Marie, jeune volontaire partie pour un an au Pérou, au nom de l'association Inigo, fondée par les jésusites, pour s'occuper d'enfants de milieu défavorisé de la ville de TACNA vient de rentrer dans sa patrie. Voici un extrait de sa dernière lettre, celle du mois d'août.
"Últimos
momentos en Perú: entre tristeza, tormenta y esperanza.
Couchée
sur le hamac, je fais l’équilibriste pour ne faire ni tomber ma tante, ni
renverser la tasse de thé brûlante que je tiens dans ma main droite. Enfin
hissées sur notre bateau de cordes, nous voilà devenues immobiles, trop
heureuses d’avoir pu nous hisser à bord. Seul le vent brise le silence de la
campagne et fait bouger les feuilles du noisetier. Je profite du calme, loin de
la fièvre parisienne, en ces derniers jours de vacances avant la rentrée
universitaire.
Il
y a une semaine, j’étais dans l’avion, déchirée et terrifiée d’affronter le
retour. 3 avions, 10 000kms, 18h de voyage. Mon coeur et mon estomac tristes et
inquiets se soulevaient au rythme des décollages et des atterrissages des
avions. Sans verser dans le tragique, mes adieux ont tout de même été très
douloureux. Quand je suis partie de la France, j’avais la certitude, qu’un an
après j’y retrouverais ma famille, mes amis, ma ville. Mais après une année au
Pérou, je dois dire adieu à la maison où j’ai vécu, je dois dire adieu à la vie
de colocation avec Nuria et j’ignore encore quand je pourrai revoir toutes les
personnes qui me sont devenues chères à Tacna. Cette incertitude, si elle
suppose de faire confiance à l’avenir, ne favorise pas non plus immédiatement
la tranquillité.
Mes
derniers jours de mission ont été marqués par les adieux aux enfants. Ce fut
particulièrement émouvant et difficile aux casitas où je ne pouvais pas
me dégager des bras des enfants qui m’enlaçaient pour m’empêcher de partir.
Pati, ma responsable, a dû alors leur expliquer, à l’aide de deux cerceaux
formant la planète, où j’habitais et pourquoi je devais rentrer. Quand on a
fermé la porte à l’aide du cadenas et qu’on a couru vers le bus, les chaussures
pleines de la poussière du désert, j’avais des petits mots et des lettres dans
mon sac. Je ne devais les ouvrir que dans l’avion pour Paris.
Voyant
les semaines défilées et comme nous nous sentions de plus en plus impuissantes
face au temps, nous avons décidé, Nuria et moi, d’organiser une fête de départ afin
de retrouver la joie de la fête et de pouvoir utiliser cette énergie pour
trouver le courage d’affronter les despedidas. Nous avons donc mobilisé toute
notre énergie, ainsi que celle de nos amis et collègues, pour réaliser une fête
à notre image. N’ayant pas beaucoup d’argent, nous avons mis à profit les
talents de tous nos amis et avons fabriqué nous-mêmes nos décorations. Nous
étions très attachées toutes les deux au fait d’avoir une messe d’envoi.
C’était beau de voir mes amis doués en chant et en musique se réunir plusieurs
soirs de la semaine pour pouvoir répéter les chants et accorder leur voix.
C’était beau de voir Hermilio, mon responsable, le papier crêpe à la main, nous
aider à réaliser des fleurs en papier. Les garçons nous aidaient pour arranger
tous les meubles et préparer le jardin à accueillir nos invités. Le samedi matin,
après quelques heures de travail, tout était prêt. L’organisation de notre compartir
nous faisait oublier, pour un moment, les raisons de cet événement. Nous nous
sommes retrouvées dans la petite chapelle du Centre où le prêtre jésuite nous
attendait. Nous voulions une messe solennelle. […]."
J'ai l'honneur de connaître' Marie. Qu'elle soit ici remerciée pour le témoignage donnée, celui d'une femme qui a fait le pari bénédictin. "Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés !"
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