Mes lecteurs réguliers auront compris que sous le titre de Nouvelles de la Résistance, je m'efforce de donner des opinions et des éclairages personnels (je reconnais bien entendu qu'ils sont limités, discutables, critiquables, mais pas plus que ceux dont nous abreuvent les médias officiels, et je dirai même, mieux argumentés) qui ne vont pas dans le sens du politiquement correct. Je m'efforce aussi de puiser des jugements dans les bons auteurs, et je pense qu'on ne disputera pas à Ernest RENAN ce qualificatif. Je vais aujourd'hui citer quelques extraits de sa leçon inaugurale au Collège de France (vénérable institution qu'il dût quitter deux ans après son élection parce qu'il avait osé écrire une Vie de Jésus et qu'il fut en butte pour cette raison à l'ostracisme des bien-pensants laïcards et maçonniques !). Je dédie ce passage aux Princes qui nous gouvernent (à monsieur HOLLANDE en particulier) et veulent nous déposséder de notre identité. Ils vont avoir du fil à retordre si j'en juge par les réflexions que je glane par-ci par-là, dans le métro, les supermarchés ou la rue. Je vous supplie d'être patient et de lire jusqu'au bout ce très beau texte !
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"Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une constituent cette âme. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. L'homme, messieurs, ne s'improvise pas. La nation, comme l'individu, est l'aboutissant (sic) d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime : les ancêtres nous ont fait ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on édifie une idée nationale. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent : avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà la condition essentielle pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. On aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet. Le chant spartiate : "nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes" est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie.
[...].
Je me mesure messieurs. L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation. Tandis que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication de l'individu au profit d'une communauté, elle est légitime, elle a le droit d'exister. Si des doutes s'élèvent sur ses frontières, consultez les populations disputées. Elles ont bien le droit d'avoir un avis dans (sic) la question. Voilà qui fera sourire les transcendants de la politique, ces infaillibles qui passent leur vie à se tromper et qui, du haut de leurs principes supérieurs, prennent en pitié notre terre-à-terre : 'Consulter les populations, fin donc ! quelle naïveté. Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyen d'une simplicité enfantine.' Attendons, messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts. Peut-être, après bien des tâtonnements infructueux, reviendra-t-on à nos modestes solutions empiriques. Le moyen d'avoir raison dans l'avenir, est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé."
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Il n'y a pas une virgule ou un mot à changer à ce texte. Il suffit de transposer à la situation actuelle, en changeant ce qui doit être changé. Souvenons-nous simplement que nous avons reçu et devons transmettre, que nous ne pouvons en aucune manière nous laisser déposséder de notre légitime héritage, que ce n'est pas une affaire de race, de langue ou de religion, ni de fleuves ou de montagnes. Je me souviendrai toujours de Jean RENO et de Charles AZNAVOUR, tous deux d'origine étrangère, parler à la télévision avec amour de la patrie française ; ils l'ont adoptée et elle le leur rend bien. Qui de nous songerait à leur disputer le beau titre de Français ?
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