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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des
terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetées dans le ciel.
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JACQUES
ELLUL PARLE DE LA PAROLE HUMILIÉE.
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"Voici
venus des temps redoutables : ceux de la « pensée molle » et de
la parole humiliée. Une indifférence empoisonnée s’élève lentement comme un
mauvais brouillard, des tumultes du moment et des querelles spectaculaires. Les
discours modernes ont basculé dans l’enflure du dérisoire. Rien ne serait plus
vrai ni faux, tout deviendrait « égal » dans le monde du bavardage et
du soupçon. Temps de déréliction et de désespoir, temps d’irresponsabilité et
du « parler pour ne rien dire »."
Jacques
ELLUL.
La
Parole humiliée. Quatrième de couverture.
Le
Seuil, Paris, 1981. (Cité par Jean-Claude GUILLEBAUD).
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CONTREPOINT
DE PHILIPPE MURAY.
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À
propos de l’appel des Inrockuptibles
contre la prétendue guerre à l’intelligence.
"D’intelligence,
dans « L’Appel » des Inrockuptible, on n’en trouve pas trace. Il y a de la drôlerie en revanche, à voir défiler au
fil de ce plat pensum, les nouveaux protagonistes hétéroclites de la
désastreuse comédie humaine actuelle : l’universitaire sans crédit, le
laborantin en panne, le doctorant précaire, la post-doctorante en exil, le
jeune physicien en CDD, le latiniste mécontent, l’urgentiste en alarme, le
psychanalyste interdit d’exercice, le médecin trop encadré, le juge débordé de
dossiers, l’archéologue privé de fouilles. Quelle famille ! Et quel
spectacle si un intermittent s’avisait de fédérer, sur quelque scène
alternative, tous ces personnages de la comédie pétitionnaire pour leur faire
danser le menuet des intelligents, la bourrée des frustrés, le grand opéra de l’amertume
culturelle, le charleston des clercs. Ce serait plus amusant que cet « Appel »
où, au nom de la complexité du réel, on donne des notions d’anti-binarisme,
mais en partant du postulat (pas du tout binaire, lui) d’une distinction de
principe entre les intelligents et les autres."
In
Philippe
MURAY.
Moderne
contre moderne. Exorcismes spirituels IV. Quatrième tirage.
Chapitre
Guerre à l’intelligible. (Page 182.)
Les
Belles Lettres. Paris, 2010.
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COMMENTAIRES.
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"Au
commencement le Verbe était et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était
Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien
ne fut. De tout être il était la vie et la vie était la lumière des hommes et
la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres n’ont pu l’atteindre."
(Jean 1, vv1-5.)
L’humiliation
de la parole, (mot à prendre ici dans toutes ses acceptions : celle de la
parole qui fait sens, mais aussi celle de la parole donnée) n’est jamais qu’une
des manifestations multiformes de la haine de Dieu. Le parieur bénédictin ne
doit pas cesser de dire qui est le Verbe par qui tout a été fait. Il est assez
intéressant, du reste, de noter que GOETHE met dans la bouche du Dr FAUST ceci
qui est terrible (traduction de Gérard de NERVAL) :
« Au commencement était le verbe !
Ici je m’arrête déjà ! Qui me soutiendra plus loin ? Il m’est
impossible d’estimer assez ce mot, le
verbe. Il faut que je le traduise autrement, si l’esprit daigne m’éclairer.
Il est écrit : Au commencement était
l’esprit. Réfléchissons bien sur cette première ligne et que la plume ne se
hâte pas trop ! Est-ce bien l’esprit qui crée et conserve tout ? Il
devrait y avoir : Au commencement
était la force ! Cependant tout en écrivant ceci, quelque chose me dit
que je ne dois pas m’arrêter à ce sens. L’esprit m’éclaire enfin ! L’inspiration
descend sur moi, et j’écris consolé : Au
commencement était l’action. »
C’est
bien au nom de ces principes que l’on a vu lors des dernières élections
présidentielles un Bruno LE MAIRE, candidat à la candidature pour le
Présidence, au sein du parti les Républicains, accepter de devenir ministre de
monsieur MACRON. Ne parlons pas de monsieur SOLÈRE qui s’est renié de la même
façon, après avoir été le Président d’un Comité Théodule chargé de veiller au
bon déroulement des primaires de la droite.
L’un
et l’autre, (mais s’ils sont emblématiques de la prééminence de l’action sur
celle du verbe, entendu comme adéquation de la pensée articulée et de la vérité,
ils ne sont pas les seuls) humilient le Verbe, la parole et du même coup l’action.
C’est ce que confusément sans doute mais très fortement le peuple français ne
supporte plus : ni la pensée molle ni la guerre à l'intelligible.
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