Il fallait bien que je tue le temps pendant mon voyage bien qu'il fut relativement court, grâce au TGV. Parti jeudi matin à Aix-en-Provence pour un déplacement professionnel, je me suis procuré le Figaro, et je l'ai lu pratiquement en entier pendant une heure. Page 12, Stéphane KOVACS, publie le 12 septembre, un article très intéressant sur les étranges consignes que la police a reçues : celui, je cite un procès-verbal consulté par le journaliste, "d'interpeller toute personne porteuse de signes distinctifs pour (sic) le mariage pour tous et surtout si elle tenait en main des drapeaux."
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Ce naïf aveu figure sur le PV du gendarme qui a procédé à l'arrestation du jeune Jean, 19 ans, le 25 mai 2013, à Paris. Jean est ébéniste et il est venu de CHOLET à PARIS pour manifester le 26, comme la loi et la constitution l'y autorisent. En trois jours, la police de messieurs HOLLANDE, VALLS et BOUCAULT se paie le luxe de le faire bénéficier de deux gardes à vue. A-t-il insulté des policiers, à la manière des NTM, cassé des vitrines comme les sauvageons des banlieues nord l'ont fait lors de la fameuse "fête" du PSG au Trocadéro, a-t-il brûlé des voitures, grillé un feu-rouge en faisant un doigt d'honneur à la maréchaussée outrée de tant de discourtoisie ? Non point ! Non ! Que nenni ! Il porte ce fameux signe distinctif, cette étoile jaune de la résistance qui le désigne comme la cible des pandores. Je suppose qu'il s'agit soit d'un tee-shirt soit (moins vraisemblablement) d'un drapeau mais j'ai pas sur ce point de détails. Pourquoi ? Parce que les gendarmes mobiles et les CRS avaient pour consignes non point de disperser des manifestants, mais de les interpeller directement s'ils portaient des drapeaux ou des signes distinctifs, du genre tee-shirts ou sweets de Manif pour tous. Le gendarme qui a procédé à la première arrestation de Jean porte plainte pour rébellion, car Jean a refusé de se faire menotter. Et il a eu bien raison.
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Jean, donc, se trouvaient le 25 mai dans un attroupement d'environ 40 personnes, sur les Champs-Élysées, sans doute analogue à l'un de ces attroupements festifs de supporters que l'on trouve lors de manifestations sportives. On le coffre en vertu des consignes que je viens de signaler. C'est que Jean, dit le PV, portait sur lui "un fumigène et divers tracts contre (resic) la manifestation pour tous (sic, sic et resic !)". Bref le voilà embarqué. Il est libéré le lendemain semble-t-il (je n'ai pas de détail sur la durée de la garde à vue). Patatras ! Le 27 mai, en compagnie de son ami Aurélien, il décide d'aller déjeuner au McDo de La Motte-Piquet-Grenelle. Aurélien porte un tee-shirt de la Manif pour tous. (Noter que La Motte-Piquet-Grenelle est à quelques encablures du Lycée Buffon, où François HOLLANDE doit prononcer un petit discours le soir même. Mais il est midi et quelque.) A la sortie du Métro, le même capitaine de gendarmerie et les mêmes gendarmes procèdent à l'interpellation des deux jeunes gens, arguant qu'ils seraient "sur le passage du convoi présidentiel" alors qu'ils ignoraient le déplacement de monsieur HOLLANDE. Hélas pour eux, ils portent chacun dans leur sac à dos des couteaux Opinel. Le capitaine-gendarme trouve-là un motif (car il en faut un) pour les coffrer. Ils le seront pendant 48 heures. Un Opinel est considéré comme une arme, et non point comme un objet destiné à couper les saucissons du pique-nique en fines rondelles, ou le camembert en portions régulières. Franchement, en effet, je ne vois pas Jean et Aurélien mordre à belles dents dans leur camembert. C'est bon pour le corbeau de la fable.
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Ce qui est particulièrement réjouissant, car il faut un épilogue à cette rocambolesque affaire, c'est que le Tribunal Correctionnel a annulé l'ensemble de la procédure concernant Jean et Aurélien, pour "défaut de base légale". Monsieur BOUCAULT doit acheter une vessie à glace pour se mettre sur la tête, car sa police, qui fait ce qu'elle peut mais est ballottée entre les citoyens et les soi-disant "autorités" ne sait plus ou donner de la sienne, et je vois pas les policiers charger les manifestants munis de cet accessoire en équilibre sur leur chef.
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L'avocat des deux jeunes gens, Me ETRILLARD, qu'il convient ici de saluer pour sa pugnacité, a introduit une réclamation auprès du Défenseurs des Droits pour faire constater, je cite monsieur KOVACS "les manquements déontologiques ayant eu lieu au cours de cette procédure, et notamment de déterminer l'origine des ordres donnés aux gendarmes et policiers ayant procédé aux interpellations litigieuses". Nous en avons ras la casquette de ces atteintes à la liberté. Franchement, si ces messieurs pensent qu'ils vont nous faire peur, ils se trompent. Et plus ils répriment et plus nous résistons.
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Je signale d'ores et déjà la prochaine soirée des Veilleurs parisiens ; elle aura lieu le 20 septembre à 21 h 30, en un lieu qui n'est pas encore fixé. Et je vous invite à y venir en nombre pour témoigner de notre refus irréductible d'accorder à ces imbéciles (Ô BERNANOS) la possibilité de nous empêcher de penser.
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Et il vrai que j'ai une furieuse envie de prendre un balai et de foutre à la porte cette bande d'arrogants, incapables de trouver d'autres solutions à nos maux que la guerre (MALI certainement, et SYRIE peut-être), les impôts (et ça n'est pas fini) et la volonté de changer l'homme et la société avec des lois qui défient le sens commun et l'expérience humaine multimillénaire. Mais je réfrène mes pulsions tyrannifuges... je ne dis pas tyrannicides, notez-le bien !
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