Dans le silence ecclésial assourdissant qui entoura la Rafle du Vle'd'Hiv, deux voix courageuses se sont fait entendre : celle de Mrg SALIEGE, archevêque de Toulouse, et de Mgr THEAS, évêque de MONTAUBAN (ce dernier le paiera de sa liberté et faillit être embarqué !). Les deux prélats ont été déclarés Justes parmi les Nations.
Lettre de Mgr Jules
Saliège du 23 août 1942.
Mes très chers frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a une
morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et
ces droits, tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu. On peut les
violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.
Que des enfants, des femmes, des hommes,
des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres
d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une
destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste
spectacle.
Pourquoi le droit d’asile dans nos églises
n’existe-t-il plus ?
Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
Seigneur ayez pitié de nous.
Notre-Dame, priez pour la France.
Pourquoi sommes-nous des vaincus ?
Seigneur ayez pitié de nous.
Notre-Dame, priez pour la France.
Dans notre diocèse, des scènes d’épouvante
ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou. Les Juifs sont des hommes,
les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces
hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font
partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne
peut l’oublier.
France, patrie bien aimée France qui porte
dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne
humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas
responsable de ces horreurs.
Recevez mes chers frères, l’assurance de
mon respectueux dévouement.
Jules-Géraud Saliège
Archevêque de Toulouse
Lettre de Mgr
Pierre-Marie Théas du 26 août 1942.
Mes biens chers Frères,
Des scènes douloureuses et parfois
horribles se déroulent en France, sans que la France en soit responsable.
À Paris, par dizaines de milliers, des
juifs ont été traités avec la plus barbare sauvagerie. Et voici que dans nos
régions on assiste à un spectacle navrant ; des familles sont
disloquées ; des hommes et des femmes sont traités comme un vil troupeau,
et envoyés vers une destination inconnue, avec la perspective des plus graves
dangers.
Je fais entendre la protestation indignée
de la conscience chrétienne et je proclame que tous les hommes, aryens ou non
aryens [1] , sont frères parce que créés par le
même Dieu ; que les hommes, quelle que soit leur race ou leur
religion, ont droit au respect des individus et des États.
Or les mesures antisémitiques actuelles sont un mépris de la dignité humaine, une violation des droits les plus sacrés de la personne et de la famille.
Or les mesures antisémitiques actuelles sont un mépris de la dignité humaine, une violation des droits les plus sacrés de la personne et de la famille.
Que Dieu console et fortifie ceux qui sont
iniquement persécutés ! Qu’Il accorde au monde la paix véritable et
durable, fondée sur la justice et la charité ! »
Pierre-Marie Théas
Évêque de Montauban
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