lundi 17 juillet 2017

17 juillet 2017. Note brève. Deux lettres épiscopales, pour l'honneur de l'Eglise de France.

Dans le silence ecclésial assourdissant qui entoura la Rafle du Vle'd'Hiv, deux voix courageuses se sont fait entendre : celle de Mrg SALIEGE, archevêque de Toulouse, et de Mgr THEAS, évêque de MONTAUBAN (ce dernier le paiera de sa liberté et faillit être embarqué !). Les deux prélats ont été déclarés Justes parmi les Nations.

Lettre de Mgr Jules Saliège du 23 août 1942.

Mes très chers frères,

Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits, tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.
Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.
Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe-t-il plus ?
Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
Seigneur ayez pitié de nous.
Notre-Dame, priez pour la France.
Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier.
France, patrie bien aimée France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs.
Recevez mes chers frères, l’assurance de mon respectueux dévouement.

Jules-Géraud Saliège
Archevêque de Toulouse

Lettre de Mgr Pierre-Marie Théas du 26 août 1942.

Mes biens chers Frères,

Des scènes douloureuses et parfois horribles se déroulent en France, sans que la France en soit responsable.
À Paris, par dizaines de milliers, des juifs ont été traités avec la plus barbare sauvagerie. Et voici que dans nos régions on assiste à un spectacle navrant ; des familles sont disloquées ; des hommes et des femmes sont traités comme un vil troupeau, et envoyés vers une destination inconnue, avec la perspective des plus graves dangers.
Je fais entendre la protestation indignée de la conscience chrétienne et je proclame que tous les hommes, aryens ou non aryens [1] , sont frères parce que créés par le même Dieu ; que les hommes, quelle que soit leur race ou leur religion, ont droit au respect des individus et des États.
Or les mesures antisémitiques actuelles sont un mépris de la dignité humaine, une violation des droits les plus sacrés de la personne et de la famille.
Que Dieu console et fortifie ceux qui sont iniquement persécutés ! Qu’Il accorde au monde la paix véritable et durable, fondée sur la justice et la charité ! »

Pierre-Marie Théas
Évêque de Montauban

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