mercredi 5 septembre 2018

Mercredi 05 septembre 2018. Nouvelles du pari bénédictin. Plutôt le portail sud de Chartres que l'usine d'air comprimé

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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée dans le ciel.
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ALBERT CAMUS JUGE LA PRESSE DE SON PAYS.
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"À une ou deux exceptions près, le ricanement, la gouaille et le scandale forment le fond de notre presse. À la place de nos directeurs de journaux, je ne m’en féliciterai pas. Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. Une société qui supporte d’être distraite par une presse déshonorée et par un millier d’amuseurs cyniques, décorés du nom d’artistes, court à l’esclavage malgré les protestations de ceux-là même qui contribuent à sa dégradation."
Albert CAMUS.
Entretien donné en 1951 à la revue Caliban (cité par J.-C. GUILLEBAUD dans un livre dont je reparlerai.)
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ET PHILIPPE MURAY ENFONCE LE CLOU !
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Il parle ici des Nuits blanches parisiennes!

"Vers une heure matin, au fond du XIIIe, le long d’une ancienne usine d’air comprimé, on se bousculait pour humer un parfum spécial présenté comme l’interprétation sous forme olfactive de l’usine en question. Près de moi, un jeune couple hésitait. Mais la fille l’a emporté. « On reste l’ai-je entendu dire à son compagnon, parce que sinon. » Sinon quoi ? Ce sinon en suspens définitif s’accordait parfaitement à cette nuit conçue par ses organisateurs comme « un parcours initiatique ». Initiatique de quoi ? La question ne se pose pas. Certes, dans les temps reculés, quand on s’initiait c’était à quelque chose, aux mystères d’Eleusis, aux mathématiques, au plaisir sexuel ou à la grammaire. Il n’en va plus de même lorsque les charlatans infatigables de l’événementiel sont au pouvoir et qu’ils n’ont d’autres projets que de vous initier à l’événementiel, qui lui-même n’est qu’un rien démentiel, c’est-à-dire de tester votre obéissance. La nouvelle dénomination est intransitive. Elle se moque des compléments d’objets d’autrefois. Elle nous initie. Elle n’a pas besoin de dire à quoi. On le saura bien assez tôt."
In
Philippe MURAY.
Moderne contre moderne. Exorcismes spirituels IV. Essais. Chapitre Nuit blnche gravement à la santé.
Les Belles Lettres, Paris, 2010 [quatrième tirage]. (Page 108.)
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COMMENTAIRES.
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CAMUS parle de la presse et des « artistes », MURAY du dévoiement et de l’intransitivité de l’art. Je n’aurai qu’un seul commentaire. Il tient dans une photo, celle de statues colonnes de la cathédrale de CHARTRES, que l’on veut avantageusement remplacer par une heure de contemplation nocturne du portail sud. Voilà qui vaut bien les nuits blanches et se moquent des approbations enthousiastes du journal L’aliénation (Libération !
du Nouvel observateur
lequel doit observer, comme jadis Néron l’incendie de Rome à travers son émeraude, l’incendie de Paris par les pyromanes de l’anti-culture. Des centaines, des milliers de personnes ont fait la queue pour sentir l’odeur d’une ancienne usine d’air comprimé ! Si ce n’est pas la servitude, ç y ressemble fort.

Le parieur préfère l’ombre des saules qui bordent les fontaines de nos campagnes, le grand silence de midi qui s’abat sur les moissons tremblantes et la déchirante douceur d’un soir qui voit naître peu à peu les étoiles. Là, le parieur s’initie aux beautés de la création. Est-ce trop demander à nos contemporains de faire ces expériences inoubliables ?

Statues colonnes du portail Sud. Cathédrale de Chartres.



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