vendredi 7 septembre 2018

Vendredi 07 septembre 2018. Nouvelles du pari bénédictin. La France apostate est triste


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Au lieu d’un château fort dressé au milieu des terres, pensons plutôt à l’armée des étoiles jetée dans le ciel.
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INTRODUCTION AU BILLET.
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Il est difficile d’imaginer deux écrivains plus différents que Philippe MURAY et Jean-Claude GUILLEBAUD. Le premier est un pessimiste débordant d’un humour froid et percutant, le second, un espérant qui (nous le reverrons) propose quelques solutions de vie propres à ravir le parieur bénédictin. Mais il est intéressant de remarquer la convergence de leurs constatations La preuve, la voici.
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QUAND JEAN-CLAUDEGUILLEBAUD RENTRE DE VOYAGE. 
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"Avec le temps, la tristesse étrange que je retrouvais à chaque retour en France s’est alourdie, assombrie. Elle est devenue une maladie de l’âme. Nous ne croyons plus en rien. Nous sommes sans convictions véritables, enclos dans une fade indifférence. Nous réinventons ce qu’on appelait jadis le « nihilisme » mais, étonnamment, le nôtre est plutôt gai, joyeux, il est content de lui-même.
J’emprunte cette idée à l’écrivain italien Augusto de NOCE (1916-1989). La périphrase « content de lui-même » est bien fidèle à ce que NOCE voulait dire, y compris dans sa connotation ironique. Elle est appropriée pour qualifier ce cocktail saugrenu : beaucoup de désespoir sur fond de rigolades. On ne croit plus en rien, mais on juge que cela n’a pas d’importance. L’époque se dit revenue de tout, mais elle s’en moque. Pour un peu, la désespérance affichée deviendrait à la mode dans les beaux quartiers et chez les bohèmes. À leurs yeux, le nihilisme n’a pas que des inconvénients. Il possède l’avantage d’autoriser à peu près tout : je fais ce que je veux, plus d’interdits, plus d’obligations. C’est mon choix."
In
Jean-Claude GUILLEBAUD.
La foi qui reste. Chapitre 6 Le nihilisme content de lui-même. (Page 134-135.
L’iconoclaste, Paris, 2017.
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ET QUAND PHILIPPE MURAY Y EST RESTÉ, IL DIT LA MÊME CHOSE!
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"La première chose remarquable chez l’athée résolu, c’est qu’il éprouve tout de suite le besoin maladif d’ajouter qu’il est joyeusement gai, gaiement réjoui, rempli d’enthousiasme allègre et de jubilation tourbillonnante, comme si on pouvait en douter. La seconde chose remarquable, chez l’athée gaiement résolu, c’est la gueule triste de sa prose bâclée, de ses phrases démoralisées, de sa langue grise, précipitée et dépressive, de son analphabétisme d’agrégé de banlieue. L’athée joyeusement gai voudrait bien imposer à tous sa gaieté joyeuse, mais il est déjà incapable de la communiquer à son propre style. Il devrait commencer par euphoriser devant sa porte, mais il n’y pense même pas. Il ne voit pas que le plat sanglot de son style ne trahit que le ressentiment et l’esprit de vengeance qui sont à l’œuvre derrière son enthousiasme païen et laborieusement incroyant."
In
Philippe MURAY.
Moderne contre moderne. Exorcismes spirituels IV. Essais. Quatrième tirage.
Chapitre Dieu Merci. (Page 61.)
Les Belles Lettres, Paris, 2010 (pour la présente édition).
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COMMENTAIRES.
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Le parieur bénédictin n’est pas désespéré. Il a de l’humour et sait rire de lui-même. Il voit le visage de gloire de tous les hommes, même des fripons. Et il s’efforce de mettre en pratique la parole de Jésus qui affirme : « Vous êtes mes amis si vous faites tout ce que je vous commande. » (Jean 15, v. 14)
Croyez bien que je ne cherche pas à moraliser, à donner des leçons ; je vois trop bien ma propre misère, mais je vois l’œuvre de Dieu dans les cœurs, y compris les cœurs les plus endurcis, dont le mien propre, et sur mes lèvres vient le pauvre murmure d’une bien maigre louange qui ne demande qu’à s’épanouir.

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