lundi 17 septembre 2018

Lundi 17 septembre 2018. Nouvelles du pari bénédictin : faire mentir Nietzsche !


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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée dans le ciel.
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NIETZSCHE ET LE DERNIER HOMME.
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Dans l’un de ses admirables Exorcismes spirituels (le N°IV), Philippe MURAY cite en note un extrait de le Prologue d’Ainsi parlait Zarathoustra. Il me semble pourtant que les étoiles auxquelles fait allusion NIETZSCHE ne sont pas éteintes, et qu’il convient au parieur bénédictin d’en rejoindre l’armée jetée au travers du Ciel.

« Je veux parler de ce qui est le plus méprisable ; or c’est le dernier homme. / Malheur ! Arrive le temps où de l’homme ne naîtra plus aucune étoile. Malheur ! Arrive le temps du plus méprisable des hommes qui lui-même ne se peut plus mépriser. / La Terre alors est devenue petite, et sur elle clopine le dernier homme, qui rapetisse tout. Inépuisable est son engeance, comme le puceron ; le dernier homme vit le plus vieux. / “Du bonheur nous avons fait la découverte”, ― disent les derniers hommes, et ils clignent de l’œil. / Ils ont abandonné les régions où il était dur de vivre, car de chaleur on a besoin. On aime encore le voisin et l’on se frotte à lui, car de chaleur on a besoin. / Çà et là une petite dose de poison, ce qui fait agréablement rêver. Et à la fin, beaucoup de poison, pour agréablement mourir. / On travaille encore, car le travail est une forme de divertissement. Mais on prend soin que ce divertissement ne soit pas fatigue. / Pas de berger, un seul troupeau ! Chacun veut la même chose, tous sont égaux ! Qui se sent différent, à l’asile des fous rentre de plein gré ! / “Jadis tout le monde était fou” ― disent les plus fins, et ils clignent de l’œil. »
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COMMENTAIRES : FAIRE MENTIR NIETZSCHE.
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Quand je contemple le spectacle que nous renvoient aussi bien les médias, que les intellectuels du type qu’a si bien décrit BERNANOS sous le nom d’imbéciles, je ne puis m’empêcher d’être pour eux plein de compassion. Leurs prestations sont gonflées de nostalgies, d’approximations, d’abstractions, de réalités virtuelles, d'idéologies, et, en dépit des efforts qu’ils font pour briller, on a du mal à les voir scintiller au firmament de la vérité.
Car ils confondent notoriété, célébrité, bruit médiatique et ronronnements de salon avec ce qui jadis, sans éteindre la douleur et les limites propres à la condition humaine, en faisait la richesse, la véritable puissance et la dignité : ne pas être un animal, mais un homme véritable.
Nous devons faire mentir NIETZSCHE. Et la chose est possible. Dans l’affreuse tourmente que traverse l’Église, il nous reste la boussole de la Croix, de la prière et de l’amour. Rien ne nous oblige à approuver des positions, fussent-elles papales, cardinalices, épiscopales ou cléricales, si elles contredisent la Parole du Maître, ou l’affadissent : si le sel s’affadit, avec quoi salera-t-on ? Je maintiens donc la proposition que j’avais faite il y a un peu plus de quinze jours, de jeûner et de faire pénitence chaque vendredi jusqu’à la fin de décembre, et d’ancrer silencieusement notre action dans le seul nom qui sauve, celui de Jésus, pour le bien de notre Eglise. Oh ! Je sais, il n’y a là rien qui puisse satisfaire le surhomme, la volonté de puissance nietzschéens, mais rien non plus qui puisse nourrir le ressentiment, tant décrié par NIEZTSCHE avec (sur ce point) une certaine vraisemblance : il n’y a pas de ressentiment pour celui qui a mis son espoir ailleurs que dans les vanités humaines.
Voilà les réflexions que m’inspirent ce passage de NIETZSCHE, la crise de l’Église, et les enseignements de Jésus.




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