Chers
lecteurs, souventes fois j’ai vanté cette jeunesse française magnifique, profondément
ancrée dans l’amour de Jésus-Christ et généreuse. Voici un exemple parmi d’autres,
celui de Marie. J’ai reçu de Marie l’autorisation explicite de diffuser ses
lettres. J’en extrairai régulièrement les passages les plus saillants qui illustrent le sens
de son engagement auprès des pauvres d’Amérique du Sud.
J’ajoute,
en contrepoint de ces témoignages, que j’ai appris ceci hier soir : les
grandes entreprises agricoles du pays d’Arles (légumes, primeurs et fruits)
font venir de plus en plus des travailleurs saisonniers du lointain pays
sud-américain qu’est l’Équateur. Ainsi, pendant que des jeunes audacieux s’efforcent
d’améliorer sur place le sort des pauvres de ces pays, il y a des exploitants
agricoles qui embauchent temporairement des journaliers des nations andines et
circonvoisines, les logent dans des caravanes et ne les payent même pas au
SMIC. Décidément, ils méritent bien leur nom d’exploitants.
Voici
donc deux extraits de ces Lettres du Pérou. Il en viendra d’autres.
"Je
prends le temps de vous écrire quelques mots pour vous partager mes premiers
pas dans la capitale péruvienne. Je suis partie le samedi 16 septembre – après des
au-revoir émouvants et un peu irréalistes – avec George, autre volontaire d’INIGO
(association jésuite avec laquelle je suis partie). Les 12 heures de vol passées ensemble ont été assez troublantes car nous car nous avons alors vraiment pris conscience de notre départ. Et notre sentiment d’être
déracinés ne faisait que commencer. Personnellement, je me demande parfois si partir
comme ça relève du courage ou de la folie ! Enfin, c’est ce qui en fait le charme,
je l’espère en tout cas…[…]."
Après
être restée quelques jours à LIMA, Marie est partie à TACNA pour s’occuper d’un
centre d’accueil pour des enfants de familles pauvres. Voici un extrait de sa
troisième lettre.
"[…].
Ma
mission a évolué depuis mon arrivée. Si le Temps de l’observation n’est pas
terminé, mon champ d’action est
désormais moins restreint. Pour l’instant, j’ai encore du temps pour moi le
matin je suis en train d’apprendre – quand Milagros a du temps pour moi – à
effectuer son travail car elle finit son stage ici début décembre. Globalement,
je dois faire de l’administratif (un peu comme un CPE dans les lycées
français), recevoir les parents et comprendre les problèmes qu’ils peuvent
rencontrer puisque tous les enfants qui viennent au centre connaissent de
grandes difficultés familiales et financières. Je dois également effectuer des
visites domiciliaires quand les familles n’ont pas les moyens de se rendre au
centre qui peut être loin de leur résidence. Même si les premiers jours, j’ai
été heureuse d’avoir du temps pour moi, le désir de se sentir utile et efficace
(besoin très européen, by the way) a fini par rejaillir. Ma tête était pleine
de nouvelles idées et de nouveaux projets pour les enfants…Jusqu’à vendredi
dernier, je n’avais pas encore fait de visites domiciliaires. Comme Milagros
n’était pas disponible, j’ai demandé à Kelly si je pouvais l’accompagner. Nous
nous sommes donc rendues à l’Hôpital de Tacna pour rencontrer une maman
adolescente de 16 ans dont le bébé de 3 mois est atteint d’une grave maladie. Kelly
a alors posé des questions à la maman pour savoir comment elle allait car l’enfant
venait de subir une opération Je suis
restée silencieuse pendant deux heures
et ai tenté de comprendre leur échange.
Même si je n’ai pas saisi tous les détails, toutes les nuances, j’ai compris l’essentiel et ai capté toutes ses émotions.
Cette jeune maman doit faire face
quasiment seule à la maladie de son enfant alors qu’elle se trouve elle-même dans une situation de grande précarité.
Par ailleurs, elle n’a pas le soutien
de son copain et de sa « belle-mère » qui souhaitent qu’elle fasse adopter l’enfant. J’ai donc assisté à des échanges
téléphoniques très durs entre la
jeune maman et la belle-mère. Je me suis sentie démunie car je n’étais pas assez
à l’aise dans sa langue pour pouvoir la réconforter (grâce à la prépa, j’ai le vocabulaire
pour décrire des problèmes sociétaux ou pour donner mon opinion mais je n’ai pas le vocabulaire du quotidien).
Moi qui ai l’habitude de mettre
des mots sur mes émotions pour que celles-ci ne me submergent pas, ici c’est difficile
car je ne peux pas encore recourir à ma plus grande ressource : la parole. Je dois également apprendre
à trouver la bonne distance intérieure par rapport au « patient ». Mais je suis
entourée de travailleurs sociaux,
donc c’est l’occasion d’apprendre à leurs côtés. Je choisis de vous raconter cet épisode car il est à la fois découverte
et annonce. Découverte car ce fut
une expérience nouvelle et annonce car je compte bien y retourner pour apprendre et comprendre.
[…]."
Que Dieu bénisse ces jeunes et fasse que leur action porte du fruit.
Que Dieu bénisse ces jeunes et fasse que leur action porte du fruit.
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