Nous fêtons aujourd'hui la rentrée dans l'automne. Voici ce qu'en dit un grand auteur chinois.
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"J’aime le
printemps, mais il est trop jeune. J’aime l’été mais il est trop orgueilleux.
Je préfère l’automne : ses feuilles ont un peu jauni, son éclat est plus
doux, ses couleurs plus riches, il est teinté de tristesse et précurseur de la
mort. Son abondance dorée ne rappelle ni l’innocence du printemps, ni la force
de l’été, mais la maturité, la sagesse d’âge qui s’avance. Il connaît les
limites de la vie et s’en contente. Riche d’expérience, il réalise une synthèse
de tons d’une variété incomparable : son vert exprime la vie, la force,
ses oranges les plaisirs dorés, et ses pourpres la résignation et la mort. La
lune brille par-dessus cet ensemble, et son front paraît blanc de pensées, elle
sait encore rire joyeusement. Une brise matinale venue de la montagne abat vers
le sol un gai tourbillon de feuilles, sans qu’on puisse distinguer si le
bruissement de leur chute est un rire ou les sanglots de la séparation. C’est
la chant de l’esprit de l’automne naissant, esprit de calme, de sagesse et de
maturité, qui sourit à la douleur et chante les louanges de l’air frais, âpre
et joyeux.
"C’est ce qu’a si
bien exprimé HSIN Ch’ichi (XIN Qiji ; 辛棄疾) :
"Dans mes jeunes années
Je n’ai goûté que la joie,
Mais j’aimais à monter tout en
haut,
Mais j’aimais à monter tout en
haut,
Pour écrire un chant affirmant ma
tristesse.
"Et maintenant j’ai goûté
La saveur amère et âcre du
chagrin ;
Et je ne peux trouver un mot,
Et je ne peux trouver un mot,
Mais je dis seulement :
« Quelle heure dorée d’automne »."
In
LIN Yutang
chinois simplifié : 林语堂 ; chinois traditionnel : 林語堂 ;
pinyin : Lín Yǔtáng.
La
Chine et les Chinois. Traduit de l’anglais par S. et P. BOURGEOIS. (Petite
Bibliothèque Payot, N°316.)
Éditions
Payot & Rivages, Paris, 2003. (Page 453)
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