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Plutôt qu’un château fort dressé au milieu des
terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetées dans le ciel.
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QUAND
LA BRUYERE PARLE D’UN HOMME DE PETIT GÉNIE.
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"[…]. Un homme d’un petit génie
peut vouloir s’avancer : il néglige tout, il ne pense du matin au soir, il
ne rêve la nuit qu’à une seule chose, qui est de s’avancer. Il a commencé de
bonne heure, et dès son adolescence, à se mettre dans les voies de la
fortune : s’il trouve une barrière de front qui ferme son passage, il
biaise naturellement, et va à droite ou à gauche, selon qu’il y voit de jour et
d’apparence, et si de nouveaux obstacles l’arrêtent, il rentre dans le sentier
qu’il avait quitté ; il est déterminé par la nature des difficultés,
tantôt à les surmonter, tantôt à les éviter, ou à prendre d’autres mesures :
son intérêt, l’usage, les conjonctures le dirigent. Faut-il de si grands
talents et une si bonne tête à un voyageur pour suivre d’abord le grand chemin,
et s’il est plein et embarrassé, prendre la terre, et aller à travers champs,
puis regagner sa première route, la continuer, arriver à son terme ?
Faut-il tant d’esprit pour aller à ses fins ? Est-ce donc un prodige qu’un
sot, riche et accrédité.
"Il
y a même des stupides, et j’ose dire des imbéciles, qui se placent en de beaux
postes, et qui savent mourir dans l’opulence, sans qu’on les doive soupçonner
en nulle manière d’y avoir contribué de leur travail ou de la moindre
industrie : quelqu’un les a conduits à la source d’un fleuve, ou bien le
hasard seul les y a fait rencontrer ; on leur a dit : ‘Voulez-vous de
l’eau ? Puisez’ ; et ils sont puisé."
In
[Jean de] La BRUYÈRE.
Les caractères. Présenté par Marcel
JOUHANDEAU.
Le Livre de Poche, Classique,
N°1478-1479.
Chapitre De la société et de la conversation. N°38.
Éditions Gallimard et Librairie Générale
Française (pour le copyright), Paris,
1965. (Page 146.)
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CONTREPOINT
DE GUSTAVE THIBON.
-
"Un
noble de l’ancien régime pouvait, sans cesser d’être respecté et obéi, traiter
ses serviteurs avec une extrême familiarité ; un parvenu moderne est
obligé de compenser par un autoritarisme mort, l’absence d’autorité vivante et
de marquer d’autant plus ses distances qu’elles n’existent pas en réalité. L’égalitarisme
le plus malsain devient fatal dès que la hiérarchie sociale n’est plus fondée
que sur des différences de fortune. Pour que le peuple respecte et suive
spontanément ceux qui le gouvernent, il faut qu’il sente que ces derniers le
dominent par autre chose que l’argent. D’où la nécessité de diminuer entre les
hommes les écarts de fortune au profit de différences de caste, de tradition,
de culture, etc., ou, tout au moins, d’asseoir les différences des fortunes sur
des différences humaines. Mais quelle
hideuse caste de maîtres que cette populace dorée. […]."
In
Gustave
THIBON.
Diagnostics.
Essai de physiologie sociale. Chapitre Sur
l’égalité et le problème des classes.
Librairie
de Médicis, Paris, 1942. (Pages 37.)
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COMMENTAIRES.
-
Ils
seront illustrés par des liens :
Et
par cette parole du Maître que le parieur fait sienne :
"Il
n’en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi
vous, qu’il soit votre serviteur ; et quiconque veut être le premier parmi
vous, qu’il soit votre esclave. (Matthieu 20, vv 26 et 27.
Madame
Saal a payé sa dette à la société puisqu’elle a été condamnée pour mésusage de
l’argent public. Et, comme je l’ai déjà, ce jugement porte sur le for externe.
Nous n’avons pas à juger au for interne. Ce que nous pouvons dire simplement
est qu’il est difficile de demander au peuple d’être civique quand on promeut
un (déjà) haut fonctionnaire à une fonction plus haute encore et mieux,
beaucoup mieux rémunérée, tandis qu’on rogne sur les retraites dès qu’elles
dépassent 1200 euros par mois. C’est tout simplement incompréhensible…
Le parieur bénédictin, cependant, n'a rien d'un envieux. Il poursuit sa route ; il sait que la porte est étroite, que le chemin est raboteux. Qu'importe, puisqu'il mène à la vie., la vraie, la vie éternelle. Mais cela ne l'empêche pas d'être lucide.
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