Voici
comment Marie, volontaire dans un centre créé et géré par les jésuites à TACNA
au Pérou au profit des enfants de milieu défavorisé, raconte ses retrouvailles
avec sa maman.
"
« Nous vivons dans des villes, dans des métiers, dans des familles. Mais le
lieu où nous vivons en vérité n’est pas un lieu. Le lieu où nous vivons vraiment
n’est pas celui où nous passons nos jours, mais celui où nous espérons –sans connaître
ce que nous espérons, celui où nous chantons-sans comprendre ce qui nous fait
chanter. »
Cet extrait du Très-Bas de Jean Bodin
[erreur, Marie, c’est de Christian BOBIN !]
me rappelle que ma vie de volontaire avant d’être un voyage en terre péruvienne
est un nouveau lieu d’espérance : espérance de rencontres entre nouvelles personnes
et nouveaux lieux, espérance de se connaître et de s’accepter, espérance du dépassement.
Et bien sûr, espérance de revoir ses proches. Comme sa maman. Espérance qui s’est
transformée en espoir puis en un événement concret et réel lorsqu’elle a
atterri au petit aéroport de Tacna le dimanche 18 février. Mais je vais trop vite
si je commence par son arrivée physique. En réalité, elle était dans la maison,
comme un possible, comme une présence latente, depuis une semaine. Mon excitation
était à son comble. Quand, au cours de mes petits actes quotidiens, que ce soit
en faisant la cuisine, du ménage ou du sport, je prenais conscience que ma mère
s’apprêtait à traverser l’Atlantique pour venir me voir et découvrir ce qui était
devenu une partie de moi et qu’elle ne connaissait qu’à travers mes lettres, je
me mettais à sourire jusqu’aux oreilles et à danser. Une idée peut vraiment donner
des frissons. Nuria a d’ailleurs eu besoin de toute sa patience et son amour pour
moi pour me supporter cette semaine-là. Les retrouvailles ont été émouvantes,
joyeuses et frénétiques. Maman débarquait, c’est le cas de le dire. Sa volonté,
tendue comme un arc, lui permettait de faire face à ce nouvel environnement et à
faire surgir des bas-fonds de sa mémoire l’espagnol qu’elle avait étudié en classe.
Elle appréhendait cette nouvelle aventure avec un mélange de calme-sonnée probablement
par toutes ces heures d’avion-et de joie. Nous avons passé notre première soirée
toutes les deux car Nuria dormait. Et c’est autour d’une bière fraîche et d’une
plaquette de chocolat que nous nous sommes retrouvées. J’ai alors été couverte littéralement
de cadeaux, un noël quelques mois après (tablette
kindle, hola), les plaquettes de chocolat noir et les petits paquets de ma
petite sœur qui avait fait de
ses cadeaux une véritable chasse au trésor, j’ai été très gâtée. Bon, évidemment, le plus beau cadeau, celui qui n’avait
pas de prix mais bien de la valeur,
c’était bien la présence de ma maman que j’avais quittée le 16 septembre.
[…]"
Voilà une jeune fille qui a compris ce qu’est le
pari bénédictin.
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