lundi 18 mai 2009

Ce que je crois...

J'écris aujourd'hui le 495e billet de ce Blog, ouvert en avril 2007. Je ne sais pourquoi, mais le temps me semble venu de donner à mes quelques lecteurs une sorte de profession de foi. Je remercie les fidèles : Adèle, Fourmi, Eugénie, Hiver, Olibrius, Roparzh, Dominique et Françoise, Dominique et Michèle, qui me font l'honneur de leurs commentaires. Et c'est d'abord à eux que je m'adresse.
1-Je désire hautement affirmer que je me situe comme "disciple" de Jésus, pas simplement "croyant", mais "disciple". Exigeante et inconfortable situation, qui m'expose - et je l'assume - à la critique de ne pas mettre en oeuvre les commandements d'amour de Celui à qui je veux remettre ma vie. Il m'arrive donc de regretter les mots un peu durs que j'ai contre tel ou tel homme ou femme politique. Je m'en explique dans le point 3.
2-En tant que scientifique, je ne peux adhérer à aucune idéologie, ni socialiste, ni libérale, ni quoi que ce soit. Il me paraît nécessaire de partir des faits et d'eux seulement, première approche du réel. Ces faits nous pouvons les connaître par l'observation directe, par la lecture d'ouvrages scientifiques ou techniques, par les rapports qu'en font les journaux ou les revues. Dans ce cas, il est bon d'avoir les récits de plusieurs témoins, non parce qu'on soupçonne l'un d'eux de travestir la réalité, mais parce qu'un témoignage unique est insuffisant (testi unus, testis nullus) et que plusieurs témoignages en rendent compte sous différents aspects et qu'ils se complètent donc.
3-En tant qu'être pensant, je ne puis concevoir l'histoire comme lieu de conflits perpétuels à travers lesquels l'Esprit (selon HEGEL) agit ou se révèle, ou la Matière (selon MARX), pétrie par l'homme, affranchit peu à peu celui-ci des exigences de la nature et des contingences de la production de biens. Mon opposition au socialisme ne vient pas du désir affiché de cette idéologie de partager - car le partage est tout-à-fait indispensable - il vient de ce qu'elle est encore informée par la dialectique marxiste, et que son anthropologie est fausse. L'homme est un être de désir et non de nécessité a remarqué BACHELARD dans la Psychanalyse du feu. Cela est vrai. Mais, au plan strictement matérialiste auquel se situe le socialisme, le désir humain ne peut naître que dans la convoitise de ce que possède l'autre, ou même dans la convoitise de ce qu'il désire, alors que le seul désir authentiquement humanisant est celui que Dieu a pour nous : la vie, déjà sur cette terre, bien sûr, et la vie éternelle. Jésus nous dit qu'il est "le chemin, la vérité et la vie", et que "sa vérité nous rendra libre". Est libre celui qui ne convoite rien. C'est du reste ce que dit le 10e commandement, si bien commenté par René GIRARD. Il ne s'ensuit pas que l'on doit laisser les pauvres dans le besoin, car les exigences de la nature doivent être satisfaites et les richesses terrestres ont une destination universelle.
4-Je crois que toute parole exprime une certaine vérité. Olibrius me traite avec gentillesse de naïf. J'assume là encore ce qualificatif. Si être naïf consiste a faire crédit de la bonne foi à son interlocuteur, y compris quand il ment sciemment, alors je le suis. Mon expérience de vie m'a montré que tout propos d'autrui pris avec sérieux contraint l'esprit mensonger à se déclarer tel. Mensonge n'est pas erreur. Et le mensonge est à la sincérité, ce que l'erreur est à la vérité.
5-La vérité, pour moi, est une adéquation de la pensée avec les choses. J'affirme donc qu'il est possible de tendre vers la vérité (jamais de la posséder), car la vérité est un chemin. Et c'est un chemin qui se construit par l'échange, la parole, et la prière, non point dans l'émotion, la sensation, la réaction. C'est encore pourquoi, à de nombreuses reprises, j'ai fustigé plusieurs journaux pour leur légèreté. Non qu'ils n'expriment pas une certaine vérité ; il existe des faits de conscience, et je l'admets bien volontiers. Mais pour les présenter sans recul, sans réflexion, sans mise en perspective.
Voilà ce que voulais dire à mes lecteurs aujourd'hui. Tout ceci est sans doute faible, mais c'est ce qui me construit.
Permettez que je termine ce billet par ce que dit Marcel LEGAUT dans m'avant-propos du livre que Thérèse De SCOTT a consacré à son oeuvre spirituelle :
Toute existence d'homme suffisamment adulte et digne de l'humanité qui lui est propre a sa secrète unité et une singularité inaliénable. C'est seulement grâce à cette unité et à cette originalité, sous-jacentes à ses comportements, qu'à travers eux il peut, même sans en avoir conscience, se communiquer à autrui au niveau de l'essentiel. Aussi, plus l'homme s'atteint dans son autonomie mieux il peut aider les autres, par la simple présence qu'il crée en eux, à être debout, du moins si ceux-ci s'efforcent de l'accueillir dans sa vérité et arrivent à entrevoir ce qui est au centre de sa vie, ce qui donne sens à ses jours. Les livres qu'un homme a écrits en se disant, s'attachant à être lucide devant soi et sincère envers envers autrui peuvent donner naissance à une telle présence chez qui les lit dans un climat spirituel proche de celui qui a présidé à leur gestation.
Voyez-vous, c'est après avoir lu ce texte, que je me suis décidé à vous faire une profession de foi plus explicite. Il n'y a aucune raison, je n'ai aucune raison, de cacher le lieu d'où je parle.

2 commentaires:

olibrius a dit…

Cher 495°.
Je vais continuer encore aujourd'hui à jouer les trublions... mais c'est parce que j'apprécie ce que je peux comprendre de vous et qui me dit quelque chose de la personne que vous êtes. Alors, allons-y:
1-"les quelques lecteurs", cessez de vouloir compter vos lecteurs. Je crois, j'espère, je suis certain (?) que vous lancez vos idées gratuitement. Laissez faire, pensez aux produits du jardin, vous semez et vous récoltez, entre les deux états il faut parfois arroser, biner... Qui peut dire qu'il a transformé une graine de poireau en poireau?

2- le "disciple"de Jésus. Oui, vraisemblablement, mais, pour mon compte, d'autres peuvent penser autrement, je souhaiterais un peu moins d'assurance, un peu moins de certitude.... Il y a quelqu'un qui a dit: qui tg'as condamné? Personne!Moi non plus je ne te condamne pas.

3- eh bien, j'ai du mal avec le reste,parce que je ne comprends pas trés bien votre développement. J'ai une question: vous cherchez le vrai amour et je crois reconnaitre en vous un vrai chercheur. Mais pourquoi le cherchez-vous si loin alors qu'il est peut-être plus proche.

4- l'amour est synonyme souvent de souffrance, de déceptions, et tout cela n'est pas facile, c'est pour cela que l'on va le chercher si loin souvent.

5- Peut-être suis-je moin olibrius que le suggère mon peuso? Mon Dieu, vanité, rien n'est que vanité.

A bientôt.

Philippe POINDRON a dit…

Bien sûr que vous êtes moins Olibrius que le suggère le choix de votre pseudo. Ce choix est du reste très révélateur. Il me semble que vous devriez avoir plus confiance en vous, car vos remarques sont toujours très pertinentes.
Je n'ai pas dit que j'étais un vrai disciple, ou du moins, si c'est ainsi que vous l'entendez, je me suis mal exprimé. Je dis que "croire" est une adhésion intellectuelle à un ensemble de formules, et non pas cet assentiment existentiel à un homme, à son enseignement, à son modèle que suppose le statut de disciple : "A qui irions-nous Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle".
Je n'ai pas d'assurances. Ce que vous appelez assurance, cher Olibrius, est ma façon de présenter ls choses, mais regardez bien, et comptez le nombre de fois où j'utilise le mot "me semble-t-il", et vous me rendrez justice. Et puis regardez aussi comment les journaux, les médias, les commentateurs de toutes sortes,les hommes politiques parlent, et vous me direz de quelle côté est l'assurance : ils assènent, affirment, débitent un système, ne démontrent rien, savent tout mais ne savent que ça, si vous voyez ce que je veux dire. Ils ne pensent pas. Et voyez-vous toutes les fois que l'on s'efforce de penser, et de le faire honnêtement, on exprime toujours le fruit de son travail d'une manière qui peut paraître abrupte parce qu'elle va à l'encontre des idées reçues. Et si j'avais autant d'assurance que cela, croyez-vous que j'accorderai bonne foi et crédit à toutes paroles de mes semblables ? Est-ce cela condamner ? Il m'est arrivé de me moquer des personnes, et j'ai dit le regretter. Mais le plus souvent, ce sont des idées ou des pratiques que je pourfends.
Aimer c'est ne rien garder pour soi, m'a dit un jour un moine. Je sais donc "intellectuellement" ce qu'est l'amour ; hélas j'en suis bien loin dans ma pratique. Je fais ce que je peux. Comme dit Paul "je vois le bien mais je ne le fais pas, et s'ensuit le mal que je ne voudrais pas faire" (video meliore, deteriora sequor".
Enfin, et c'est pour moi essentiel : oui, je désirerais que ma parole soit entendue ; parce qu'il me semble nécessaire de faire contrepoids à cette pensée unique, matérialiste, hédoniste qui nous fait crever de mort lente. Et c'est toujours un peu triste de se donner beaucoup de mal pour parler dans un désert relatif... Je vous avouerai que souvent j'ai eu envie de tout envoyer promener. S'il n'y avait pas des lecteurs cmme vous, je l'aurais fait.
Amicalement