jeudi 13 septembre 2018

Lundi 10 septembre 2018. Nouvelles du pari bénédictin. Mondialisation et nihilisme sont les deux mamelles de la modernité


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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée dans le ciel.
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LA LUMIÈRE OÙ EST NÉE ALBERT CAMUS.
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"Au plus noir de notre nihilisme, j’ai cherché seulement les raisons de dépasser ce nihilisme. Et non point d’ailleurs par vertu, ni par une rare élévation de l’âme, mais par fidélité instinctive à une lumière où je suis né et où, depuis des millénaires, les hommes ont appris à saluer la vie jusque dans la souffrance."
In
Albert CAMUS. L’été. Cité par Jean-Claude GUILLEBAUD en exergue du Chapitre 6 de son livre La foi qui reste. L’iconoclaste, Paris, 2017. (Page 131.)
Il est évident que CAMUS, athée d’une scrupuleuse honnêteté ne fait pas allusion à la lumière du Christ, mais à la lumière de la Grèce, comme le dit si bien l’article dont je donne ci-dessus le lien.
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CONTREPOINT DE LÉO STRAUSS : INCOMPATIBILITÉ TOTALE DE LA VIE MORALE ET D’UNE SOCIÉTÉ COMPLÈTEMENT OUVERTE.
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"Quel est le mobile qui sous-tend la mise en cause de la civilisation moderne, de l’esprit de l’Occident et en particulier de l’Occident anglo-saxon ?
"La réponse doit être la suivante : il s’agit là d’une protestation morale. Cette protestation vient de la conviction que l’internationalisme inhérent à la civilisation moderne, ou plus précisément, que l’établissement d’une société parfaitement ouverte qui est, pour ainsi dire, le but de la société moderne et par conséquent toutes les aspirations liées à ce but sont inconciliables avec les exigences fondamentales de la vie morale. Cette protestation vient de la conviction que la racine de toute vie morale est essentiellement, et par conséquent éternellement, la société close ; de la conviction que la société ouverte est vouée, sinon à être immorale, du moins à être a-morale : le lieu où se retrouvent ceux qui recherchent le plaisir, le profit, un pouvoir irresponsable, où se retrouvent en fait toutes les irresponsabilités et l’absence de sérieux
In
Léo STRAUSS.
Nihilisme et politique. Traduit de l’anglais et présenté par Olivier SEDEYN. ("Rivage poche/Petite bibliothèque". N°460. Collection dirigée par Lidia BREDA.)
Payot et Rivages, Paris, 2004.(Page 36.)
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COMMENTAIRES.
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Ces deux citations sont en cohérence parfaite. CAMUS est un écrivain fondamentalement moral, et il n’hésite pas à se situer dans la grande et belle lumière de la Grèce antique, de qui nous sommes tellement redevables. Et STRAUSS nous dit, avec une forcer admirable, qu’un internationalisme total est fondamentalement a-moral. La véritable raison de la contestation du mondialisme, de l’ouverture inconsidérée des frontières à toutes les misères du monde, conduit nécessairement à une civilisation nihiliste. La véritable et profonde raison de mon opposition fondamentale à ce monde macronisé, junckerisée, mondialisé est une protestation morale.
Ce constat mériterait un long développement, par exemple sur le nécessaire discernement dans l’accueil des migrants, une plus grande fermeté vis-à-vis des quelques profiteurs du système social français, la volonté absolue de ne pas confier à des mains privées, nécessairement intéressées par le profit, ce qui relève de l’intérêt national (par exemple la vente éhontée d’Alstom à des intérêts américains ou la concession de l’aéroport de Toulouse à des intérêts chinois, ou la vente de l’hôtel de la marine au Qatar).
Il est normal d’aimer sa patrie, et il n’y a de patrie que si elle a des limites, et donc demeure dans une certaine mesure une société close, qui défend sa culture, sa langue, ses traditions et son capital social.
C’est cela qui est en jeu dans les prochaines élections européennes. Personnellement, je ne donnerai JAMAIS ma voix à un parti qui veut plus d’Europe, si l’Europe reste un grand machin, sans limites, sans âme, sans culture assumée, sans histoire partagée. Qu’on se le dise et qu’on fasse de même. Et zut pour ceux qui veulent tuer la langue française en vulgarisant la langue des marchands, l'anglais.
Les moines bénédictins ont parfaitement compris qu'ils ne pouvaient transiger avec le monde, avec le Prince de ce monde, avec cette confusion des idées, des valeurs, et des projets : c'est la raison de l'existence des cloîtres, c'est-à-dire de limites, autant physiques que symboliques. Elles ne les ont pas empêchés de diffuser dans le Peuple les plus hauts enseignements du Maître, la culture reçue et à transmettre, passée au filtre de la prière et du goût.


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