Un rapport rédigé par le Juge irlandais Sean RYAN, un énorme rapport, met dans une atroce lumière les sévices et les violences sexuelles subis par des centaines et des milliers de jeunes garçons dans des institutions placées sous la responsabilité de l'Église d'Irlande et de l'Etat dans les années 1940-1950. Pire, et presque plus insupportable encore, m'apparaissent les tentative de ces autorités pour étouffer ces scandales, voire se retourner contre les victimes.
Il est indispensable que les chrétiens condamnent avec la plus extrême clarté ces abus et ces crimes, que l'Église d'Irlande demande pardon à ces victimes et les dédommage en toute justice des souffrances qu'elles ont supportées. Il n'y a rien à retrancher de cela.
Comment en est-on arrivé là ?
Mes récentes lectures de Marcel LEGAUT et d'un livre que j'ai providentiellement trouvé aujourd'hui même, Le Christ philosophe de Frédéric LENOIR, m'ouvrent des perspectives exigeantes, mais vivifiantes, pour éclairer un peu, très peu, ce sombre tableau.
LEGAUT distingue la croyance idéologique ou adhésion intellectuelle à un ensemble de dogmes, avec une pratique sociologique des sacrements (messe, confession communion), qui n'engagent pas vraiment la personne au plus profond de son existence, et la foi du disciple qui ne cesse de se poser deux questions : "Qui es-tu, homme unique et solitaire ? - Qui donc as-tu été, Jésus, toi que tant d'hommes ont aimé que tant d'autres ont haï." Une telle recherche suppose une très grande exigence personnelle, le refus absolu du mensonge, une très grande rigueur intellectuelle et morale, une recherche constante de ce qu'est sa mission spécifique, une fidélité sans faille à soi-même.
LENOIR, et c'est là une rencontre providentielle pour moi, s'interroge sur les dysfonctionnements de l'Église et se demande comment l'Inquisition a été possible ; je ne discuterai pas de l'aspect historique ici - car il a été fort malmené par l'histoire officielle - je m'intéresserai à la répercussion terrible qu'a eu cette institution dans la mémoire des peuples, et je reprendrai donc mots pour mots les propos de F. Lenoir : L'exemple de l'Inquisition oppose deux points de vue radicalement antinomiques : le message révolutionnaire du Christ qui cherche à émanciper l'individu du poids du groupe et de la tradition en faisant de sa liberté un choix absolu, et la pratique de l'institution ecclésiale qui en arrive à nier cette liberté intérieure pour sauvegarder les intérêts du groupe et de la tradition.
Il me semble que l'attitude de l'Eglise d'Irlande a été justifiée par le désir de maintenir son pouvoir sur la société. Or Jésus n'est pas venu pour que des institutions prennent le pouvoir. Il demande à ses disciples de se faire serviteur de tous, et d'être uns - signe auquel on reconnaîtra qu'ils lui appartiennent. Il n'y a donc pas à temporiser, à faire de la diplomatie, à ruser avec les faits et avec la vérité. Nous avons le devoir, comme disciples, de proclamer la bonne nouvelle, et nul au monde ne peut nous empêcher de le faire ; nous avons le devoir de suivre l'enseignement de notre Maître, et non de faire le contraire de ce qu'il a dit. Nous avons le devoir de dénoncer le tort fait à l'homme, et aux petits, surtout quand ce sont des enfants, et même si nous devons en pâtir, voir y perdre la vie. Un point c'est tout.
J'ai eu l'occasion de dire dans un billet intitulé "Profession de foi" que mon plus profond désir est d'être un disciple de Jésus. Hélas, j'ai encore bien du chemin à parcourir, mais je ne peux pas excuser l'inexcusable d'où qu'il vienne et encore plus quand ce sont des frères qui l'ont commis. Il appartient aux victimes de leur accorder leur pardon s'ils ont le courage de faire cette démarche. Au nom de Jésus, qu'ils la fassent !
Ayons le courage de la vérité
5 commentaires:
Cher professeur (je n'ai pas fait pharmacie!!!)
Vous dites le courage de la vérité et vous avez raison. Mais il faudrait se l'apliquer à vous-même!!! Pourquoi certains commentaires de ma part n'ont-ils pas eu de réponse? Le même Jésus a dit de ne pas faire porter aux autres le fardeau que nous ne souhaiterions pas porter.
Moi, je n'y arrive pas et j'essaie de suivre. Vous m'y aider... quand je comprends ce que vous souhaitez dire.
Alors, être lu par plus!!!!
Cher Olibrius,
sauf erreur ou omission involontaire, j'ai répondu à tous vos commentaires. Il se peut qu'à une occasion, j'aie condensé mes réponses à deux de vos interventions en une seule fois.
Je vous soupçonne de me connaître mieux que vous ne prétendez. Comment savez-vous que j'ai enseigné à la Faculté de Pharmacie ? C'est une chose que je n'ai jamais dite, car la tradition universitaire actuelle et la pratique aussi, vous rattache à une université et non plus à une faculté. Je ne rougis du reste pas d'avoir enseigné dans cette Faculté qui, en son temps, a été jugée par le CNE, et de loin, la melleure de France (ça n'était pas grâce à moi, rassurez-vous ! même si j'ai tenu une place honorable dans la recherche. Il y avait beaucoup mieux que notre laboratoire). J'y ai enseigné la virologie et (en fin de carrière et à titre d'aide à la faculté) la biologie cellulaire, car notre laboratoire s'était fait une spécialité de la culture de cellules hautement différenciées (cellules musculaires, neurones, etc). Vous savez tout (ou presque).
alors, me répondrez-vous ? Mreavez-vous déjà rencontré à Strasbourg ?
Bien amicalement
Comment sais-je? Mais vous dites que vous êtes professeurs honoraire de la faculté de strasbourg età plusieurs reprises vous avez fait référence à vos travaux-recherches-enseignements... Moi, je ne comprends pas la différence entre une faculté et une université.
Mais je commence à vous connaître de mieux en mieux, l'homme est intéressant et je le définis par ce qu'il veut nous transmettre et par des réponses à quelques questions posées par ci, par là.
Ce faisnat, désolé, mais en mai à au moins deux fois je n'ai pas vu, ou pas compris des réponses à des "piques" de ma part...
Mais l'homme est parfois compliqué, vous l'êtes et moi peut-être encore plus que vous.
Cher Olibrius,
N'auriez-vous pas pour prénom Philippe ? Il me semble vous connaître, à travers les quelques remarques et surtout le style. Vite une réponse.
Amicalement
Cher vous
Ben non, je ne m'appelle pas Philippe (ni de nom, ni de prénom).
Désolé.
Ce qui n'enlève pas le manque de réponses?????????????
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