dimanche 23 septembre 2018

Dimanche 23 septembre 2018. Elégie d'un poète chinois sur l'automne.

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Nous fêtons aujourd'hui la rentrée dans l'automne. Voici ce qu'en dit un grand auteur chinois.

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"J’aime le printemps, mais il est trop jeune. J’aime l’été mais il est trop orgueilleux. Je préfère l’automne : ses feuilles ont un peu jauni, son éclat est plus doux, ses couleurs plus riches, il est teinté de tristesse et précurseur de la mort. Son abondance dorée ne rappelle ni l’innocence du printemps, ni la force de l’été, mais la maturité, la sagesse d’âge qui s’avance. Il connaît les limites de la vie et s’en contente. Riche d’expérience, il réalise une synthèse de tons d’une variété incomparable : son vert exprime la vie, la force, ses oranges les plaisirs dorés, et ses pourpres la résignation et la mort. La lune brille par-dessus cet ensemble, et son front paraît blanc de pensées, elle sait encore rire joyeusement. Une brise matinale venue de la montagne abat vers le sol un gai tourbillon de feuilles, sans qu’on puisse distinguer si le bruissement de leur chute est un rire ou les sanglots de la séparation. C’est la chant de l’esprit de l’automne naissant, esprit de calme, de sagesse et de maturité, qui sourit à la douleur et chante les louanges de l’air frais, âpre et joyeux.
"C’est ce qu’a si bien exprimé HSIN Ch’ichi (XIN Qiji ; 辛棄疾) :

             "Dans mes jeunes années
             Je n’ai goûté que la joie,
             Mais j’aimais à monter tout en haut,
             Mais j’aimais à monter tout en haut,
             Pour écrire un chant affirmant ma tristesse.

             "Et maintenant j’ai goûté
             La saveur amère et âcre du chagrin ;
             Et je ne peux trouver un mot,
             Et je ne peux trouver un mot,
             Mais je dis seulement : « Quelle heure dorée d’automne »."
In
LIN Yutang
chinois simplifié : 林语堂 ; chinois traditionnel : 林語堂 ; pinyin : Lín Yǔtáng.
La Chine et les Chinois. Traduit de l’anglais par S. et P. BOURGEOIS. (Petite Bibliothèque Payot, N°316.)
Éditions Payot & Rivages, Paris, 2003. (Page 453)







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