Madame
Laurence ROSSIGNOL est un drôle d’oiseau. Elle est devenue socialiste après un
passage assez long par la Ligue communiste révolutionnaire. Il semble qu’elle
soit aujourd’hui quelque chose comme sénateur (très) socialiste, et que l’une de
ses activités principales en tant qu’ancien ministre des familles, de l’enfance
et du droit des femmes consiste à rendre inopérant et inutile l’existence du
susdit ministère. Il n’y a pas de meilleur moyen de défendre les enfants, en
effet, que de les empêcher de venir au monde, et, de son passage éclair à ce
ministère, elle aura arraché la possibilité d’élargir le délit d’entrave à l’avortement.
Mais cette activité hautement humanitaire ne lui suffit pas, et bien qu’elle
ait déserté les ors miteux des palais de la gueuse, toujours dans l’optique de
défendre la famille, l’enfance et les femmes, elle entend supprimer la clause
de conscience pour les médecins qui ne veulent point procéder à des
avortements.
En
vérité, je vois très bien madame ROSSIGNOL endosser le rôle qu’en son temps le
célèbre MILGRAM fit jouer à "l’expérimentateur", celui qui dans son
expérience jouait le rôle de représentant de l’autorité. Il convient de rappeler
ici en quoi consistait cette expérience. Des acteurs (appelés élèves) devaient
apprendre des listes de mots et les réciter par cœur à des "enseignants", des enseignants (il s’agissait
de volontaires, payés, qui croyaient participer à une expérience sur la
mémorisation et le rôle de la décharge électrique) devaient en effet les leur faire
répéter et leur envoyer à chaque erreur une décharge électrique de plus en plus
forte. Bien entendu, l’expérimentateur était dans la confidence, et les "élèves" devaient simuler des réactions de plus en plus violentes au fur et à mesure que
les décharges électriques étaient accrues. L’"expérimentateur" demandait aux "enseignants" avec insistance et autorité d’augmenter à chaque erreur la force de la décharge
électrique (jusqu’à 450 volts) et les "élèves" simulaient des douleurs de plus en
plus fortes, au point d’émettre des cris et de supplier qu’on arrêtât l’expérience.
Il s’est trouvé 65 % des "enseignants" pour obéir à l’ordre de l’"expérimentateur"et envoyer à plusieurs reprises des décharges de 450 volts aux "élèves".
L’expérience
avait pour but de prouver que les êtres humains ont tendance à obéir à des
ordres, fussent-ils immoraux, s’ils leur sont demandés, même sans contrainte.
Le
bel oiseau croit donc qu’il est possible de menacer des foudres de la loi ceux des médecins qui sont rebelles à ses ordres, en l’occurrence tuer un fœtus, et d'interdire qu’ils
opposent de la résistance. Il est intéressant de noter, pour autant qu’il m’en
souvienne, que ce fut un pasteur qui, en entendant la "plainte" d’un
élèves, refusa de poursuivre l’expérience au nom des exigences de sa conscience
et que ce fut le seul à les invoquer, même si d’autres "enseignants" arrêtèrent leur
participation avant d’atteindre les 450 volts fatidiques.
Nous
y sommes. Madame ROSSIGNOL croit qu’il est possible d’obliger des médecins à
pratiquer des avortements, c’est-à-dire à les faire condamner par la loi, non
pas à les pratiquer je pense, mais à payer d’une lourde amende leur refus.
Sombre
et sinistre oiseau, madame ROSSIGNOL. Et il est bien dommage que son patronyme
si beau soit associé à une initiative mortifère. Un jour pourrait bien venir
où, après avoir détruit l’héritage d’HIPPOCRATE, on le remplace par celui des
eugénistes nazis qui trouvèrent des complices complaisants pour éliminer
environ 20 000 handicapés lesquels faisaient vraiment désordre dans le beau théâtre des
vrais aryens. Il se trouva alors un évêque, Mgr Von GALLEN, pour s'opposer avec une incroyable audace à ces horreurs qui cessèrent après son intervention.
Quand
on entend chanter la ROSSIGNOL, il convient de se méfier. Car ce n’est pas,
comme dans la belle chanson, la brume qui monte du sol quand il module ses
trilles, ce sont les vapeurs de soufre qui s’échappent du cratère homicide que
l’on appelle le progrès.
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