samedi 13 octobre 2018

Samedi 13 octobre 2018. Défendre l'ordre symbolique contre tous les Askolovitch

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Pour comprendre les raisons de ce long billet, lisez pour commencer :
Ordre symbolique et loi Constitutive. Patrick JUIGNET. Psychisme, 2013

Pourquoi, allez-vous me dire, est-ce que je semble m’acharner contre ce journaliste que je considère comme un être misérable, au sens étymologique du terme, Claude ASKOLOVITCH. C’est que ce monsieur représente, à un niveau d’incandescence rarement atteint, ce qu’il y a de plus faux, de plus tordu chez ces faux sages, ces donneurs de leçon qui s’acharnent depuis des années à détruire l’ordre symbolique constitutif de l’humain.
Permettez-moi de diviser ce billet en trois parties la première et la dernière sont empruntées à Philippe MURAY, toujours lui, et la seconde à un résumé de l’article remarquable de Patrick JUIGNET, dont la référence figure en tête de ce très long billet. MURAY, hélas, n’est plus là pour dézinguer avec humour ces soixante-huitistes, comme il les appelait, qui continuent de pontifier sur des trône médiatiques miteux et vermoulus, maintenu en un état précaire par quelques milliardaires mondialisés qui ont encore besoin d’eux.

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POURQUOI J'AIME L'ESPRIT ET LE TRAVAIL DE MURAY.
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"Maintenant, il est tout de même certain que j’avais quelques dispositions au désaccord, que j’en ai sans doute toujours eu, ne serait-ce que par le goût  très prononcé que j’ai nourri assez tôt, et alors que la plupart des gens de ma génération lisaient du CAMUS ou du SARTRE, pour des écrivains comme CÉLINE, BLOY, PÉGUY ou BERNANOS. Il y avait là, m’a-t-il très vite semblé, tout un courant de littérature bien plus excitante et infiniment moins bien élevée que celle des bonnes consciences de la gauche, une véritable puissance d’altérité ou d’antagonisme, une concentration de violence, de beauté et d’hostilité, une mise en échec du programme social général, un creusement génial du désaccord, partout où ce creusement fait mal, et aussi un art de l’augmentation, du démesurage de toute chose que RABELAIS le premier avait mis en œuvre.  Un art très spécial de l’attaque ad hominem, également, et DIDEROT ne disait-il pas que toutes les billevesées métaphysique ne valent pas une bonne attaque ad hominem ? En bref, je me suis trouvé en parfait accord avec CICÉRON : « La retenue et la modération ne sont pas de mise dans une cause excellente » (Errat, qui temperentium, mediocritatem, modum denique desiderat in re optima). La suite ne devait-elle pas me donner raison ? Au tournant des années 80 (et pour prendre une date commode, après la chute du Mur), j’ai soudain retrouvé ce ton, ce son, cette brutalité face à un paysage social et humain qui se révélait soudain tout nouveau. La moralisation effrénée, le terrorisme de la Vertu, la foi intermittente dans le progrès, le repli sur des croyances préhistoriques irrationnelles (astrologie, etc.), la psalmodie des droits de l’homme et toutes les prières, les sanglots et les vœux pieux accompagnant la montée de ces éléments déchaînés m’ont conduit en 1991 à écrire L’Empire du Bien, dont l’incipit résume à mes yeux la nouvelle période : « Nous voilà donc atteint d’un Bien incurable. » Ce constat, depuis lors, n’a cessé de se vérifier et ses conséquences de s’amplifier. Treize ans plus tard, nous sommes toujours et plus que jamais ceux qui savent et disent et imposent le Bien. Plus que jamais, nous sommes incapables d’imaginer que ceux qui ne pensent pas comme nous (l’Autre islamique, par exemple, ou le peuple quand il vote « mal ») sont ailleurs que dans le Mal (et un Mal quasi-extra-terrestre). C’est une situation sans précédent du fait que cette illusion ambitionne de régner sur toute la planète, et que ce préjugé veut s’y appliquer comme étant le ce-qui-va-de-soi absolu et définitif dans les siècles des siècles (ce qui ne nous empêche pas de répéter dans le même élan que l’Histoire, c’est-à-dire la dialectique continue !). Les résistances que rencontrent cette illusion et ce préjugé ne sont donc plus que des scandales résiduels, des oppositions à liquider. C’est toute l’histoire sans fin de notre époque, où le Bien s’énonce et se dicte à la planète entière avec de plus en plus de brutalité dans quelque domaine que ce soit, depuis les lois répressives contre les plus petits soupçons de mauvaise pensée (de « phobies ») jusqu’aux croisades américaines de la Vertu-qui-se-venge (comme disait Zarathoustra : « Hélas ! que ce mot “vertu” est déplaisant quand il coule de leur bouche ! Et quand ils disent “Je suis juste”, cela sonne toujours comme : “Je suis vengé” ! »)."

In
Philippe MURAY.
Moderne contre moderne. Exorcismes spirituels IV. Essais. Quatrième tirage. Chapitre C’est le sans précédent qu’il faut écrire. (Page 310.)
Les Belles Lettres, Paris, 2010 (pour la présente édition).
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QUE DIT PATRTICK JUIGNET ?
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Patrick JUIGNET affirme et montre que l’ordre symbolique constitutif appartient à la nature humaine, n’est pas structuré par le langage, n’est pas normatif et n’est pas d’origine divine, c'est à dire dépendant d'une révélation extérieure à l'humain lui-même. Mais surtout, à la fin de son remarquable article, il énonce et commente à grands traits les caractéristiques essentielles de cet ordre que les imbéciles du Monde, de Libération ou du Nouvel Observateur s’efforcent de démolir avec obstination depuis des années, sans doute pour se venger de leur père, ce qui leur permet d’affirmer qu’ils sont justes alors qu’ils ne sont que vindicatifs.

 

Le premier principe : la prohibition de l'indifférenciation et la prescription de l'individuation.

JUIGNET insiste sur l’importance de la sexuation,

Le second principe : la limitation pulsionnelle et la prescription de  l'échange.

JUIGNET indique que l’interdit de l’inceste relève de ce principe. L’échange par ailleurs se fait entre TOUS les humains.

Le troisième principe : la prohibition de la violence et la prescription du respect d'autrui.

Ce principe prescrit de renoncer à la violence et reprend ce que ne fait que constater le Décalogue : Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne violeras pas.
Voici comment Philippe MURAY reprend à son compte, avec ce talent incomparable qui le fait reconnaître entre tous : (Ouvrage cité, chapitre Comment peut-on être pensant, pages 428-429.

"Il y a une nouvelle innocence, une nouvelle forme de candeur, une manière moderne de s’étonner que tout ne soit pas encore tout à fait moderne, complètement moderne, moderne à cent pour cent et plus si affinité.
Il y a une expression à cet étonnement. Elle consiste à tomber des nues, à chuter verbalement de l’armoire ou de tout ce qu’on voudra en entendant quelqu’un proférer encore l’un ou l’autre des mille jugements, sentiments ou façons de voir qui furent considérés comme des banalités de base pendant des siècles et des siècles. Et qui, pour l’étonné moderne, ne sont plus du tout des banalités de base mais des énormités, voire des abominations, au mieux des signes de confusion mentale. Ainsi commence le nouveau millénaire : par un renversement des étonnements.
[…] Et comment s’emmêlait-il les pinceaux dans des propos confus ? [MURAY parle d’un comédien interviewé par un grand quotidien national lequel en faisant le portrait de l’interviewé déclare qu’il « s’emmêlait les pinceaux dans des propos confus »]. En prétendant que, pour les enfants « deux mamans ce n’est pas possible, qu’il faut un père ».
En effet. On ne saurait davantage s’emmêler les pinceaux dans des propos confus qu’en répétant de ces truismes qui remontent à la plus haute Antiquité. Ce n’est d’ailleurs pas qu’il remonte à la plus haute Antiquité qui rend ce truisme plus respectable pour autant ; mais enfin, celui-ci a au moins pour lui les évidences de la Nature et les affirmations de la Bible. On peut être contre, bien sûr, contre la Nature ou contre la Bible, et même contre la Nature et la Bible en même temps, mais alors ça fait beaucoup. Et il y a aussi la psychanalyse, qui ne dit pas autre chose que la Nature ou la Bible quand elle parle d’ « ordre symbolique », c’est-à-dire du père et de la mère nécessaires. Mais l’étonné nouveau se moque éperdument de la Bible comme de la Nature et de la psychanalyse, ces machins obsolètes. Ou plutôt, il s’étonne que quiconque puisse encore y faire référence et même allusion. C’est qu’il n’est pas né d’hier l’étonné nouveau, il est né d’aujourd’hui ; et il ne comprend même plus ce qui s’est passé hier, ni ce qu’on y a pensé, ni qu’on ait pu y penser. Qu’on y ait pensé quelque chose d’autre que ce qu’il ne pense pas le jette dans des stupéfactions sincères. « Comment peut-on être pensant ? » […]."

En prétendant que l’initiative de monsieur JARDIN ― qui a réussi à faire interdire Médine au Bataclan, lieu où sa fille a été assassinée ― sue la haine, monsieur ASKOLOVITCH est moderne, hypermoderne, Il détruit les trois principes de l’ordre symbolique : la paternité, l’échange, la non-violence. C’est lui le violent, c’est lui l’ignoble. Et si j’ai pris un long détour pour arriver à cette conclusion, c’est simplement pour vos souligner (a) que MURAY aime les auteurs que je vous cite depuis des mois : BLOY, BERNANOS, PÉGUY, et aussi CÉLINE dont les ligues de vertus post-modernes ont réussi à faire interdire la réédition, (b) qu’il s’agit de résister à ces nouveaux barbares, qu’il s’agit de lutter pour maintenir l’ordre symbolique constitutif de l’humain. (c) Et qu’en faisant interdire MÉDINE au Bataclan, monsieur JARDIN a eu parfaitement raison au nom du PRINCIPE D’HUMANITÉ !

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