mercredi 11 mars 2009

L'arbre de la connaissance du bien et du mal

Sédimentation multiséculaire de la sagesse humaine, lumineuse transfiguration des douleurs qu'a traversées l'humanité depuis la nuit des temps, les mythes nous en apprennent sur nous-même plus que les Maîtres du soupçon et les Philosophes de la Déconstruction. René GIRARD, en les analysant, a pu démasquer l'incroyable part de vérité qu'ils cachent à des yeux superficiels.
Il en est deux qui, dans la Bible, méritent une attention particulière : celui de l'arbre de la connaissance dont le fruit imprudemment avalé par Eve d'abord, Adam ensuite, a conduit à l'expulsion de l'homme hors du Paradis terrestre, et celui de la Tour de Babel dont les constructeurs, désireux d'atteindre le Ciel, ont vu leurs langues se fragmenter et l'incommunicabilité s'installer entre eux.
Pourquoi, me direz-vous, aborder ainsi le problème des cellules souches embryonnaires ? Car c'est bien de cela que je vais vous parler encore aujourd'hui. Le Monde, dans une de ses récentes livraisons, ose dire que le Président OBAMA, en levant l'interdiction qui pesait sur les recherches en ce domaine, a fait sortir les chercheurs américains d'un cauchemar de 8 ans. Qui est-il le journaliste pour avoir un tel culot ? A-t-il fait une enquête auprès de tous les biologistes ? A-t-il enregistré des réactions et lesquelles ? Est-il chercheur lui-même ?
(a) Je conçois qu'il est possible - la preuve - que des chercheurs abordent la recherche sur les cellules souches sans état d'âme. Je me pose simplement une question : ont-ils réfléchi à ce que signifie ce genre de recherche ?
(b) Concevant que cela est possible, je recherche les raisons qui me font repousser, personnellement, avec horreur ce type de travail. Je les trouve dans ma conscience. Elle me dit : non, une telle chose n'est pas possible. Cette interdiction me vient du plus profond de moi-même. Mais je reconnais aussi qu'il s'agit d'une réaction qui est mue par une Parole qui n'est pas la mienne. Car, contrairement à ce que disent les Lumières, l'homme n'est pas la mesure de l'homme.
(c) J'en reviens au mythe de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. "Vous serez comme Dieu" dit le serpent à Eve. Si Dieu vous interdit de manger de ce fruit, c'est qu'il craint que vous ne deveniez ses rivaux, semble suggérer le tentateur. Et il me revient à l'esprit l'histoire de Prométhée qui a dérobé le feu aux dieux et a été puni de la façon que vous savez, condamné qu'il était, enchaîné à un rocher, à voir son foie dévoré par les oiseaux rapaces. En matière de morale, l'homme ne peut sans danger pour lui-même procéder par "essais et erreurs". Et une vraie question consisterait à dire : quel progrès réel l'humanité a-t-elle fait avec le développement de toutes ces techniques atomiques, biologiques, informatiques ? On en voit les profits, sans aucun doute. En voit-on les dangers ? C'est moins assuré, même si des réactions, hélas exagérées et mal fondées intellectuellement tentent d'alerter l'opinion, les médias et les pouvoirs publics ; je veux parler des écologistes radicaux et des altermondialistes.
(d) Si le discours des opposants est mal fondé intellectuellement, c'est que les détenteurs du feu du ciel se sont arrogés le privivilège du langage technique, et que nul, qui n'est pas un spécialiste, ne les comprend. Voilà la confusion des langues installées par l'orgueil des hommes.
Je résume, seul un retour sur soi-même peut nous faire renoncer à nous lancer dans des aventures orgueilleuses et dangereuses pour l'humanité. Celle-ci pourra bien maîtrises un jour les secrets de la fabrication de cellules souches à usage multiple, les vendre à grand prix comme des pièces détachées, ce commerce restera immoral et nous conduira aux pires dérives.
Je conclus avec une citation de LANZA del VASTO tiré du livre dont je vous parlais il y a quelques jours "Entretiens avec LANZA del VASTO" de René DOUMERC.
Adam avant le péché avait la connaissance du Dedans, de l'Un de soi, de Dieu, et de l'essence des choses. Après le péché, il tombe dans une connaissance du Deux, la connaissance du Bien et du Mal. L'Un, autrement dit, le Dedans, lui échappe. Il perd la connaissance de soi, de Dieu, de l'essence des choses. Il va chercher la vérité par une science de l'objet : il s'occupe du dehors exclusivement. Mais si la vérité est relation du Dehors avec le Dedans, cette science sans conscience peut être bien EXACTE, elle n'est pas VRAIE. De fait, ce que la science moderne recherche, c'est le profit et la domination : non la VÉRITÉ mais bien le FRUIT. C'est donc "le plus formidable renouvellement du péché originel" avec sa conséquence logique : la mort.
Impossible de dire mieux.

3 commentaires:

Geneviève CRIDLIG a dit…

Suite au billet de lundi concernant les cellules souches et avant même de lire celui-ci, j’avais l’intention de livrer une réaction similaire.
Je venais de suivre l’émission de FR 3, le magazine de la santé dont l’un des sujets portait sur la décision du président américain : louanges totales évidemment, avec toujours le même refrain ironisant sur ceux qui croient encore que la vie commence dès la conception, sur la fermeture obscurantiste -évidemment - qu’ont du subir les pauvres chercheurs français qui – évidemment – applaudissent à cette nouvelle en espérant qu’elle sera imitée en France.

Moi, cette façon constante de prendre les gens qui n’opinent pas béatement devant les insinuations des animateurs ou journalistes qui les promeuvent comme des vérités obligatoires auxquelles nous sommes - obligatoirement toujours- à adhérer me révolte.
Si vous voulez être dans le ton de la mode à penser aujourd’hui, pensez comme nous. Sinon vous êtes idiots, arriérés, rétro, dépassés, des C… etc. etc.

De plus englober en un tas unique la conception de tous les chercheurs me semble fondamentalement faux.

Sans même me pencher sur la valeur de ce jugement différent, je pose la question : où est ma liberté ? La liberté de conscience de tout homme et tout citoyen ? N’y-a-t-il pas là la forme la plus élaborée d’un despotisme totalitaire qui gangrène les rapports sociaux actuels : la consommation avant tout > mangez nos idées ! vous serez « bien ».
Quelle pub ! Et ce n’est pas seulement sur la 3 ou dans le Monde.

Bref, que nos pierres deviennent votre pain ! Y a vraiment de quoi crever.

Adèle a dit…

oui, Fourmi, oui, Mr Poindron, je suis d'accord avec vous. Il existe un despotisme de la pensée unique, et les médias ne se font pas prier pour le propager.

Cela affecte malheureusement tous les sujets de société pour lesquels on nous indique désormais le "penser bien" et le "penser mal". Probablement est-il juste également de dire que nos lycéens sont pris dès leur plus jeune âge afin de répandre lesdites idées. Comme l’a si bien décrit Mr Poindron il y a quelque temps, on les fait défiler pour des idées qu’ils ne sont pas vraiment capables d’argumenter.

Mais terminons ce commentaire sur une note positive : cela réchauffe le cœur de voir que l’on n’est pas seul à penser de la sorte. Merci à vous.

Geneviève CRIDLIG a dit…

Je vous remercie également Adèle , car comme vous, j’ai souvent le sentiment dans le flot médiatique d’être paradoxalement dans l’isolement – ce qui ne correspond pas en fait à la réalité quotidienne. Je rencontre pas mal de personnes qui adoptent plutôt profil bas, et la résignation, tant la tâche semble dépasser nos capacités.
De plus, savoir qu’on n’est pas seul à essayer de penser dans le vrai et de chercher à contribuer à ce que l’homme ne soit pas privé de son humanité, permet tout simplement de ne pas devenir « chèvre ».
Il existe, certes, des termes plus relevés pour dire ce tournis et ce sentiment étrange de toucher la frange, non de quelqu’un qui apporte la respiration, mais d’un engrenage qui emprisonne.
Cherchant une belle conclusion à mon commentaire sans prétention qui n’arrive pas, je viens d’ouvrir un livre au hasard et je tombe sur cette phrase : « la dignité de l’homme réclame de lui l’obéissance à une loi supérieure, - à la puissance de l’esprit. »
Et voilà ! Elle tombe du ciel, d’un ciel - celui de Gandhi.