-Claude GUILLEBAUD de ce phénomène vieux comme le monde, né avec les sociétés humaines, et qui a pris aujourd'hui le masque joli et la plume vengeresse de "journalistes" en folie, mais qui n'est jamais qu'un crime rituel destiné à ramener l'unanimité dans des sociétés traversés par les violences mimétiques. Vous noterez que le texte de GUILLEBAUD cite le pape comme l'un des Boucs Émissaires possibles, bien qu'il ait été écrit il y a plusieurs années.
Je dois à un ami de Strasbourg copie de l'article publié dans le Magazine "Présent" du 18 mars 2009, intitulé "Retour sur la lettre de Benoît XVI aux Évêques" et signé par Jacques TREMOLET de VILLERS ; il contient justement les propos du Pape, dont personne ou presque n'a parlé :
On a l'impression que notre société a besoin au moins d'un groupe auquel on ne peut réserver aucune tolérance, contre lequel on peut tranquillement se jeter avec haine. Et si quelqu'un ose s'approcher de lui - en l'occurrence le Pape - il perd lui-même le droit à la tolérance et peut aussi être traité avec haine, sans crainte ni retenue !
On aura reconnu une analyse analogue à celle que fait René GIRARD dans toute son oeuvre, et qui met en évidence le rôle qu'a joué le Bouc Émissaire dans l'édification des sociétés humaines.
Mes amis juifs, eux, m'ont consolé ajoute le pape. Ce qui est la stricte vérité.
Comble du paradoxe, avec force et douceur, Benoît XVI a donné à René GIRARD, mon cher René GIRARD, une leçon ; oui, le père génial de la théorie du Bouc Émissaire s'est laissé aller à signer un texte scandaleux rédigé contre le Pontife ; j'en suis très chagriné, car je ne fais pas mystère de mon admiration pour ce philosophe et anthropologue. Je lui dois d'avoir été acheminé vers la Lumière, car il en est ainsi : la vérité est contraignante pour l'esprit. Et René GIRARD m'a fait découvrir le dévoilement que Jésus a opéré de toute l'histoire du monde, des sociétés et des civilisations.
Ah, cher René, on ne peut que vous pardonner... Mais ne recommencez pas !
2 commentaires:
Oui, le phénomène de lynchage médiatique que vous dénoncez est gravissime. Pourquoi la société en général n’a-t-elle pas conscience davantage de son propre comportement ? Pourquoi, comme vous le décrivez si bien, chacun imite son voisin sans chercher à analyser soi-même les faits ? Des moutons de Panurge, voilà malheureusement ce qu’il semble que nous devenions de plus en plus … Il est important en effet de souligner toute la violence contenue dans ce phénomène. Comment lutter contre ? Comment ?
Chère Adèle,
Il nous faut constamment lutter contre ce phénomène en ramenant constamment les faits dans la discussion.C'est vrai, l'homme est un mouton de Panurge, car il ne peut pas trouver son désir tout seul. Il lui faut désirer ce que désire l'autre. Si mon voisin n'avait pas de Jaguar ou de Mercédès, désirerais-je posséder une de ces luxueuses voitures ?
A très bientôt, et amicalement.
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