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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des
terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée dans le ciel.
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NIETZSCHE
ET LE DERNIER HOMME.
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Dans
l’un de ses admirables Exorcismes spirituels (le N°IV), Philippe MURAY cite en
note un extrait de le Prologue d’Ainsi
parlait Zarathoustra. Il me semble pourtant que les étoiles auxquelles fait allusion
NIETZSCHE ne sont pas éteintes, et qu’il convient au parieur bénédictin d’en
rejoindre l’armée jetée au travers du Ciel.
« Je veux parler de ce qui est le plus méprisable ; or c’est le
dernier homme. / Malheur ! Arrive le temps où de l’homme ne naîtra plus
aucune étoile. Malheur ! Arrive le temps du plus méprisable des hommes qui
lui-même ne se peut plus mépriser. / La Terre alors est devenue petite, et sur
elle clopine le dernier homme, qui rapetisse tout. Inépuisable est son
engeance, comme le puceron ; le dernier homme vit le plus vieux. / “Du
bonheur nous avons fait la découverte”, ― disent les derniers hommes, et ils
clignent de l’œil. / Ils ont abandonné les régions où il était dur de vivre,
car de chaleur on a besoin. On aime encore le voisin et l’on se frotte à lui,
car de chaleur on a besoin. / Çà et là une petite dose de poison, ce qui fait
agréablement rêver. Et à la fin, beaucoup de poison, pour agréablement mourir.
/ On travaille encore, car le travail est une forme de divertissement. Mais on
prend soin que ce divertissement ne soit pas fatigue. / Pas de berger, un seul
troupeau ! Chacun veut la même chose, tous sont égaux ! Qui se sent
différent, à l’asile des fous rentre de plein gré ! / “Jadis tout le monde
était fou” ― disent les plus fins, et ils clignent de l’œil. »
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COMMENTAIRES :
FAIRE MENTIR NIETZSCHE.
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Quand
je contemple le spectacle que nous renvoient aussi bien les médias, que les
intellectuels du type qu’a si bien décrit BERNANOS sous le nom d’imbéciles, je
ne puis m’empêcher d’être pour eux plein de compassion. Leurs prestations sont
gonflées de nostalgies, d’approximations, d’abstractions, de réalités virtuelles, d'idéologies, et, en dépit des efforts qu’ils font pour briller, on a du mal à les voir
scintiller au firmament de la vérité.
Car
ils confondent notoriété, célébrité, bruit médiatique et ronronnements de salon
avec ce qui jadis, sans éteindre la douleur et les limites propres à la
condition humaine, en faisait la richesse, la véritable puissance et la dignité : ne pas être un animal, mais un homme véritable.
Nous
devons faire mentir NIETZSCHE. Et la chose est possible. Dans l’affreuse
tourmente que traverse l’Église, il nous reste la boussole de la Croix, de la
prière et de l’amour. Rien ne nous oblige à approuver des positions, fussent-elles
papales, cardinalices, épiscopales ou cléricales, si elles contredisent la
Parole du Maître, ou l’affadissent : si le sel s’affadit, avec quoi
salera-t-on ? Je maintiens donc la proposition que j’avais faite il y a un
peu plus de quinze jours, de jeûner et de faire pénitence chaque vendredi jusqu’à
la fin de décembre, et d’ancrer silencieusement notre action dans le seul nom
qui sauve, celui de Jésus, pour le bien de notre Eglise. Oh ! Je sais, il n’y a là rien qui puisse satisfaire
le surhomme, la volonté de puissance nietzschéens, mais rien non plus qui
puisse nourrir le ressentiment, tant décrié par NIEZTSCHE avec (sur ce point)
une certaine vraisemblance : il n’y a pas de ressentiment pour celui qui a
mis son espoir ailleurs que dans les vanités humaines.
Voilà
les réflexions que m’inspirent ce passage de NIETZSCHE, la crise de l’Église,
et les enseignements de Jésus.
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