mercredi 26 avril 2017

26 avril 2017. Réponse détaillée à un de mes anciens scouts !


Je désire, dans ce billet, répondre à une remarque que Dominique, un de mes anciens scouts, a faite à propos de mon dernier billet. Dominique est un homme brillant, courageux (son passé militaire le prouve), et cultivé. Et il a la gentillesse, me semble-t-il, de lire assez régulièrement les billets dont je mets le lien sur ma page Facebook. Il lui apparaît que BERNANOS, un auteur mort il y a plus de 70 ans, n’a rien à nous dire à propos de la vie politique contemporaine, rien à nous dire à propos des maux qui nous accablent. Et par ailleurs, il se moque gentiment d’ARISTOTE en invoquant DIOGÈNE. Mais hormis son tonneau, sa lanterne, et quelques douteuses pratiques exhibitionnistes, DIOGÈNE n’a tout de même pas bouleversé la pensée politique occidentale à la différence d'ARISTOTE.

Je vous avouerai que j’ai attendu un peu avant de publier ce billet. Je craignais qu’il fasse pédant ou incompréhensible. C’est après mure réflexion que je le lance, un peu comme on lance une bouteille à la mer.

Il me semble que la remarque de Dominique témoigne de la mentalité moderne, et même post-moderne, pour qui l’histoire n’a rien à nous apprendre, ni les penseurs ou les philosophes qui dorment dans le silence des tombeaux. Si je l’ai bien compris, tout est à construire, tout est dans l’avenir qu’il nous faut faire fraternel.

J’ai beaucoup d’objections à faire à cette opinion. Si des auteurs anciens n’ont rien à nous dire d’intéressant pour l’aujourd’hui, alors les pères de la démocratie, les grecs n’ont aucune leçon à nous donner : exit ARISTOTE. Et pas davantage un Thomas d’AQUIN, un MONTAIGNE, un MONTESQUIEU, un ROUSSEAU, et même, horresco referens, un HEGEL ou un MARX. Or ces auteurs étaient des penseurs, et ils étaient libres. Je maintiens donc que nous avons à apprendre de BERNANOS, de son expérience d’exilé volontaire pour l’honneur de la France. En faisant le choix de BERNANOS, je n’ignore pas que je privilégie un ordre politique qui ne fait sans doute pas l’unanimité, mais j’assume ce choix ; le reniement de monsieur FILLON, qui n'a rien assumé du tout, en faveur de monsieur MACRON est une insulte aux électeurs qui lui avaient fait confiance. Finalement, il est heureux qu’il ait été battu.

Je voudrais faire une deuxième remarque, d’ordre philosophique, peut-être d’un accès plus difficile. C’est ce côté un peu ardu qui m’a fait hésiter à produire ce billet. Tant pis j’y vais. L’esprit de progrès est à l’esprit de conservation, ce que l’accident est à la substance. Il s’agit là de notions métaphysiques empruntées à ARISTOTE et à Thomas d’AQUIN. La substance est ce qui individue et subsiste dans une réalité particulière, l’accident est ce qui vient l’orner sans en altérer le fond. Il est possible de faire évoluer la France sans changer son âme ou altérer son génie nous murmure à l’oreille cette conception.

Le progressisme est au conservatisme ce que la Révolution est à l’Ancien Régime : une opposition frontale, nécessairement violente, qui détruit tout du passé et construit sur des ruines. Il faut donc tout flanquer par terre et recommencer à zéro ce que des siècles se sont efforcés de construire nous hurlent dans la tempête actuelle, les sirènes des puissants qui ne cherchent qu’à sauver leurs avantages. La France pour eux n’existe pas, en tout cas pas comme l’entend le bon sens du peuple. Tout leur programme se déroule dans l’esprit de la mentalité d’HEGEL et de MARX, autour de l'idée somptueusement idiote d'un progrès qui n'a pas de limite. On sait où nous ont menés ces penseurs.

Je dis et je maintiens que l’ordre économique doit être soumis à l’ordre politique lequel consiste à organiser la vie sociale des citoyens dans l’espace public, avec leur accord et leur concours. Il est clair que de cet ordre politique découleront des lois et des mesures économiques susceptibles de le soutenir. Cette conception explique le succès d’un Jean-Luc Mélenchon, d’une Marine Le Pen, d’un Nicolas Dupont-Aignan et des candidats de l’extrême-gauche, à ceci près que les uns soutiennent la vision de la substance et de l’accident et les autres la vision de la négation de la thèse à subsumer dans une très hypothétique synthèse, à venir. Mais je dois dire que, si le cas survient et qu’un candidat mélenchoniste se présente contre un macroniste aux législatives, je choisirai le premier contre le second, idem si c’est un lepéniste contre un macroniste.

Pas plus que nous ne pouvons changer le passé, nous ne pouvons prévoir l’avenir. Nous pouvons éventuellement le préparer, mais nous ne le connaissons pas. Nous avons la possibilité d’influencer le présent (dans une modeste mesure sans doute, tant est puissant l’obscur et gros animal social).


Je voulais soumettre ces réflexions à ceux de mes lecteurs qui s’interrogent sur leur choix pour le 7 mai. Chacun choisira selon sa conception de l’homme et de la politique. Mais chacun se doit de le faire en suivant la voix de sa conscience. Pour ce qui de la mienne, elle me dit de ne pas voter pour monsieur MACRON, l'exemple type du nuisible, adulé par les "zélites" !

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