Avec retard, voici le billet consacré à ceux que nous avons aimés et qui nous ont quittés. Le 2 novembre, les chrétiens, en effet, font mémoire des baptisés qui se sont endormis "dans le Seigneur".
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"Notre grande maison, construite en 1844, avait une cheminée dans chacune de ses pièces et de ses chambres. Celle de la salle en manger était faite d'un marbre ressemblant à du porphyre, en plus sombre, et plus fortement veiné. Nous y faisions souvent du feu, l'hiver venu.
Je la revois encore, bien calée dans un fauteuil de cuir fauve, en train de tricoter, tandis que trois bûches de tilleul lançaient dans le foyer de dansantes flammes. Elle souriait, d'un air grave, cependant. Je ne sais à quoi ou à qui elle pensait. Quand, descendu de ma chambre où je ne parvenais pas à dormir, je rentrai dans la salle à manger pour voir ma maman, elle leva vers moi la tête et me sourit comme seule sait le faire une mère à son enfant. Je me précipitai vers elle. Une petite lampe, posée sur le dessus de cheminée, d'une douce pénombre éclairait son visage. L'impression de calme, de beauté et d'éternité était saisissante. Et je trouvais que ma maman était la plus belle des femmes. Quand, aujourd'hui, je repense à elle, qui fut la modestie, l'humilité et la bonté incarnées, quand je repense aux heures que nous avons passées près d'elle alors qu'elle allait bientôt nous quitter, en ce mois d'été finissant, et que je suis à mon tour parvenu à ce point de ma vie où mon horizon proche est celui du grand passage, je relis cet extrait du Livre de la Sagesse (Chapitre 2, 1 à 4 et passim) :
'Les incroyants ne sont pas dans la vérité lorsqu'ils raisonnent ainsi en eux-mêmes : Notre existence est brève et triste, rien ne peut guérir l'homme au terme de sa vie, on n'a jamais vu personne revenir du séjour des morts. Nous sommes nés par hasard, et après, nous serons comme si nous n'avions pas existé ; le souffle de nos narines s'évanouit comme la fumée, et la pensée est une étincelle qui jaillit au battement de notre coeur : si elle s'éteint, le corps s'en ira en cendres, et l'esprit se dissipera comme une brise légère. Avec le temps, notre nom tombera dans l'oubli, et personne ne se rappellera ce que nous aurons fait. Ceux qui parlent ainsi ne connaissent pas les secrets de Dieu, ils n'espèrent pas que la sainteté puisse être récompensée, ils n'estiment pas qu'un âme irréprochable puisse être glorifiée. Dieu a créé l'homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu'il est lui-même. La vie des justes est dans la main de Dieu, aucun tourment n'a de prise sur eux. Celui qui ne réfléchit pas s'est imaginé qu'ils étaient morts ; leur départ de ce monde a passé pour un malheur ; quand il nous ont quittés, on les croyait anéantis, alors qu'ils sont dans la paix."
Je crois Seigneur, mais viens au secours de mon manque de foi."
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