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Le
25 décembre 1919, elle allait avoir 8 ans. D’habitude, et bien que le papa qu’elle
chérissait fût rentré vivant de la guerre, elle savait qu’il avait été blessé à
Verdun, gazé, très exactement, et qu’il était dans un établissement militaire,
à V…-C…, d’où pensait-elle il reviendrait guéri. Cette année-là pourtant, à l’approche
de Noël, la vie familiale avait un drôle d’air. Inexplicablement, elle avait été subitement hébergée avec sa maman chez un grand-oncle maternel, à A…, et elle avait
bien remarqué que les grandes personnes cessaient de parler quand elle rentrait
dans le salon où régnait une atmosphère inhabituelle de tension et d’attente. Et
puis sa maman avait quitté précipitamment A… et vers la fin du mois de
décembre, elle l’avait vue revenir en grand deuil. C’est alors qu’elle comprit
que son papa était mort. Personne n’avait osé le lui dire, car il avait rendu l’âme
le jour de Noël, et que l’on n’avait point voulu assombrir davantage cette fête
en la chargeant du poids d’un mort, un jour où l’on célébrait une double
naissance, celle de Jésus, et celle de la petite-fille.
Quand
elle eut pris de l’âge et même quand elle eut vieilli, après la disparition de
sa maman, elle avait hérité des portraits de ses parents. Elle les avait placés
sur une jolie console Louis XVI d’époque, elle les fleurissait, et tous les
soirs avant d’aller dormir, elle allait dire au-revoir à ses parents.
J’ai
bien connu cette petite fille. C’était ma propre maman. Je ne l’ai jamais vue
heureuse un jour de Noël.
Pour
comprendre la suite, lisez déjà cet article :
Et
ce communiqué de Mgr GINOUX.
Et
cet autre.
J’appartiens
à une génération dont l’enfance a été nourrie des récits que leurs grands-parents,
voire leurs parents, leur distillaient sur la guerre de 14-18. Il se peut que
parfois ils les aient un peu enjolivés. Mais ce qu’ils n’ont pas inventés ce
sont les morts dont les noms figurent sur les monuments aux morts du plus petit
de nos villages. Aucune famille de France ne peut dire qu’elle n’a pas été atteinte
dans sa chair par la mort d’un grand-père, d’un oncle, d’un grand-oncle.
À
plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion dans mes billets, de vous rappeler que
le propre des idéologues est d’être insensibles au sort de l’homme concret. Jupiter,
alias Cameluquet (joli amalgame de caméléon-freluquet) a décidé qu’il ne célébrerait pas le centenaire de la victoire de 1918. Jupiter n’a pas fait de
service militaire. Jupiter a cru qu’il humilierait publiquement le chef d’État-Major
des armées (à la hauteur du petit orteil duquel il n’arrive pas), et c’est lui
qui a été désavoué par la démission surprise du général de Villiers. Jupiter a
prétendu qu’il n’y avait pas de culture française, Jupiter a accusé, dans un
pays étranger, sa propre patrie d’y avoir commis des crimes de guerre (il
devait regarder les photos des cadavres des européens d’Oran, massacrés peu
après l’indépendance, dans l’indifférence générale et dans l’inaction particulière
du sinistre général Katz, car il faut bien qu’il y ait, même dans les
institutions les plus nobles, des moutons noirs). Jupiter, toujours dans ce
même pays, a célébré Maurice Audin, tué – il est vrai, et c’est une tache
indélébile – par des militaires français, en oubliant que cet homme était un traître
à sa patrie, et que son action de collaboration avec le FLN a sans aucun doute
augmenté le nombre de victimes dont ce parti s’est rendu coupable. Jupiter ne
veut pas célébrer les huit maréchaux de la grande guerre, et il ne se rendra pas
– au cas où l’armée l’organiserait – à une cérémonie en leur honneur. Jupiter
préfère effectuer une « itinérance mémorielle » (sic) en Lorraine sur les
hauts lieux de 14-18 . Jupiter ne veut pas faire de peine à l’Allemagne
en célébrant ce qui fut sans doute le dernier fait glorieux de notre histoire
nationale. Mais ce n’est de cela qu’il s’agit me semble-t-il. Il s’agit de célébrer
une victoire acquise au prix du sang sur l’Allemagne impériale. Cameluquet, s’il
était cultivé et conséquent (mais il n'est qu'intelligent), déplorerait plutôt que le Traité de Versailles eût
imposé à un grand peuple, avec la bénédiction de l’aveugle Clémenceau, des
clauses qui le ruinaient et conduisaient inévitablement à l’avènement d’Hitler.
Mais Cameluquet refuserait-il de célébrer la victoire sur l’Allemagne nazie,
pour ne pas faire de peine à Tatie Angela ?
En
vérité, c’est en pensant à la tristesse de ma maman, c’est en revoyant son
visage assombri par le chagrin, à chaque Noël familial, que je dis simplement ceci :
Nul n’est obligé d’obéir à un tel homme qui aime si peu sa patrie, au point de
l’accuser, partout où il le peut, et surtout, quand il le peut, en utilisant l’anglais
dans des instances où le français est pourtant reconnu comme langue officielle.
Hélas nous avons peu de moyen à notre disposition pour résister à la violence
de l’État mis en branle par un tel homme. Il nous reste la liberté de penser et
le refus définitif d’accorder la moindre importance, et bien entendu le moindre
suffrage à un Président disqualifié par son idéologie et la haine de sa propre
patrie. Votez aux élections européennes pour qui vous voulez à l’exception du
parti censé soutenir le « Président de la République », votez en
pensant au chagrin inextinguible d’une petite fille de huit ans dont le papa
est mort de ses blessures de guerre en combattant l’ennemi et qui, heureusement pour elle , a remis son âme à Dieu avant l’avènement de monsieur Macron.
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