Ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c'est non seulement la lâcheté, mais encore la haine, le sectarisme et l'aveuglement.
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Je reproduis intégralement la lettre de François-Xavier BELLAMY à monsieur BARTOLONE, publiée par le site du Figaro, la veille des élections régionales. Elle décortique, impitoyablement, les arrière-pensées, les bassesses, les ignominies d'un courant de pensée pourrissant et qui a pourri notre patrie. Si monsieur BARTOLONE avait un peu d'honneur et de dignité, il quitterait le perchoir, qu'en l'occurrence on devrait plutôt, tant qu'il l'occupe, la bauge.
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"Monsieur
Bartolone,
Quand je pense
qu’il faut encore vous appeler «Monsieur le Président de l’Assemblée
nationale»… Vous vous êtes lancé dans cette campagne régionale en conservant
l’une des plus hautes fonctions de l’Etat, ce qui a choqué jusque dans votre
camp. Ce cumul aurait dû exiger de vous, à tout le moins, un peu de hauteur ;
mais il faut croire que vous n’en étiez pas capable.
Monsieur
Bartolone, la France va mal, elle est traversée par des fractures de plus en
plus profondes, divisée par une défiance inouïe. Vous le savez, vous le dites.
Et c’est donc consciemment que vous avez choisi de creuser ces fractures,
d’alimenter cette défiance. En disant de Valérie Pécresse qu’elle défend
«Versailles, Neuilly et la race blanche», vous avez choisi de remplacer un
débat politique par un conflit de communautés.
A vrai dire, j’ai
hésité à vous écrire ; après tout, ce conflit que vous décrivez, à grand
renfort de caricatures périmées, paraît totalement dérisoire. Monsieur
Bartolone, entre nous: quand vous mettez en scène l’effroyable danger que «les
serre-têtes» représenteraient contre «les bras tatoués», j’espère que
secrètement vous avez un peu pitié de vous-même. Ne voyez-vous pas des
problèmes plus sérieux ? Des ennemis plus crédibles pour la République? Venez à
Versailles, Monsieur Bartolone ; venez rencontrer 14 000 lycéens, 10 000
étudiants, l’une des villes les plus jeunes et créatives d’Île de France. Celle
qui incarne la French Touch dans le monde de la musique, celle où se forme une
nouvelle génération d’architectes, de chercheurs, de parfumeurs, de
paysagistes, d’entrepreneurs… Quel cliché délirant a pu vous faire opposer
notre ville à «l’Île de France qui fait des start-ups et du hip-hop» ?
Incapable
d’assumer le jeu politique, vous jouez le conflit ethnique. « Les noirs et
les arabes avec moi, si vous voulez battre les blancs ! »
C’est cela
que vous appelez « la République » ? C’est cela « le rassemblement » ?
Pauvre Monsieur
Bartolone… Etes-vous à ce point incapable de proposer une vision positive, un
vrai projet politique? Ces caricatures sont tellement vides qu’elle ne peuvent
même pas nous blesser. Votre envie électorale est trop pressante, et vous
n’arrivez pas à vous retenir. Je me contenterais de vous plaindre, si vous
n’étiez pas le quatrième personnage de l’Etat : car dans votre naufrage, c’est
la France que vous abîmez. Et c’est cela qu’il fallait que je vous dise.
Monsieur
Bartolone, soyons sérieux: votre tactique de fin de campagne n’est pas
seulement ridicule. Elle est coupable. Elle est dangereuse. Elle est irresponsable.
Il aura fallu, c’est un comble, que ce soit le candidat du Front National qui
vous ramène à la raison, en rappelant cette évidence: « Personne n’a parlé de
race blanche dans cette campagne.» Vous êtes le seul à le faire. Incapable
d’assumer le jeu politique, vous jouez le conflit ethnique. « Les noirs et
les arabes avec moi, si vous voulez battre les blancs ! »
C’est cela
que vous appelez « la République » ? C’est cela « le rassemblement »?
Y a-t-il un seul
petit, minuscule, infime indice qui vous permette d’affirmer que Valérie
Pécresse propose une politique raciale ? Non, bien sûr que non. En l’accusant
ainsi, c’est vous qui, par opportunisme, encouragez le racisme. Car c’est bien
de cela qu’il s’agit: il faudrait proposer un vrai projet politique, qui puisse
réunir les Français – quelle que soit leur couleur de peau. Mais en désignant
tranquillement « la race blanche », vous installez les divisions que vous ferez
mine ensuite de déplorer, et vous préparez la violence dont d’autres que vous devront
pleurer.
Votre
Île-de-France est « humaine et fraternelle », sauf pour les Versaillais, qui ne
méritent pas votre humanité. Votre Île-de-France est « ensemble, ensemble,
ensemble »… mais ensemble contre « la race blanche » ?
Votre sortie n’a
rien d’un accident. Elle signe, noir sur blanc, le seul vrai nom de votre camp
: vous n’avez pas de vision, pas de projet, parce que votre moteur, c’est la
haine. La haine de celui qu’on peut rejeter en toute bonne conscience, de cette
France que vous insultez, et qu’une tribune sur le site de l’Obs appelait cette
semaine à violer… La haine de ces familles que vous méprisez, des catholiques
qui osent encore exister, de tous ceux qui, parce qu’ils aiment encore leur
pays, méritent bien d’être méprisés. Votre Île-de-France est « humaine et
fraternelle », sauf pour les Versaillais, qui ne méritent pas votre humanité.
Votre Île-de-France est « ensemble, ensemble, ensemble »… mais
ensemble CONTRE « la race blanche »?
Monsieur
Bartolone, votre concurrente a un projet politique pour sa collectivité, un
vrai projet, explicite et approfondi ; vous pouvez le critiquer, c’est là la
démocratie. Mais en fuyant ce débat, en préférant l’attaquer comme si elle
était la candidate d’une communauté, vous trahissez la démocratie. Peut-être
ces subterfuges de court terme, ces médiocres calculs électoraux, vous
obtiendront cette présidence, ce nouveau poste et ces prébendes. Mais ce ne
sera pas votre victoire ; ce sera notre défaite, notre défaite à tous. En
jouant la carte du vote ethnique, vous défaites la République. Monsieur
Bartolone, vous l’avez montré cette semaine, en sortant à découvert, dans la
lumière crue de cette rase, très rase campagne: depuis des décennies, avec tous
ceux qui ont choisi les mêmes méthodes, c’est vous, Monsieur Bartolone, à coup
de communautarisme, de mensonge, d’insultes, de sectarisme, c’est vous qui
défaites la France.
Monsieur
Bartolone, ce n’était pas un dérapage, il ne faut pas vous excuser. Vous êtes
déjà inexcusable. S’il vous restait un peu de dignité, il n’y aurait qu’une
seule chose à faire, et c’est pour cela que je vous écris. Vous démissionnerez
de l’Assemblée Nationale, avez-vous dit, si vous gagnez cette élection ; c’est
bien la moindre des choses. Mais s’il reste un peu de bon sens dans l’esprit
des électeurs, si devant votre indécence un sursaut civique s’imposait, si
demain, ce que j’espère, vous perdez cette élection, alors il faudra aussi
démissionner. Car en conservant un mandat confié par le peuple comme une
protection contre l’avis du peuple, vous signeriez votre indignité. Quand on a
divisé les Français, quand on les a dressés les uns contre les autres, comment
peut-on prétendre encore les servir et les représenter? Comment peut-on être
légitime pour présider leur Assemblée? Vous serez désavoué, Monsieur Bartolone,
et avec vous, cette politique de l’insulte, du communautarisme et du racisme
autorisé ; vous serez désavoué, je l’espère de toutes mes forces. Et alors, il
faudra partir.
François-Xavier Bellamy"
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