Je désire, dans ce billet,
répondre à une remarque que Dominique, un de mes anciens scouts, a faite à
propos de mon dernier billet. Dominique est un homme brillant, courageux (son
passé militaire le prouve), et cultivé. Et il a la gentillesse, me semble-t-il,
de lire assez régulièrement les billets dont je mets le lien sur ma page
Facebook. Il lui apparaît que BERNANOS, un auteur mort il y a plus de 70 ans,
n’a rien à nous dire à propos de la vie politique contemporaine, rien à nous
dire à propos des maux qui nous accablent. Et par ailleurs, il se moque
gentiment d’ARISTOTE en invoquant DIOGÈNE. Mais hormis son tonneau, sa
lanterne, et quelques douteuses pratiques exhibitionnistes, DIOGÈNE n’a tout de même pas
bouleversé la pensée politique occidentale à la différence d'ARISTOTE.
Je vous avouerai que j’ai attendu
un peu avant de publier ce billet. Je craignais qu’il fasse pédant ou
incompréhensible. C’est après mure réflexion que je le lance, un peu comme on
lance une bouteille à la mer.
Il me semble que la remarque de
Dominique témoigne de la mentalité moderne, et même post-moderne, pour qui
l’histoire n’a rien à nous apprendre, ni les penseurs ou les philosophes qui
dorment dans le silence des tombeaux. Si je l’ai bien compris, tout est à
construire, tout est dans l’avenir qu’il nous faut faire fraternel.
J’ai beaucoup d’objections à
faire à cette opinion. Si des auteurs anciens n’ont rien à nous dire
d’intéressant pour l’aujourd’hui, alors les pères de la démocratie, les grecs
n’ont aucune leçon à nous donner : exit ARISTOTE. Et pas davantage un Thomas
d’AQUIN, un MONTAIGNE, un MONTESQUIEU, un ROUSSEAU, et même, horresco referens, un HEGEL ou un MARX.
Or ces auteurs étaient des penseurs, et ils étaient libres. Je maintiens donc
que nous avons à apprendre de BERNANOS, de son expérience d’exilé volontaire
pour l’honneur de la France. En faisant le choix de BERNANOS, je n’ignore pas
que je privilégie un ordre politique qui ne fait sans doute pas l’unanimité,
mais j’assume ce choix ; le reniement de monsieur FILLON, qui n'a rien assumé du tout, en faveur de
monsieur MACRON est une insulte aux électeurs qui lui avaient fait confiance.
Finalement, il est heureux qu’il ait été battu.
Je voudrais faire une deuxième
remarque, d’ordre philosophique, peut-être d’un accès plus difficile. C’est ce
côté un peu ardu qui m’a fait hésiter à produire ce billet. Tant pis j’y vais.
L’esprit de progrès est à l’esprit de conservation, ce que l’accident est à la
substance. Il s’agit là de notions métaphysiques empruntées à ARISTOTE et à
Thomas d’AQUIN. La substance est ce qui individue et subsiste dans une réalité
particulière, l’accident est ce qui vient l’orner sans en altérer le fond. Il est
possible de faire évoluer la France sans changer son âme ou altérer son génie
nous murmure à l’oreille cette conception.
Le progressisme est au
conservatisme ce que la Révolution est à l’Ancien Régime : une opposition
frontale, nécessairement violente, qui détruit tout du passé et construit sur
des ruines. Il faut donc tout flanquer par terre et recommencer à zéro ce que
des siècles se sont efforcés de construire nous hurlent dans la tempête
actuelle, les sirènes des puissants qui ne cherchent qu’à sauver leurs
avantages. La France pour eux n’existe pas, en tout cas pas comme l’entend le bon sens du peuple.
Tout leur programme se déroule dans l’esprit de la mentalité d’HEGEL et de MARX, autour de l'idée somptueusement idiote d'un progrès qui n'a pas de limite.
On sait où nous ont menés ces penseurs.
Je dis et je maintiens que
l’ordre économique doit être soumis à l’ordre politique lequel consiste à
organiser la vie sociale des citoyens dans l’espace public, avec leur accord et
leur concours. Il est clair que de cet ordre politique découleront des lois et
des mesures économiques susceptibles de le soutenir. Cette conception explique
le succès d’un Jean-Luc Mélenchon, d’une Marine Le Pen, d’un Nicolas
Dupont-Aignan et des candidats de l’extrême-gauche, à ceci près que les uns soutiennent
la vision de la substance et de l’accident et les autres la vision de la
négation de la thèse à subsumer dans une très hypothétique synthèse, à venir. Mais je dois
dire que, si le cas survient et qu’un candidat mélenchoniste se présente contre
un macroniste aux législatives, je choisirai le premier contre le second, idem
si c’est un lepéniste contre un macroniste.
Pas plus que nous ne pouvons
changer le passé, nous ne pouvons prévoir l’avenir. Nous pouvons éventuellement
le préparer, mais nous ne le connaissons pas. Nous avons la possibilité
d’influencer le présent (dans une modeste mesure sans doute, tant est puissant
l’obscur et gros animal social).
Je voulais soumettre ces
réflexions à ceux de mes lecteurs qui s’interrogent sur leur choix pour le 7
mai. Chacun choisira selon sa conception de l’homme et de la politique. Mais
chacun se doit de le faire en suivant la voix de sa conscience. Pour ce qui de la mienne, elle me dit de ne pas voter pour monsieur MACRON, l'exemple type du nuisible, adulé par les "zélites" !
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